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26/03/2016

PREMIERE DE "COUPE-CHOUX" A CHANTERAC

Le 12 mars 2016, après son assemblée générale qui rassemblait une soixantaine de personnes, le CRAC de Saint Astier proposait la première du groupe Coupe-Choux, ainsi nommé en référence à Par hasard et pas rasé, une chanson de Serge Gainsbourg de 1973.
Le concert était présenté par sa directrice Agnès Garcenot.
Celui-ci vient de sortir un album "Petits riens", un hommage à l'homme à la tête de choux dont on a commémoré le 2 mars les 25 ans de sa mort.

Nicolas Lescombe raconte qu'il a vraiment découvert l'homme à la tête de choux il y a 4 ou 5 ans. Il s'est mis à fredonner quelques-unes de ses chansons en s'accompagnant d'un ukulélé dont il joue depuis 7 ou 8 ans. Même si c'est la première fois qu'il chante seul sur scène, il n'en est pas pour autant à sa première expérience musicale. Il a été pendant 8 ans un chef d'orchestre très actif au sein du JOSEM (Jeune Orchestre Symphonique de l'Entre-Deux-Mers) http://www.josem.org/, fait partie du groupe Sans Additif http://sansadditif.com/, un duo de chansons françaises, et de la Compagnie Mohein http://ciemohein.jimdo.com/ où il a été clarinettiste depuis 10 ans.
 
Bref, il fait de la musique depuis une vingtaine d'années et s'est entouré pour ce projet de talentueux musiciens. Loïc Le Guillanton qui a notamment collaboré à Rue de la Muette, joué et dirigé l'Orchestre des Héros Multicartes jusqu'en 2002, a créé le groupe Gadjé, collabore à Zum Trio et au Concert-Lecture http://loicleguillanton.wix.com/le-concert-lecture a montré toute sa virtuosité de guitariste durant ce concert.
Fred Gallot, à la contrebasse, a fait partie pendant plus de 10 ans des Rageous Gratoons, est un musicien de La Réplik, Aspo et collabore à La Compagnie Mohein.
L'album a été enregistré pendant 2 jours en octobre 2015 sur l'Ile d'Oléron, mixé par Eddy Da Costa. Il en est sorti 9 chansons de Gainsbourg. La sélection a été rude quand on sait que l'auteur a écrit près de 500 chansons. Le choix  a été fait de privilégier celles plutôt anciennes, de la fin des années 1950 et des années 1960, à l'époque où il écrivait pour les autres, voire des années 1970 (L'hippopodame et SS en Uruguay). D'ailleurs, les premières chansons du concert dataient de son 1er album de 1958 (Douze belles dans la peau, Jeunes femmes et vieux Messieurs) comme celles entendues plus tard, Mes illusions donnent sur la cour ou celle plus connue La femme dans le corps des autres. Si l'album faisait la part belle aux chansons des années 1960, le concert était plus éclectique.
Il s'agissait de reprendre en intégralité les textes des chansons de Gainsbourg, en gardant la même mélodie. C'était le cas y compris des Sucettes dont elle semblait à la première écoute bien différente, tant la longue et très belle introduction instrumentale laissait peu présager les paroles de la célèbre chanson, même si subtilement et progressivement, par quelques notes à la guitare soutenues par une contrebasse de plus en plus imposante, le thème musical se faisait jour. Sur cette même chanson, une fois la partie chantée lancée, la guitare, la contrebasse et le ukulélé s'emballaient lui donnant des accents nomades, rythmés et colorés, et rendant même la voix de Nicolas Lescombe plus forte et plus profonde.
C'était l'originalité de ce projet que de revisiter quelques chansons de Gainsbourg en y mêlant les diverses influences des musiciens et notamment celles venues des pays de l'Est à travers la Compagnie Mohein dont deux d'entre eux étaient membres. Pour Elaeudanla téitéia, la musique galopante, aux rythmes proches du flamenco, semblait presque concurrencer les paroles. Elle se démarquait des rythmes jazzy du fumeur de gitane qui accompagnaient, semblait-il, plus discrètement le texte que la version de Coupe-Choux mais dont on appréciait le caractère plus joyeux. Le chanteur interprétait, de plus en plus pénétré, L'hippopodame que venaient conclure quelques notes de clarinette. Le côté exotique de SS en Uruguay était accentué par une sorte de guiro tandis que le ukulélé et la guitare semblaient nous transporter dans les îles. On retrouvait la mélancolie de Ces petits riens, titre éponyme de l'album, dans la version de Coupe-Choux où la guitare seule accompagnatrice donnait toute sa force aux paroles ou bien le côté ouest américain du peu connu Un Violon, un jambon. L'herbe tendre prenait des accents de jazz manouche entraînants. Si le groupe interprétait à sa manière des standards de "l'homme pas rasé" comme La Javanaise ou Les sucettes, il est allé rechercher des chansons moins connues, permettant une redécouverte d'une toute petite partie de son oeuvre prolifique.
Pour donner une touche encore plus personnelle, Nicolas Lescombe a écrit lui-même une chanson à la manière de Gainsbourg qu'il aurait difficilement pu écrire, et pour cause : I phone man. Prenant des intonations à la Gainsbarre avec cette manière toute particulière de s'alanguir sur les mots pour mieux les faire éclater, il était accompagné de Loïc Le Guillanton qui avait troqué sa guitare pour un mbira ou une sanza donnant des accents africains, langoureux à cette chanson étonnante et unique.
Ainsi, imaginant comment cet homme épris de liberté et iconoclaste aurait pu percevoir ce nouvel outil technologique, rappelant  en cela le titre de Morice Benin Dieu du portable http://www.dailymotion.com/video/xwv6u1_dieu-du-portable_music, il chantait notamment : "tu es pendu à ton téléphone même s'il n'a pas de fil, tu es vendu à des boîtes de Télécom, même si la vie n'a pas de prix, et quand tu choisis de filmer ou de prendre en photo, plutôt que de respirer, ah, I phone man, tu laisses s'encoder des moments de ta vie dans un format pourri, le présent, tu l'oublies, difficile à saisir ce cadeau de la vie... ".  
La Javanaise était le bis du concert mêlant avec originalité clarinette, entre les morceaux chantés, guitare et contrebasse. Le public reprenait le refrain avec entrain et applaudissait avec enthousiasme ce concert clôturé par un trio de ukulélés, comme un avant-goût de l'ensemble Uku Rebel Sun Song qui se produirait dans le cadre du festival de la Vallée en mai. http://www.lavallee.info/#
Ce concert a donné lieu à une quinzaine de chansons à l'origine assez courtes dont les parties instrumentales allongeaient la durée et surtout constituaient l'originalité de ces reprises. Il ne manquera plus qu'un travail sur la mise en scène (objet notamment d'une résidence le mois suivant) et l'emploi d'un technicien au son prévus pour les prochains concerts. Si ces éléments doivent étoffer la prestation, Nicolas Lescombe souhaite conserver l'aspect minimaliste de la technique afin de pouvoir la déplacer partout, à la rencontre des publics les plus divers. Il dit aimer cette forme où les musiciens touchent presque physiquement le public pour mieux partager les chansons de cet musicien et poète maudit hors du commun.

Toute l'actualité de Coupe-Choux sur : https://www.facebook.com/triocoupechoux/?fref=ts

Texte et photos : Laura Sansot

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