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10/05/2016

GUYOM TOUSEUL EN CONCERT AU QUAI

Le 30 avril, le musicien et guitariste Guyom Touseul était l'invité du Quai, à Périgueux. Convié le mois précédent au café des Thétards, dans la même ville, il avait laissé visiblement quelques bons souvenirs puisque des fans avaient refait le déplacement et fredonnaient ses refrains.

Guyom Touseul pratique la musique et compose depuis des années. Il a bien tenté de faire un métier "sérieux" (architecte) mais la scène l'a vite rattrapé. Depuis 3 ans environ, ce Parisien devenu Bordelais tente de vivre de sa profession d'artiste, grâce au régime de l'intermittence, et s'est installé un an après en Corrèze. De là, il part régulièrement en concert dans les départements du Sud voire en montant plus au Nord, comme à Paris. Il se produit dans de petits lieux où il apprécie la proximité avec le public mais a pu faire des grandes scènes et la première partie de Camping de Luxe, un projet commun des Hurlements d'Léo (qui seront bientôt en concert à Périgueux) et des Fils de Teupuh. Il a aussi partagé la scène avec Sanseverino, les Soeurs Moustache...
Ce qu'il souhaite : être le plus sincère possible, chanter ce qu'il ressent. Et ce qu'il exprime, c'est sa vision du monde : ses chansons disent sa proximité avec le peuple qui souffre et se bat contre le monde bourgeois, d'où la définition de ses chansons : "impliquées et pas compliquées". Il ne se contente pas de chanter, il s'engage aussi : il a participé à plusieurs Alternatiba, a fait partie du collectif de soutien à Notre-Dame des Landes à Bordeaux, aux Amis de la Terre de Gironde. Il était présent aux 20 ans du Droit Au Logement (DAL), a pris sa guitare pour plusieurs concerts de soutien aux sans-papiers, à la Fête de l'Huma, a participé à des manifestations contre le nucléaire. Nécessairement, il fait le constat d'un monde qui va mal. Cela le rend "pessimiste" :"je ne pense pas que les choses s'améliorent", confie-t-il. Toutefois, il se définit comme un "pessimiste combattif".  Sur son site, il a d'ailleurs écrit récemment : "ça va mal, donc, il y a plein de choses à faire". Cet engagement dans le monde associatif va de pair avec ses choix de lieux de concert. Se produire aux Thétards ou au Quai marque son attachement à des lieux qui défendent une certaine idée de la culture.

Pour ce concert sans bis car il dit ne pas aimer cela, il a proposé à son auditoire attentif et prêt à reprendre ses chansons, une dizaine de titres extraits des 3 EP qu'il proposait à la vente :  J'voudrais qu'ça pète paru en 2014,  

Principe actif , sorti en 2013


et Couenne de vie, un EP qu'il a sorti en 2012, en collaboration avec son ancien groupe les Jambons volants où pas moins de 6 musiciens intervenaient.
En guise d'introduction, le chanteur entonnait Les dépossédés, un bel hommage à ceux que la société laisse de côté, "les sans adresse", "les sans limite", "les sans papiers", "les sans logique, pas adaptés à tout ce cirque, ceux qui répondent à côté", "les sans avenir", "les sans grade", "les tant pis, les trop tard", "les pas bien finis"...mais qui ont tous le même souhait : "on a envie de vous rencontrer", comme un appel à une communion du peuple, rappelant aussi que la relégation n'empêche pas d'être profondément en lien avec la vie : "on est en vie, on est en vrai" et qui a fait dire au chanteur après ce premier titre que "tout ne va pas si mal, en fin de compte". Cette même idée de partage, on la retrouvait dans la chanson suivante Les commentaires avec une interrogation sur la manière de "crier notre colère", histoire de donner un sens à "notre passage sur terre", qu'"on ne le vive pas comme un enfer" avec cet espoir que "le peuple de gauche" se lève.
Parmi ces gens de gauche, beaucoup se retrouvent dans "un pays merveilleux", tel que Guyom Touseul a présenté la chanson avant de l'interpréter, celui du Zadistan où tout le monde s'appele Camille, un prénom que les hommes et les femmes peuvent s'arroger face aux journalistes toujours en quête de nouveaux leaders médiatiques. Une chanson entraînante invitant à être tous des Camille et incitant les politiques et financiers évoqués par leurs petits noms et allègrement moqués à "laisser tranquilles les gens de Notre-Dame des Landes" sous peine d'avoir "le bazar", occasion aussi d'évoquer ces ZAD (Zone à défendre), lieux riches de nouveaux modes de vie. Dans ce souci d'inventer un autre monde, Guyom Touseul s'est interrogé dans un autre titre sur la question du travail et de son utilité qui résonnait avec une chanson où "les cigales dans la fourmilière" le faisait "espérer". Il le fallait bien car la réalité n'était pas rose comme pour cette femme qui n'"aurait pas dû [se] retrouver là dans ce braquage à main armé" mais sa "nouvelle maison, c'est chic, c'est à Versailles, chez les bourgeois, y'a des barreaux, y'a des portiques, y'a des maton qui rentrent chez [elle]" tandis que "les cause toujournaleux" se repaissaient des moindres faits divers que dénonçait le musicien dans Jolis contes. Une chanson d'amour, récemment écrite et la seule du concert, venait apporter un peu de douceur face à l'âpreté du monde précédemment décrite tandis que les deux dernières chansons du concert, l'une un peu mélancolique accompagnée du bouzouki,
intitulé Le temps qui passe, était contrebalancée par une autre plus joyeuse, Allez, invitant au changement.

Affublé de son chapeau lui donnant des airs de troubadour et dont il ne se sépare pas sans créer quelques rébellions capillaires,
parfois causées par un présentateur facétieux mais tout à fait bienveillant voire laudateur,
Guyom Touseul a ce mélange de modestie sur scène et de force de conviction que lui inspirent les textes de ses chansons. Si les couplets sont souvent denses, les refrains, simples à retenir, viennent condenser la pensée d'un musicien qui ne semble jamais en reste pour exprimer tout ce qu'il a à dire sur le monde et cette "société qu'est toute pourrie" (Les commentaires). Ces chansons sont "plutôt un peu tristes", admet-il face à son public car il "ne fai[t] pas beaucoup dans le festif".
Cependant, derrière cet arrière-fond plutôt sombre, il y a quelques pointes d'humour mais aussi l'énergie de se battre et l'espoir d'un monde meilleur que viennent traduire des accents parfois rageurs de guitare. Pour aller plus loin, Guyom Touseul songe à un futur album où il pense s'entourer d'amis musiciens et finalement renouer avec l'époque où il n'était pas seul sur scène et s'entouraient de clarinettiste, accordéoniste, saxophoniste, pianiste et violoncelliste. Comme quoi dans la lutte comme sur scène, il est toujours bon d'être ensemble!
Pour ceux qui ne l'ont pas encore entendu en concert, vous pourrez le retrouver à nouveau à Périgueux au café des Thétards le 10 juin prochain.

Retrouvez l'actualité de Guyom Touseul sur son site http://guyom-touseul.com/index.php et sur facebook : https://www.facebook.com/guyom.touseul

Texte et photos : Laura Sansot

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