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16/01/2016

JOURNEE DE REFLEXION POUR LE NOUVEAU GROUPE LOCAL COLIBRIS A PERIGUEUX

Le 10 janvier 2016, le groupe Colibris du Grand Périgueux se réunissait dans la salle municipale de Coulounieix-Chamiers qui avait, par l’intermédiaire de Francis Cortez, accepté de prêter le lieu le temps d’un dimanche pluvieux. Celui-ci, présent et participant aux ateliers, en a été chaleureusement remercié en début et fin de journée. 
Nous avions dans un précédent article évoqué ce mouvement Colibris grâce au film "En quête de sens".
http://artpericite.blogspot.fr/2015/06/le-film-en-quete-de-sens-fait-salle_6.html

Comme l’a expliqué l’un des trois membres actifs de cette journée, Catherine Mugnier, le groupe s’est constitué à Bourrou, village porteur d’une belle dynamique, en novembre 2014, après le succès d’une grande réunion d’information et la signature d’un protocole. Toutefois, la majorité des sympathisants résidant à Périgueux ou alentours, il a été décidé, suite à une analyse de la situation et une longue réflexion, occasion de prendre la mesure de l’engagement, suite aussi à la participation à Alternatiba Bergerac, de « délocaliser » le groupe sur ce territoire. En effet, l’association Colibris encourage la constitution de groupes sur des espaces limités afin d’ancrer plus efficacement les actions. Ainsi, un groupe est en émergence à Plazac et l’un de ses membres, Gaël, était présent. Un groupe est en cours de constitution sur le Bergeracois. Catherine Mugnier a rappelé que partageaient les valeurs de Colibris des initiatives comme le Hameau des Buis, les Amanins, la Ferme des Enfants, le mouvement de l’appel pour une insurrection des consciences, le MAPIC. C’est une association qui fédère des groupes locaux, relais de l’association porteurs de son éthique, qui leur donne des outils pour lancer des actions. Il n’y a donc pas de hiérarchie, de conseil d’administration... Dans un groupe local, existe un cercle cœur, donnant la dynamique, et des personnes engagées autour, l'ensemble formant le noyau dur. A Périgueux, ce sont une douzaine de personnes dont 4 membres particulièrement actifs qui se mobilisent. Le groupe travaille en synergie avec une association qui vient d’être créée, celle de la maison de quartier de Saint Martin, mais aussi avec Itinérance Films, à Périgueux. Gentiane Cremer, vidéaste, est la secrétaire de la première et responsable de la seconde tout en étant membre de la commission coordination du groupe Colibris. En effet, un groupe local est composé de 4 commissions : coordination, communication, animation, suivi actions, projets. 
 Gentiane Cremer et Catherine Mugnier
Le groupe local s’oriente actuellement vers 3 projets : un stage de permaculture soutenu par Itinérance Films, le partenariat avec le Chambon, terre agricole mise en valeur par de jeunes paysans encouragés par Terre de liens et un projet Education à l’échelle du département autour d’échanges de pratiques, d’outils, sous forme de rencontres, projections de films en vue d’une éducation plus respectueuse du rythme de l’enfant en lien avec les personnes concernées et sans exclure l’Education Nationale.
L’objectif de la journée était d’enraciner sur le territoire le cercle cœur et les bonnes volontés, les mettre en lien afin de développer le groupe local. Les 3 personnes qui ont préparé ce rassemblement se sont présentées : Catherine Mugnier, Gentiane Cremer et Axelle Lesage. 
 Axelle Lesage, Gentiane Cremer et Catherine Mugnier, les organisatrices de la journée
Après avoir remercié tous ceux qui les avaient aidées, Gentiane Cremer s’est dit très heureuse de participer à cette dynamique humaine pleine de valeurs, de pratiquer ce temps d’échange et de partage. Prolongeant la présentation de l’association et du groupe local par Catherine Mugnier, elle a rappelé les grands principes (inspirer, relier et soutenir) qui invitent à un changement de société autour des 5 volets de l’année 2014-2015 (l’agriculture, l’économie, la démocratie, l’éducation, l'énergie) auxquels s’est ajouté un 6è, celui de la Révolution Intérieure. En 2016, l’accent devrait être mis sur les oasis, ces nouveaux lieux de vie et de ressources où les espaces et les services sont mutualisés dans le cadre d'écohameaux, écovillages, communes en transition, écoquartier...
Axelle Lesage a endossé le rôle de l’animatrice pour donner un aspect ludique à la journée, tout en faisant respecter très efficacement le temps prévu pour chaque moment.
Elle a instauré 2 jeux pour apprendre à se connaître : se ranger par ordre alphabétique de prénoms dont chacun était affublé par une petite étiquette 
puis se mettre par binôme pour un jeu de touche-touche (dos à dos, nez-coude, pied à fesse...). 
Elle a ensuite défini la manière de commencer le travail : « le forum ouvert », un outil qui permet à un grand groupe de travailler ensemble pour arriver à des résultats concrets à la fin de la réunion. La question était adressée à tous : quels thèmes me tiennent à cœur au point de m’investir ? Les participants étaient conviés à écrire sur un post-it distribué à chacun 
distribution de post-it
le thème qui l’intéressait, à l’énoncer et à aller l’inscrire sur un tableau, l’espace devenant « la place du marché ». 
 
