Le 7 avril 2016, le comité
Dordogne-Palestine invitait à une rencontre-débat à la salle du Conseil
Municipal de Boulazac avec l'ambassadeur et chef de la mission de
Palestine en France nouvellement nommé, Salman El Herfi.
photo extraite de : http://www.palestine-diplo.com/spip.php?article1169
Pour des raisons de santé, celui-ci n'a pas pu faire le déplacement
mais son premier conseiller, Nasser Jadallah, l'a représenté, accompagné
de Khaled Jadallah, chargé de mission à l'Unesco, qui a assuré la
traduction. La Palestine est membre à part entière de l'Unesco depuis octobre 2011.
à gauche, Khaled Jadallah et à droite Nasser Jadallah
Le matin, les deux hommes se sont rendus à Bergerac puis ont fait halte à Coulounieix-Chamiers où a été inaugurée le 27 juin 2015, en présence du chef de cabinet de l'ambassadeur de la Palestine de l'époque, une plaque en l'honneur de Marwan Barghouti. Il s'agit d'un député palestinien de 56 ans élu en 1996 et 2006, emprisonné depuis 2002 au Nord de Tel-Aviv, membre du comité central du Fatah, considéré souvent comme le "Mandela palestinien". Puis, ils ont été accueillis, toujours accompagnés de Violette Folgado, la présidente du comité Dordogne-Palestine, par le maire de Trélissac qui a rappelé que sa commune ainsi que celles de Boulazac et Coulounieix-Chamiers avaient élevé Marwan Barghouti comme citoyen d'honneur. https://www.facebook.com/villedetrelissac/
En
soirée, à partir de 18h30, un pot amical était proposé autour de ces
invités pour rencontrer toutes les organisations du Collectif 24 pour
une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Puis la conférence a débuté, précédée des allocutions des maires des différentes communes.
Jacques Auzou dont la commune accueillait la manifestation a pris la parole en premier évoquant "un combat pas facile mais juste", s'est étonné que l'on souhaite l'auto-détermination des peuples tout en empêchant que l'un de ceux-ci puisse avoir ses propres frontières sans tutelle aucune. Il a fait allusion à la comparution en référé de son homologue de Coulounieix-Chamiers, Jean-Pierre Roussarie, "injustement poursuivi", a-t-il déclaré, suite à une plainte de la Licra, "une association qui se dit antiraciste". Il a aussi annoncé l'opportunité d'un jumelage avec une ville ou un camp de Palestine envisageable à l'échelon de la Dordogne : les 3 communes du Grand Périgueux visitées ce jour-là ainsi Bergerac dont "le maire n'a pas fermé la porte". Le président de la Communauté de communes a affirmé : "on est dans la vigilance au-delà de la sympathie". Pour lui, ce jumelage fait partie "des gestes" qui, "au-delà des différences, est quelque chose qui nous rassemble". "C'est la justice et celle-ci veut que le peuple palestinien ait son Etat reconnu", a-t-il conclu.
Brigitte Allain, députée d'Europe Ecologie Les Verts de la 2è circonscription de la Dordogne, s'est ensuite exprimée. Très honorée d'avoir été invitée, elle a estimé ce jumelage comme "un geste fort" si 4 communes du département s'y associaient et a affirmé son soutien. Pour preuve de son attachement à la lutte du peuple palestinien pour la reconnaissance de son Etat, elle a rappelé qu'elle avait, avec son groupe écologiste à l'Assemblée Nationale, fait une proposition de résolution visant à la reconnaissance de l'Etat palestinien aux côtés de l'Etat israélien, en novembre 2014. http://brigitteallain.eelv.fr/la-reconnaissance-de-letat-palestinien-est-devenue-un-prealable-a-la-paix/
Brigitte Allain, députée d'Europe Ecologie Les Verts de la 2è circonscription de la Dordogne, s'est ensuite exprimée. Très honorée d'avoir été invitée, elle a estimé ce jumelage comme "un geste fort" si 4 communes du département s'y associaient et a affirmé son soutien. Pour preuve de son attachement à la lutte du peuple palestinien pour la reconnaissance de son Etat, elle a rappelé qu'elle avait, avec son groupe écologiste à l'Assemblée Nationale, fait une proposition de résolution visant à la reconnaissance de l'Etat palestinien aux côtés de l'Etat israélien, en novembre 2014. http://brigitteallain.eelv.fr/la-reconnaissance-de-letat-palestinien-est-devenue-un-prealable-a-la-paix/
Aujourd'hui, elle constate que l'aggravation de la situation au Moyen-Orient rend la lutte en faveur d'un Etat palestinien encore plus difficile. Elle contribue au fait qu'il n'y ait pas la paix dans cette région, comme l'illustre l'attitude de la Licra, "association qui défend les droits humains", a-t-elle souligné. Elle a dit ne pas comprendre ce qui s'était passé. On a présenté Marwad Barghouti comme un antisémite alors qu'il ne l'est pas. Lorsque la Licra lui a proposé de renouveler son adhésion, elle n'a pas répondu mais, relancée, elle a décidé d'écrire une lettre à l'association pour expliquer pourquoi elle ne renouvellerait pas son adhésion. Elle en a remis une copie solennellement à la présidente du comité Dordogne-Palestine.
