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12/03/2016

RENCONTRE AVEC DES MILITANTS DE L'ASSOCIATION CéLA DE BERGERAC

Fin novembre 2015, à l'initiative de ses 3 membres fondateurs, Bastien, Fred, Richard, l'association CéLA à Bergerac déposait ses statuts. Le 6 janvier 2016, avait lieu la première réunion publique. Comme l'expliquent Fred et Bastien qu'Art Péri' Cité a rencontrés, CéLA est conçue pour être une "pépinière d'associations" au sens où elle permet à des groupes de "se créer et d'agir en mode associatif sans avoir besoin de fonder de nouvelles associations. Et s'il le souhaite, un groupe peut à terme évoluer seul".
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Elle souhaite impulser une dynamique sur le Bergeracois afin de donner une suite à Alternatiba qui s'est déroulée fin septembre 2015. En effet, depuis cette date, les promoteurs de cette initiative ont constaté un réel besoin dans le domaine de la transition citoyenne et de l'échange des savoirs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'association a été nommée ainsi. Si l'on peut y voir l'abréviation de Citoyens Eclairés Localement Autonomes mais aussi une référence au "lieu où l'on peut trouver des informations pour avancer" notamment pour les personnes qui ont un mode de vie alternatif et qui se sentent un peu seuls, chacun peut y mettre ce qu'il veut, estiment Stéphanie, Fred et Bastien. 
 de gauche à droite : Bastien, Stéphanie et Fred
L'association, ouverte à tous, porte des valeurs de solidarité, de citoyenneté, de convivialité, d'écologie, de vivre ensemble, de rencontres, d'échanges inter-générationnels, de partage de compétences. Il s'agit de partager, de mutualiser des projets sans condition marchande ou, si besoin, avec le respect d'une éthique. Si l'association suppose un minimum d'éléments institutionnels (CA, AG, existence d'un président, d'un trésorier, d'un secrétaire), elle a la volonté très affirmée de travailler de façon horizontale. C'est "une association par et pour les adhérents", revendiquent ses fondateurs. Le souhait est de développer au maximum l'autonomie de chacun : chaque adhérent (sous réserve de payer une cotisation de 10 euros à l'année ou 1 euro à la semaine pour les visiteurs occasionnels) peut proposer de constituer un groupe mais à lui de gérer son organisation, explique Stéphanie, à l'origine du café associatif. L'esprit qui anime l'association  est d'inciter les gens à agir : "si tu veux faire quelque chose, fais-le et mieux faisons-le ensemble", précise-t-elle. Ce n'est pas le bureau, rebaptisé "CéLA neurones" qui va, de façon verticale, impulser les groupes d'action. Celui-ci doit simplement être informé et recevoir le compte-rendu de chaque réunion. Et le démarrage semble être fulgurant. En 2 mois, une dizaine de groupes se sont constitués. Un groupe "Jardins du bon sens" a choisi, plutôt que de créer un jardin partagé, des chantiers participatifs où chaque membre donne un coup de main dans le jardin des autres. Une ressourcerie créative est en cours d'élaboration. Un autre groupe travaille sur l'idée d'une monnaie locale tandis qu'un autre se concentre sur le domaine de la santé solidaire à l'égard des personnes les plus en difficulté. Un groupe "Vie de femmes" propose, tous les 15 jours, des cercles de parole pour évacuer les soucis d'un quotidien souvent bien chargé, comme un moment à soi pour prendre un peu de distance. Un groupe s'intéresse à l'éducation et pense créer un café des enfants pour les impliquer aussi et ne pas les laisser désoeuvrés quand les parents participent à des activités de l'association. Un groupe "communication" a pour objectif de structurer la communication interne et externe. Une web télé citoyenne a aussi vu le jour, "CéLA télé". Par exemple, le 5 mars au matin, raconte Stéphanie, avait lieu un tournage à Bergerac pour expliquer ce qu'était le café associatif https://www.youtube.com/watch?v=_o4Fa7qClm4&feature=youtu.be, autre groupe dont l'idée a été lancée dès la mi-janvier. 
Intérieur du café associatif en présence de Bastien et Fred
Une vidéo a été aussi tournée avec "Vie de femmes" en vue de la journée de la femme https://www.youtube.com/watch?v=TRbAwTOMxrg. L'objectif final est de créer un tiers-lieu, une coopérative d'initiatives locales, solidaires, citoyennes dans un esprit participatif et vers la transition, un peu dans la mouvance de la Coopérative Intégrale Catalane http://reporterre.net/Ni-capitalisme-ni-Etat-la-Cooperative-integrale-s-epanouit-a-Barcelone qui a d'ailleurs beaucoup inspiré les statuts de l'association bergeracoise, précise Fred. Un groupe à part entière s'est créé pour cela.