Suite aux nombreuses propositions, Axelle Lesage a proposé avec l’accord de l’assemblée de regrouper les thèmes, sous forme de « brain storrming ». 
Ainsi, 4 groupes généraux ont émergé : l’agriculture et la permaculture, 
l’éducation, 
les oasis, 
un groupe « carte blanche » sur le thème de l’association Colibris et le fait de s’impliquer, sachant que ces thèmes étaient déjà en émergence au sein du noyau dur du groupe local. 
Les autres thèmes plus spécifiques devaient être l’occasion d’échanges l’après-midi et spécifiés sur la place du marché. 
 
Les principes de travail ont été définis, laissant transparaître l’esprit de cette association très attentive à la notion d’écoute, de partage et de respect du temps et de la liberté de chacun (les personnes qui se présentent sont les bonnes, ce qui arrive est ce qui pouvait arriver, ça commence quand ça commence, quand c’est fini, c’est fini).   
La loi des deux pieds ou loi de la mobilité était énoncée pour le bon déroulement des ateliers : si l’on n’est pas en train d’apprendre, ni de contribuer, on peut passez à autre chose (aller discuter, boire un verre, aller prendre l’air). 
Chacun pouvait rester dans l’atelier choisi et avoir un rôle d’abeille ou aller voir les autres groupes et adopter un rôle de papillon. En fin de journée, une restitution rapide (moins de 5 minutes) des ateliers du matin et de l’après-midi était prévue en plénière. Les participants étaient guidés dans leur travail par des questions : pourquoi je choisis ce thème ? quel(s) mot(s) résonnent avec le thème ? quelles propositions concrètes peuvent-être faites ? de quelle manière je veux m’investir ? Un rapporteur et un script étaient désignés par atelier.
A la pause déjeuner, les plats apportés par chacun était mis en commun pour un repas partagé tiré du panier.
Douze groupes ont rendu leurs conclusions : outre les grands groupes du matin, ceux de l’après-midi ont pris la parole comme ceux axés sur l’esprit critique, les partages des savoir-faire, le gaspillage/recyclage, la monnaie complémentaire locale, les habitats partagés pour les retraités, la prévention santé environnement, le changement de vie. 
Plein-mêle, ont émergé des idées multiples. Ainsi a été évoquée l’importance de ne pas accepter les dogmes, de construire des critiques argumentées, de savoir changer de point de vue, d’intégrer la notion d’action. Concernant l’éducation, il a été proposé de lancer des moments de rencontres et d’échanges autour de films, de développer des écoles alternatives (déjà au nombre de 4 en Dordogne), développer des outils pour apprendre à apprendre, intégrer plus facilement le handicap dans l’école ordinaire, encourager la formation psychologique des enseignants. Le groupe oasis a recensé les deux projets en cours en Limousin et au Sud de Bergerac ainsi que l’oasis de Beauregard et Bassac. Celui sur l’agriculture a fait apparaître le besoin de cultiver soi-même, d’apprendre dans ce domaine, de partager des semences pour se préserver et préserver les autres et vivre autrement. Des projets de jardins partagés, d’incroyables comestibles ont été mis en avant ainsi que le besoin de mutualiser les ressources. Le réseau mail tequitoi24.fr sur les échanges de service a été cité rejoignant le groupe partage de savoir-faire proposant de créer un logo sous forme d’autocollant à mettre sur les boîtes aux lettres pour montrer son adhésion au principe d’échange de services. Le groupe recyclage a reconnu la marginalité qu’engendrait le fait de vouloir lutter contre le gaspillage mais la nécessité de multiplier les gestes du quotidien pour inciter les autres à les adopter. Le groupe monnaie complémentaire locale a défendu l’idée de faire circuler une monnaie (dont on tâcherait de la rendre infalsifiable) en parallèle du système pour créer plus de solidarité et lutter contre l’emprise de la grande distribution. Deux projets seraient en cours dans la Vallée de l’Homme et à Périgueux où les artisans et les producteurs devraient être les premiers partenaires. Cet outil politique viendrait renforcer les projets de transition. Par ailleurs, une recherche de lieu où pourraient cohabiter 3, 4, 5 retraités est en cours. L’idée de goûter philo a été lancée ainsi que des ateliers santé-environnement à domicile. Un groupe qui a échangé sur des changements de vie a témoigné de l’importance de journée comme celle-ci pour se sentir moins isolé. L’atelier carte blanche a permis à des nouveaux venus de découvrir l’association, d’aborder la question de la démocratie participative, du lien entre citoyens et hommes politiques. Ainsi, des élus auraient eu la bonne initiative de proposer des jardins mis à disposition de la population mais sans faire le travail nécessaire pour qu’elle s’en saisisse. Quant au groupe « cercle cœur », il a fait appel aux bonnes volontés du territoire afin de le renforcer. 
Pour clôturer la journée qui avait rassemblé environ 80 à 100 personnes, les organisatrices ont émis l’idée de renouveler l’expérience d’ici 4 mois en proposant des journées consacrées plus spécifiquement à un thème. Visiblement, les participants ont semblé enthousiasmés par cette journée, comme l’ont traduit les mots lancés en conclusion. Les termes  de partage, écoute, création, ensemble ont été entendus plusieurs fois et d’autres ont résonné entre eux : joie, espoir, changement, révolution, évolution, surprise, gratitude, sourire, entraide, empathie, plaisir, solidarité.... Des expressions ont surgi (« en voiture, Simone », « boulega », « on avance », « c’est pas foutu »!, « osez ») laissant entrevoir le champ des possibles et les motivations du groupe.

Texte et photos : Laura Sansot

1 commentaire:

  1. Merci d'avoir si bien retranscrit cette journée. Pour moi qui n'y ai pas participé, c'est très parlant!

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