Le maire de Coulounieix-Chamiers a lui aussi remercié les organisateurs
pour le maintien de cette rencontre et a rappelé que la fameuse plaque
était toujours en place et jamais souillée. C'était une modeste
contribution à la paix. Chaque peuple avait droit à un territoire. Il a
estimé : "votre combat est juste, noble, c'est le combat de la paix".
Violette Folgado s'est longuement exprimé. Après avoir transmis ses voeux de prompt rétablissement, elle a dit tout l'honneur de recevoir une personnalité en lutte pour la reconnaissance de son Etat. Elle espérait que la banderole qui existait depuis 5 ans présentant la Palestine comme le 194è Etat reconnu par les Nations Unies devienne une réalité acceptée par Israël. Or, la Palestine se voyait exclue par Israël du respect des règles internationales. Les attentats récents avaient des répercussions sur la lutte des Palestiniens en faveur de l'auto-détermination.
Elle a ensuite abordé la question du boycott qui avait permis à l'Afrique du Sud de se libérer de l'apartheid. Elle a rappelé à l'adresse du Premier Ministre, Valls, que l'antisionisme n'était pas l'antisémitisme. Elle s'est insurgée contre le voeu adopté le 16 février 2016 au Conseil de Paris, du fait du soutien du PS et des Républicains (les Verts et le PC ayant voté contre), condamnant le boycott d'Israël organisé par le collectif BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanction). http://www.france-palestine.org/Le-Conseil-de-Paris-condamne-le-boycott-d-Israel-une-atteinte-a-la-liberte-d C'était pour elle" un coup porté au combat pour la paix" alors que de nombreux rapports dénonçaient les effets désastreux de la colonisation. Elle a fait allusion à la rencontre prochaine (15 avril) du président de l'Autorité Palestinienne avec François Hollande. La France souhaite, en effet, réunir un large groupe de soutien international pour relancer les négociations dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Selon elle, il y a peut-être un espoir à condition que l'opinion publique s'empare de la question et ne laisse pas les Etats s'arranger entre eux. Il faut que la colonisation cesse et qu'un Etat voie le jour. Depuis le 1er octobre 2015, une vague de violences a déferlé en Palestine faisant au moins 200 morts du côté palestinien. Quant à l'Unicef, elle dénonce les mauvais traitements que subissent les enfants palestiniens presque systématiquement lors des arrestations, interrogatoires, détentions. Elle a évoqué l'assassinat le jour même d'un jeune palestinien par un soldat d'Hébron qui avait la bi-nationalité (dont la nationalité française) et la nécessité de demander des comptes. Au 1er février 2016, le nombre de prisonniers palestiniens était de 7000 sur une population de 4 millions d'habitants dont 406 enfants ou jeunes de moins de 18 ans. http://www.ciip.fr/spip.php?article913 On comptait aussi 6 députés dont Marwan Barghouti, leader des Forces Politiques Palestiniennes, dont la faute était d'être "un résistant infatigable" et en faveur duquel Violette Folgado a souhaité que l'on poursuive la mobilisation. Elle a rappelé le soutien que le comité avait apporté au maire au moment de l'inauguration de la plaque. Finalement, l'association qui avait porté plainte a été déboutée. La présidente a évoqué aussi le fait que la Palestine soit devenu membre (123è Etat) de la cour pénale internationale (entrée en fonction en 2002) en janvier 2015, ce qui avait suscité l'indignation d'Israël : Netanyahou a parlé d'un "choix politique, cynique et hypocrite", a expliqué Violette Folgado. En effet, Palestine peut désormais demander à faire juger des dirigeants israéliens pour crime de guerre, crime contre l'humanité, génocide. La présidente a conclu son discours en présentant son association créée en 2002 et oeuvrant en faveur de ce peuple, de son auto-détermination, de sa liberté, de son droit au retour de ses réfugiés...Les actions étaient nombreuses et le comité était devenu une référence sur le département. "Ensemble, poursuivons ce combat qui porte haut les couleurs de la solidarité, bienvenu au peuple palestinien dans ce département de résistance et d'accueil", s'est-elle exclamée.