Un festival du 1er au 3 avril 2016
Avant de réaliser ce vaste projet, l'association s'est donnée un mois, une véritable gageure, pour organiser un festival qui la rende visible ainsi que toutes les associations oeuvrant dans le même esprit sur le territoire. Fred, le président de CéLA, nous a donné les grandes lignes de cette manifestation qui se déroulera sur 3 jours, du 1er au 3 avril, au Poney Club de Saint Sauveur. Celui-ci a gracieusement accepté de mettre à disposition ses locaux.
Le festival a, en outre, pour objet de mettre en synergie les différents groupes d'action qui auront tous un rôle à jouer pour la réussite de l'entreprise et qui aura pour effet de partager les responsabilités, note Fred. Ainsi, tout naturellement, le café associatif sera chargé de la logistique alimentaire tandis que le groupe "monnaie locale" travaillera sur une ticketerie qui sera valable après le festival au café associatif. Le 1er avril, de 10h à 17h, aura lieu un Petit Ramdam, une journée de réflexion sur les Tiers Lieux. En effet, si l'association va bénéficier d'un petit apport des recettes d'Alternatiba (132 euros), d'une subvention sollicitée auprès de la mairie de 150 euros pour payer l'assurance et des adhésions qui n'ont d'ailleurs pas été officiellement lancées, même si déjà une quarantaine de personnes ont spontanément apporté leur contribution financière, elle a obtenu une bourse de la Coopérative des Tiers Lieux d'Aquitaine http://coop.tierslieux.net/, un précieux soutien en termes de formation et de communication. Après cette journée de remue-méninges, le festival sera ouvert au public pour présenter l'association CéLA puis offrir pas moins de 4 concerts en soirée. Parmi les invités qui joueront gratuitement, Broken Biscuits, Purple Blues, Baz & Mechanics, des groupes que l'on a entendus au Lembarzique notamment. Le lendemain, un mini-forum social sera organisé sur la journée avec des conférences, ateliers sur la citoyenneté, l'autonomie, l'éco-construction, les éco-villages. La soirée sera animée par un DJ tandis que le samedi et le dimanche, des stands de restauration et des buvettes seront disponibles, une gratiferia et des ateliers pour les enfants seront accessibles. Le 3 avril, un troc de graines est prévu avec des conférences, ateliers sur la permaculture, la gestion de l'eau, la reforestation. Afin de planifier ces 3 jours, de grandes réunions sont organisées tous les mercredis à la Maison des associations qui met à disposition une salle pendant 2h.

Le café associatif
Le 38, rue Jean Nicot, à Bergerac accueille le café associatif "CéLA pour l'instant" à partir du 8 mars

Le café associatif, inauguré le 8 mars en présence de 20 adhérents et ouvert tous les jours du lundi au vendredi de 15h à 19h, palliera l'absence d'un local accessible aisément et sur une durée plus importante que 2h un mercredi par semaine. "Il manquait un lieu pour se retrouver, rencontrer des gens, partager des savoirs autrement que par facebook, un vrai lieu d'échanges", constate Stéphanie qui, avec son compagnon, proposera gratuitement pour le compte de CéLA, un espace vitré de sa propre maison qui, jusque là n'était pas optimisé et demeurait très encombré. Des bénévoles ont donc donné un coup de main pour déblayer le lieu. La maison était déjà très ouverte aux amis de passage accueillis chaleureusement par une maitresse de maison, cuisinière de profession, toujours prompte à proposer quelques gâteaux de sa confection. En l'ouvrant à un plus grand nombre, le café officialise une pratique qui existait déjà et réalise le rêve de sa propriétaire. Il accueillera des permanences tenues par deux bénévoles chaque après-midi jusqu'au 30 juin pour tester l'assiduité des adhérents et offrir un lieu de réunion, un "QG", "un point d'ancrage" afin de préparer le festival notamment.
Inauguration du café le 8 mars : les trois fondateurs coupent le ruban!
Crédit photo : Stéphanie Hohwald
Si Stéphanie reconnaît que le lieu n'est pas idéal, il reste transitoire, d'où son nom "CéLA pour l'instant" qui évoluera sûrement s'il s'installe dans un nouveau lieu. Il a l'avantage de ne pas générer des frais de fonctionnement ni d'être trop impressionnant pour les nouveaux-venus. L'expérience de Bastien, originaire d'Orléans où une ressourcerie installée temporairement dans la maison des associations avait impulsé une dynamique, occasion de trouver un lieu plus pérenne, donne confiance aux adhérents sur la possibilité d'un espace qui succèderait à celui du 38, rue Jean Nicot. Comme une mise en bouche, deux soirées ont déjà eu lieu au café en février (une soirée crêpes et une soirée cent, sens, sans Valentin) où l'autonomie des membres a pu être mesurée : afin de  limiter la vaisselle, chacun a apporté ses couverts, limitant le travail de ses hôtes. Le café ne vendra pas de nourriture mais uniquement des boissons. Les repas seront pris sous forme d'auberge espagnole. Parce que l'espace est réduit, il n'accueillera pas de spectacles mais des ateliers à l'initiative de ses membres. Ainsi, la quinzaine de membres du café a pensé à des ateliers pour apprendre à masser sur chaise, à faire de la cuisine sans gluten, à réparer des petits appareils ou recycler les publicités que l'on trouve dans les boîtes aux lettres. Pour mener à bien ce projet, les membres du café associatif auront bénéficié des conseils avertis du café associatif de Mussidan, le Bar' Bouilleur.
 
Si l'esprit de l'association est proche de Colibris par les initiatives concrètes qu'il souhaite développer et par une volonté très forte de structurer les actions et les réunions, toutes l'objet d'un compte-rendu et d'une gestion rigoureuse du temps, il s'en démarque par une autonomie revendiquée, une indépendance vis-à-vis de toute structure supérieure. L'association compte davantage sur les propositions de ses adhérents plutôt que sur celles transmises de façon verticale qu'il s'agirait uniquement de mettre en oeuvre. Travailler de façon horizontale, c'est aussi se mettre en lien avec les associations locales pour créer un projet de territoire, dont la première étape passera par le festival d'avril dont nous vous reparlerons bien sûr.

Retrouvez toutes les infos sur le nouveau site Internet de CéLA : http://cela.site/ 

Texte et photos : Laura Sansot

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