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17/02/2016

INAUGURATION DE L'ASSOCIATION "LE QUAI" A PERIGUEUX

Comme nous vous l'annoncions dans un précédent article http://artpericite.blogspot.fr/2016/02/une-nouvelle-equipe-pour-animer.html, l'association Le Quai fêtait la reprise de ses activités le 13 février à Périgueux.
La soirée était inaugurée par Laurent Péréa, le représentant départemental du Parti Communiste Français, organisation politique partageant à nouveau cet Espace Aragon avec la dite association.
Visiblement, le lien dépassait la simple proximité géographique puisque "sans vouloir [s]'immiscer dans [l]'indépendance d'action et de pensée", le PCF espérait un partenariat avec Le Quai  pour faire remonter des "besoins en matière culturelle" et l'aider à évaluer les "politiques menées" et "moyens déployés". Pour cela sûrement, Laurent Péréa a salué la manière dont l'équipe souhaitait travailler : "un exercice de participation, un espace de dialogue, d'échanges, de discussions" et ceci en direction du "plus grand nombre".
Définie comme un "bien commun", "un volet indispensable à la résolution des problèmes d'une société", "un choix", la culture devait être "plurielle" et "une ouverture sur la liberté". Elle devait permettre "la compréhension du monde", développer "la capacité à critiquer". Ainsi, l'accent était mis sur l'éducation populaire notamment en direction des jeunes pour les accompagner dans "leur indépendance d'esprit". Il s'agissait d'une "culture partagée par tous", où chaque citoyen "qu'il soit acteur de la culture, artiste, élu, habitant, associatif" puisse "trouver sa place" et, "au même niveau", "faire entendre sa voix". Elle devait favoriser le "lien social", "le partage", "le dialogue". Elle devait même "apporter du divertissement", au sens différent, on le souhaite, de celui donné par P. P. Pasolini qui justement définissait la culture comme "une résistance au divertissement". Elle apparaissait comme un rempart à la consommation et à la croissance dont on pouvait s'éloigner au moins le dimanche. Il appelait de ses voeux à faire "plus d'égards à ce qui ne se vend pas, ne se monnaye pas, ne se rentabilise pas", tout en étant conscient que la culture nécessitait un budget à part entière car elle n'était "pas un caprice" ni une "variable d'ajustement".
Le représentant politique terminait son propos par une citation extraite de l'appel des Vétérans des mouvements de résistance lancé le 8 mars 2004 qui appelait notamment à "une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous". Cet appel disait à ceux et celles qui feraient le XXIè siècle  : "créer, c'est résister, résister, c'est créer".
La présidente du Quai, fraîchement élue, Nadja Martinez, a ensuite pris la parole pour retracer l'histoire de l'association. Elle avait débuté en 1996 avec Jean-Paul Salon puis Bernard Szczerba, auquel il serait rendu hommage à travers quelques-uns de ses textes, qui avaient initié un lieu "ouvert, dynamique, propice à la création et aux idées, aux liens qui donnent des clés" de compréhension du monde et évitent "le cloisonnement et donc l'obscurantisme". Il s'agissait de "bousculer les frontières", d'encourager "une culture riche de sens" et de se battre "contre des ambitions mercantiles" et donc de donner la priorité à la gratuité, même si une cotisation de 10 euros donnerait plus de moyens pour multiplier les évènements culturels.
Des plasticiens avaient été invités à exposer leurs oeuvres comme :
Alaric
Brian Amiard
Jérémie Charillat
Alexandra Fabris

Catherine Sultan Saw

Des membres de l'association Luxmealex de Montignac http://www.luxmealex.fr/, Dominique Martinez
et Lila Marty
 
ont lu sept textes de Bernard Szczerba, auquel Laurent Péréa avait rendu hommage dans son allocution, présenté comme "artiste, poète, anticonformiste (...) toujours souriant même dans les moments les plus durs, qui savait allier les choses sérieuses avec l'humour". Celui-ci avait su ouvrir à la "diversité qu'on appelle populaire" cette association où l'on pouvait côtoyer "l'ouvrier, l'employé, le patron, l'artiste, l'intellectuel, l'élu et bien d'autres qui font une société d'aujourd'hui".
Ceux qui ne connaissaient pas son écriture découvraient une belle plume très poétique, pleine de tendresse, d'humour où transparaissaient un goût pour la révolution mais aussi pour la bonne chère, un bon vivant ayant le sens du partage et de la convivialité. On passait de conseils auprès d'un couple de jeunes mariés, au discours à l'occasion de la fête annuelle du Quai, sans oublier une recette de cuisine pour le moins originale proposée au moment du Salon du livre gourmand, un hommage à sa fille lors de ses 16 ans, un autre aux peintres de l'art abstrait et enfin un discours tout à fait instructif sur le fait que les singes ne mangent pas de pommes!

Entre temps, Monique Burg, toujours exceptionnelle pour capter son auditoire, avait régalé le public d'un de ses fameux contes que nous avions déjà évoqué dans un article précédent http://artpericite.blogspot.fr/2015/12/parcours-conte-douzillac_14.html : une critique très fine et pleine d'humour, émaillée de citations en occitan, de la vie politique d'un village en Périgord qui, subrepticement, plongeait dans le fantastique en mettant en scène la figure mythique du drac, pour mieux accéder à l'universel.
Après les mots, les notes. Le public, tout en dégustant le buffet mis à sa disposition, pouvait ensuite apprécier les compositions des DJ Robert Jean et Nawak British, des musiciens électro,
auxquels se sont volontiers associés un accordéoniste, Christophe Lasnier
 et la chanteuse, Dawa, des groupes Ua Tea et Met-h-od.
Pendant ce temps, l'art n'empêchait pas le pragmatisme : ceux qui le souhaitaient pouvaient prendre une adhésion. Le secrétaire, Erwan Dubarry Baete était à sa table pour faire signer les documents nécessaires.

Cette soirée qui était propice aux rencontres a permis celle de la trésorière Aurélie V. et la découverte d'un de ses projets pour l'association. Forte de sa formation en histoire de l'art et archéologie, de son expérience dans des camps d'échanges internationaux dans ce domaine, soucieuse d'éducation populaire, elle a été sensible aux ambitions de cette association "Le Quai" dont elle partageait aussi les idéaux politiques. Considérant cet espace comme "le lieu de tous les possibles", elle a, par exemple, envisagé de faire venir, grâce à une association espagnole avec laquelle elle a travaillé, des archéologues ibériques pour partager leurs travaux de recherche et faire une "conférence comparée" afin de confronter les différences entre ce pays et la France. Elle a imaginé aussi de travailler sur le thème de l'archéologie comme outil de propagande (Etat islamique, Israël...) ou sur la question de la muséification des centres-villes, comme une invitation à la réflexion, en partant simplement du patrimoine qui nous entoure. Nous serons donc attentifs aux prochaines soirées programmées sur ces thèmes.

En attendant, pas moins de 150 personnes avaient fait le déplacement pour cette soirée d'inauguration. Un vrai succès!
Prochain RDV au Quai le 26 mars à 20h : "Silence blessure" un spectacle avec et par Hélène Elouard, suivi d'un échange sur l'éducation populaire à travers le féminisme.
Texte et photos : Laura Sansot 

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