Après ces différentes interventions, les deux invités se sont brièvement exprimés. Le conseiller de l'ambassadeur a particulièrement remercié les maires et l'association pour leur accueil chaleureux et leur soutien en faveur du peuple palestinien. Il a été question d'un "grand jour", d'un "grand effet sur le peuple", tout comme la proposition d'aller visiter Mawan Barghouti dans sa cellule, "une manière d'aller visiter la justice" et de résister. "Ce genre d'initiative est ce qui permet de continuer la lutte, de résister, c'est touchant". Le jumelage a été considéré comme "une forme de résistance". Ces rencontres leur permettait de mesurer que la communauté internationale était avec eux. Dans un contexte où "le gouvernement israélien appliqu[ait] une grande oppression" à l'encontre du peuple palestinien et "fai[sai]t échouer toute les tentatives pour créer deux Etats, toute forme de solidarité [étai]t un message". Le conseiller de l'ambassadeur a affirmé que la Mission de Palestine en France ferait tout pour faciliter les initiatives en faveur de son peuple et s'est exprimé en français : "merci pour votre soutien et votre solidarité".
Le chargé de mission, Khaled Jadallah a fait état de la situation : une population très pauvre dont la moitié a moins de 18 ans. Les droits humains et ceux des enfants ne sont pas respectés. En 2015, c'est 2179 enfants entre 11 et 18 ans qui auraient été emprisonnés, sans compter les 32 enfants martyrs en Cisjordanie, les 1109 enfants contraints d'émigrer. En 2014, des soldats israéliens auraient attaqué 72 écoles. Dans ces conditions, le soutien français était important car c'était l'avenir de la Palestine que l'on attaquait. Sur ce constat alarmant, le débat avec la salle était ouvert et donnait lieu à de nombreuses réponses aux questions du public.
Le jeune homme a confirmé que le soutien populaire, animé d'un souci de justice, était général en Europe, notamment dans les pays scandinaves, grâce à une information qui circulait mieux. Quant aux jeunes Palestiniens, contrairement à de jeunes Européens, ils ne s'engageaient pas pour Daesh, ayant eux-mêmes leur propre cause et dotés d'un niveau d'éducation et d'une maturité politique élevés qui les rendaient moins perméables à la manipulation. Le premier conseiller a assuré, grâce à des sources sûres (renseignements généraux palestiniens), qu'aucun Palestinien n'était un combattant de Daesh. Khaled a reconnu ne pas avoir donné de chiffres sur Gaza, ceux-ci étant très difficiles à recueillir. Peut-être y avait-il eu plus que les 1700 enfants morts annoncés lors de la dernière guerre? Il a été question d'un projet d'émission le dimanche à Radio Libre en Périgord en lien avec Radio Gaza et les étudiants de l'université afin d'aider à la compréhension de ce qu'il se passait là-bas. La Mission de Palestine travaille avec l'Union Générale des étudiants Palestiniens, souhaite recenser un maximum d'initiatives qui se déroulent sur le territoire français, comme celles de Dordogne. Violette Folgado a rappelé les différentes actions du département dont la diffusion de la brochure BDS http://www.bdsfrance.org/, l'invitation lors de la dernière AG du comité de Mustafa Muhammad, urbaniste de Jérusalem-Est, un partenariat avec des associations de paysans palestiniens, un lien avec la plate-forme pour la Palestine http://www.plateforme-palestine.org/.
Une question a concerné l'initiative française de réunir un vaste groupe pour relancer les négociations, considérée par la Mission comme un" grand jour" et qui marquait une différence avec les initiatives prises par les Etats-Unis, alliés inconditionnels d'Israël. Le premier conseiller a déclaré : "nous avons confiance dans la France, dans sa position historique, sa volonté de trouver une solution juste". Il a poursuivi : "nous avons eu la promesse que, quelque soit la conclusion de la conférence, la France reconnaîtrait La Palestine, ce qui est un grand pas, même si idéalement, il faudrait que les résolutions soient appliquées". Dans le cadre d'un "combat d'occupant et d'occupé", où Israël a l'avantage économique et politique, où dès le lendemain des résolutions prises, elle ne les respecte pas, la Palestine ne fait que "gérer la crise" et c'est donc "le soutien international qui compte", a expliqué le premier conseiller. Il a été précisé aussi que la situation en Irak et Syrie avait pour effet de déstabiliser toute la région et les Etats-Unis n'étaient pas pour rien dans cette anarchie qui leur permettrait de redessiner la carte comme bon leur semblait. La Palestine fait partie de la carte et de leurs plans. Quant au gouvernement israélien, il instrumentalise la situation en sa faveur pour criminaliser la lutte des Palestiniens. Ces deniers, a rapporté Khaled Jadallah, multiplient les efforts pour faire face au blocus terrestre, maritime et aérien à Gaza qui a des effets sur l'eau et l'électricité : recyclage des déchets, désalinisation de l'eau de mer, utilisation de l'énergie solaire. Un Israélien dispose d'une quantité d''eau en moyenne 50 fois supérieure à celle d'un Palestinien. Les Israéliens bloquent les recettes fiscales collectées au profit de l'Autorité Palestinienne comme bon leur semble. "De l'apartheid", selon Violette Folgado. D'ailleurs, Khaled Jadallah a expliqué que face à cela, le boycott encouragé par la campagne BDS a un réel effet, comme il l'a eu en Afrique du Sud. Pour preuve, l'investissement financier d'Israël pour combattre cette initiative. Violette Folgado a cité des noms d'entreprises israéliennes (Jaffa, Jafaden, Teva...) ou qui coopéraient avec le gouvernement (Orange, Véolia...). Pour le chargé de mission, cette campagne est une fusée à trois étages qui permet d'attaquer Israël par l'économie, outre la politique et la solidarité. Cette initiative ne suppose pas la lutte armée mais empêche que les productions réalisées sur des terres volées profitent à Israël. Il estime aussi la nécessité que l'Union Européenne sanctionne Israël dans le cadre de l'Accord d'association entré en vigueur en 2000 qui les lie. En effet, l'article 2 stipule que "les relations avec les parties devraient s'appuyer sur le respect des droits de l'homme".
Le débat a ensuite porté sur le travail des ONG et leur utilité face aux droits bafoués. Violette Foldago a rappelé les rapports accablants qu'elles produisaient. Les intervenants ont insisté sur l'importance des informations qu'elles transmettaient au monde sur la situation en Palestine qui ferait que "tôt ou tard les dirigeants devr[aient] répondre de leurs crimes auprès de la Cour Pénale Internationale". Brigitte Allain a évoqué sa position de membre du Conseil de l'Europe (regroupant 47 pays) soulignant que lorsque cette institution votait une résolution, cela avait nécessairement un effet, même s'il fallait compter un délai pour que les gouvernements des pays les entérinent. Pour elle, tandis que les armes parlaient en Palestine dans un contexte d'occupation, nous Européens devions faire parler la diplomatie jusqu'à ce que les droits des palestiniens soient respectés. Un membre du public a déploré que les aides apportées par les ONG à l'origine d'installations d'infrastructures en Palestine soient souvent et rapidement détruites par les Israéliens, comme l'aéroport de Gaza, financé par des fonds européens. Il fallait demander des comptes à Israël en faisant pression sur nos gouvernements.
Violette Folgado a clôturé la soirée en évoquant les prochaines actions comme le Printemps du Proche-Orient et espérait que Khaled Jadallah, chargé de mission à l'Unesco, inciterait l'ambassadeur de Palestine auprès de cette institution à venir en Dordogne.
Le public pouvait ensuite partager un verre et acheter ou consulter livres ou produits en lien avec la Palestine.
