Pour
la soirée du 11 juillet, le programme prévoyait 3 spectacles.
Cependant, les artistes semblant apprécier l'atmosphère du lieu, l'un
d'entre eux, un musicien, a proposé de se produire après ses petits
camarades! Christophe Lasnier, l'organisateur, a volontiers laissé la
place au jeune homme déclarant que c'était les artistes qui décidaient!
C'est Jérôme Galan qui
a ouvert le bal pour un spectacle original dans les branches du grand
tilleul. Ce jeune circassien, qui vient de s'installer en Dordogne après
avoir été formé à la prestigieuse école de Châlons-en-Champagne (CNAC),
proposait de conter des histoires tout en se livrant à des acrobaties,
tour de force assez remarquable.
La scène
Les
contes évoquaient le végétal, prétexte au travail avec les sangles qui a
semblé moins difficile au professionnel que d'apprendre le texte,
a-t-il confié. Il était accompagné pour l'occasion par Christophe Lasnier, à l'accordéon. Jérôme Galan narrait
l'histoire mythologique de 2 vieillards Philémon et Baucis qui, en
récompense de leur hospitalité désintéressée à l'égard de Zeus et
Hermès cachés sous les traits de deux mortels, avaient obtenu la
réalisation de leur voeu, celui de ne pas être séparés dans la mort, en
les transformant en chêne et tilleul qui mêlent leurs feuillages.
Avançant
dans l'Histoire, l'artiste racontait comment des ormes et tilleuls
avaient été plantés partout en France, sur la décision du ministre
d'Henri IV, Sully, occasion de nouvelles acrobaties sur une chaise à la
bascule.
Après
l'évocation de l'histoire du Centaure Chiron tué malencontreusement par
Héraclès mais placé par Zeus dans le zodiaque pour former la
constellation du Centaure,
le
public était invité à prolonger l'évocation poétique en dégustant un
verre de lait de l'arbre (en fait un lait d'amande un peu alcoolisé pour
les grands!).
Puis, il était convié à s'installer à l'ombre d'un autre arbre pour écouter le spectacle de la conteuse, Monique Burg,
originaire du Sarladais. C'était aux spectateurs de choisir un morceau
de papier et quelques uns étaient invités à lire le mot ou la phrase
qu'il contenait quand l'artiste les interrogeait.
On y a entendu par exemple Emilie et le lébérou, La petite querelle, La femme patiente, