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03/04/2016

APRES ARAGON, ALAIN LAUGENIE CHANTE MOUSTAKI

Les 19 et 20 mars, à la salle des fête de Tamniès, Alain Laugénie présentait avec Tania, sa compagne, son nouveau spectacle sur Moustaki.
Dans le même esprit que le spectacle sur Aragon auquel nous avions consacré un article http://artpericite.blogspot.fr/2016/03/alain-laugenie-dit-et-chante-aragon-en_8.html, la vie de l'artiste était l'objet d'un récit théâtral autour de quelques chansons de l'auteur. 

Cette fois, Michel Lassalvetat était à l'origine du projet, ayant écrit en totalité le texte qui assurait les liaisons entre les chansons alors que le spectacle sur Aragon avait été écrit plutôt à deux mains.
La place des femmes ayant été importante dans la vie de Moustaki, le spectacle se devait de compter sur une présence féminine. La rencontre récente du musicien avec Tania arrivait à point nommé pour ce projet. Celle qui n'avait jamais chanté ni joué sur scène était donc sollicitée et faisait honneur à cette demande par sa jolie voix et sa présence scénique ainsi qu'une participation plus importante que prévue sur toute la longueur du spectacle : chant, lecture, texte dit, musique.
Son physique de méditerranéenne était parfait pour accompagner celui qui débutait cette évocation de Moustaki autour de grands thèmes (la liberté, la Méditerranée et les voyages, l'amour et les femmes mais aussi l'engagement) par la chanson éponyme du spectacle qui l'avait révélé comme interprète en 1969 : Le Métèque.
C'était l'occasion d'évoquer son enfance, lui qui était né Giuseppe Mustacchi, et le milieu cosmopolite dans lequel il avait grandi mais aussi le lien qui l'unissait à son Grand-Père et à cette terre (En Méditerranée).
La chanson Ma liberté emmenait le public du côté des amours du poète, suscitant un beau duo entre Alain Laugénie et Tania d'abord entendue derrière le rideau noir puis apparue sur scène. Elle précédait la chanson Le temps de vivre pour dire l'insouciance de l'amour qui ne pouvait durer toujours, comme venait l'illustrer Le Facteur.
Les spectateurs quittaient le monde de la romance pour celui des voyages y compris musicaux qui l'avaient conduit au Brésil, le pays de son ami écrivain, Jorge Amado où il avait rencontré Gilberto Gil, Chico Buarque et où il avait découvert la Bosa Nova. Il en était sorti cet album "Déclaration" en 1973 dont la chanson que les deux chanteurs offraient au public : Les eaux de mars,  une  adaptation d'Antonio Carlos Jobim, cofondateur de ce style musical.

Après cette parenthèse de l'autre côté de l'Atlantique, le spectacle revenait sur son arrivée à Paris à l'âge de 17 ans, sa rencontre avec sa femme dit Yannick dont il eut une fille, Pia née en 1954, et celle avec Georges Brassens aux Trois Baudets, donnant lieu à la chanson Gaspard. On glissait alors vers le thème de l'engagement avec Il y avait un jardin, une chanson écolo avant la lettre mais sans militantisme aucun à l'image de son auteur qui, dans la chanson Sans la nommer, évoquait, en 1974, la Révolution Permanente. C'était le temps où le franquisme était encore en vigueur en Espagne mais où la Révolution des oeillets au Portugal venait de renverser la dictature aussi anéantie cette année-là en Grèce.
La chanson quelque peu nostalgique Il est trop tard interrogeait son espoir déçu d'un monde plus beau. Elle précédait l'une des rares lectures du spectacle autour de la personnalité toute en paradoxe de l'artiste, judicieusement placée à la fin de la représentation après une évocation des différents aspects de sa vie : "Je réussis ce que je rate", une chanson de 1979, évoquant un poème de François Villon.  Sarah accompagnait le récit de sa fin de vie le 23 mai 2013 évoquant cette "femme qui est dans mon lit n'a plus 20 ans depuis longtemps". Ce qui avait animé sa vie, la musique, clôturait le spectacle avec la chanson Les musiciens chantée en duo depuis le fonds de la salle jusqu'à la scène dans une belle communion des deux interprètes en hommage à l'auteur-compositeur.
Cette évocation plus thématique que chronologique, et donc plus dynamique, était une bonne entrée en matière pour se plonger dans l'univers de Moustaki ou une occasion de redécouvrir quelques-unes de ses chansons les plus connues, même si, pour les plus férus, quelques chansons supplémentaires ignorées du grand public auraient pu nourrir davantage leur passion.
Tandis que le spectacle sur Aragon révélait par la simple lecture de textes toute la force de son engagement et la beauté de son écriture à laquelle s'ajoutait l'interprétation des ces textes déjà mis en chansons par Ferrat, Léo Ferré et d'autres, celui-ci sur Moustaki, surtout composé de chansons qu'il avait écrites et chantées lui-même, accompagnées pendant la représentation de la guitare ou de quelques petites percussions, semblait peut-être moins dense mais aussi moins grave, plus léger grâce, en outre, à la présence de deux artistes en scène. La forme similaire des deux spectacles prêtait à comparaison mais était-elle justifiée puisque l'on parlait de deux êtres bien différents dans leur manière de s'engager par exemple? Finalement, ce spectacle-ci était à l'image de la vie de Moustaki, moins marquée par les traumatismes de l'enfance ou les douleurs de la vie d'adulte, et de sa personnalité, plus détachée, cultivant le bonheur et un certain art de vivre. Le couple, à la vie comme à la scène, dont la complicité et le plaisir d'être ensemble n'échappaient à personne, illustrait à merveille cet état d'esprit et, en particulier, la chanson Le temps de vivre.
Excellent site sur Moustaki :  http://s590497703.onlinehome.fr/moustaki/

Texte et photos : Laura Sansot

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