Site du comité Dordogne-Palestine : http://www.dordogne-palestine.fr/
Texte et photos : Laura Sansot
Violette Folgado s'est longuement exprimé. Après avoir transmis ses voeux de prompt rétablissement, elle a dit tout l'honneur de recevoir une personnalité en lutte pour la reconnaissance de son Etat. Elle espérait que la banderole qui existait depuis 5 ans présentant la Palestine comme le 194è Etat reconnu par les Nations Unies devienne une réalité acceptée par Israël. Or, la Palestine se voyait exclue par Israël du respect des règles internationales. Les attentats récents avaient des répercussions sur la lutte des Palestiniens en faveur de l'auto-détermination.
Après ces différentes interventions, les deux invités se sont brièvement exprimés. Le conseiller de l'ambassadeur a particulièrement remercié les maires et l'association pour leur accueil chaleureux et leur soutien en faveur du peuple palestinien. Il a été question d'un "grand jour", d'un "grand effet sur le peuple", tout comme la proposition d'aller visiter Mawan Barghouti dans sa cellule, "une manière d'aller visiter la justice" et de résister. "Ce genre d'initiative est ce qui permet de continuer la lutte, de résister, c'est touchant". Le jumelage a été considéré comme "une forme de résistance". Ces rencontres leur permettait de mesurer que la communauté internationale était avec eux. Dans un contexte où "le gouvernement israélien appliqu[ait] une grande oppression" à l'encontre du peuple palestinien et "fai[sai]t échouer toute les tentatives pour créer deux Etats, toute forme de solidarité [étai]t un message". Le conseiller de l'ambassadeur a affirmé que la Mission de Palestine en France ferait tout pour faciliter les initiatives en faveur de son peuple et s'est exprimé en français : "merci pour votre soutien et votre solidarité".
Le chargé de mission, Khaled Jadallah a fait état de la situation : une population très pauvre dont la moitié a moins de 18 ans. Les droits humains et ceux des enfants ne sont pas respectés. En 2015, c'est 2179 enfants entre 11 et 18 ans qui auraient été emprisonnés, sans compter les 32 enfants martyrs en Cisjordanie, les 1109 enfants contraints d'émigrer. En 2014, des soldats israéliens auraient attaqué 72 écoles. Dans ces conditions, le soutien français était important car c'était l'avenir de la Palestine que l'on attaquait. Sur ce constat alarmant, le débat avec la salle était ouvert et donnait lieu à de nombreuses réponses aux questions du public.
Le jeune homme a confirmé que le soutien populaire, animé d'un souci de justice, était général en Europe, notamment dans les pays scandinaves, grâce à une information qui circulait mieux. Quant aux jeunes Palestiniens, contrairement à de jeunes Européens, ils ne s'engageaient pas pour Daesh, ayant eux-mêmes leur propre cause et dotés d'un niveau d'éducation et d'une maturité politique élevés qui les rendaient moins perméables à la manipulation. Le premier conseiller a assuré, grâce à des sources sûres (renseignements généraux palestiniens), qu'aucun Palestinien n'était un combattant de Daesh. Khaled a reconnu ne pas avoir donné de chiffres sur Gaza, ceux-ci étant très difficiles à recueillir. Peut-être y avait-il eu plus que les 1700 enfants morts annoncés lors de la dernière guerre? Il a été question d'un projet d'émission le dimanche à Radio Libre en Périgord en lien avec Radio Gaza et les étudiants de l'université afin d'aider à la compréhension de ce qu'il se passait là-bas. La Mission de Palestine travaille avec l'Union Générale des étudiants Palestiniens, souhaite recenser un maximum d'initiatives qui se déroulent sur le territoire français, comme celles de Dordogne. Violette Folgado a rappelé les différentes actions du département dont la diffusion de la brochure BDS http://www.bdsfrance.org/, l'invitation lors de la dernière AG du comité de Mustafa Muhammad, urbaniste de Jérusalem-Est, un partenariat avec des associations de paysans palestiniens, un lien avec la plate-forme pour la Palestine http://www.plateforme-palestine.org/.
Une question a concerné l'initiative française de réunir un vaste groupe pour relancer les négociations, considérée par la Mission comme un" grand jour" et qui marquait une différence avec les initiatives prises par les Etats-Unis, alliés inconditionnels d'Israël. Le premier conseiller a déclaré : "nous avons confiance dans la France, dans sa position historique, sa volonté de trouver une solution juste". Il a poursuivi : "nous avons eu la promesse que, quelque soit la conclusion de la conférence, la France reconnaîtrait La Palestine, ce qui est un grand pas, même si idéalement, il faudrait que les résolutions soient appliquées". Dans le cadre d'un "combat d'occupant et d'occupé", où Israël a l'avantage économique et politique, où dès le lendemain des résolutions prises, elle ne les respecte pas, la Palestine ne fait que "gérer la crise" et c'est donc "le soutien international qui compte", a expliqué le premier conseiller. Il a été précisé aussi que la situation en Irak et Syrie avait pour effet de déstabiliser toute la région et les Etats-Unis n'étaient pas pour rien dans cette anarchie qui leur permettrait de redessiner la carte comme bon leur semblait. La Palestine fait partie de la carte et de leurs plans. Quant au gouvernement israélien, il instrumentalise la situation en sa faveur pour criminaliser la lutte des Palestiniens. Ces deniers, a rapporté Khaled Jadallah, multiplient les efforts pour faire face au blocus terrestre, maritime et aérien à Gaza qui a des effets sur l'eau et l'électricité : recyclage des déchets, désalinisation de l'eau de mer, utilisation de l'énergie solaire. Un Israélien dispose d'une quantité d''eau en moyenne 50 fois supérieure à celle d'un Palestinien. Les Israéliens bloquent les recettes fiscales collectées au profit de l'Autorité Palestinienne comme bon leur semble. "De l'apartheid", selon Violette Folgado. D'ailleurs, Khaled Jadallah a expliqué que face à cela, le boycott encouragé par la campagne BDS a un réel effet, comme il l'a eu en Afrique du Sud. Pour preuve, l'investissement financier d'Israël pour combattre cette initiative. Violette Folgado a cité des noms d'entreprises israéliennes (Jaffa, Jafaden, Teva...) ou qui coopéraient avec le gouvernement (Orange, Véolia...). Pour le chargé de mission, cette campagne est une fusée à trois étages qui permet d'attaquer Israël par l'économie, outre la politique et la solidarité. Cette initiative ne suppose pas la lutte armée mais empêche que les productions réalisées sur des terres volées profitent à Israël. Il estime aussi la nécessité que l'Union Européenne sanctionne Israël dans le cadre de l'Accord d'association entré en vigueur en 2000 qui les lie. En effet, l'article 2 stipule que "les relations avec les parties devraient s'appuyer sur le respect des droits de l'homme".
Le débat a ensuite porté sur le travail des ONG et leur utilité face aux droits bafoués. Violette Foldago a rappelé les rapports accablants qu'elles produisaient. Les intervenants ont insisté sur l'importance des informations qu'elles transmettaient au monde sur la situation en Palestine qui ferait que "tôt ou tard les dirigeants devr[aient] répondre de leurs crimes auprès de la Cour Pénale Internationale". Brigitte Allain a évoqué sa position de membre du Conseil de l'Europe (regroupant 47 pays) soulignant que lorsque cette institution votait une résolution, cela avait nécessairement un effet, même s'il fallait compter un délai pour que les gouvernements des pays les entérinent. Pour elle, tandis que les armes parlaient en Palestine dans un contexte d'occupation, nous Européens devions faire parler la diplomatie jusqu'à ce que les droits des palestiniens soient respectés. Un membre du public a déploré que les aides apportées par les ONG à l'origine d'installations d'infrastructures en Palestine soient souvent et rapidement détruites par les Israéliens, comme l'aéroport de Gaza, financé par des fonds européens. Il fallait demander des comptes à Israël en faisant pression sur nos gouvernements.
Violette Folgado a clôturé la soirée en évoquant les prochaines actions comme le Printemps du Proche-Orient et espérait que Khaled Jadallah, chargé de mission à l'Unesco, inciterait l'ambassadeur de Palestine auprès de cette institution à venir en Dordogne.
Le public pouvait ensuite partager un verre et acheter ou consulter livres ou produits en lien avec la Palestine.
Site du comité Dordogne-Palestine : http://www.dordogne-palestine.fr/
Texte et photos : Laura Sansot
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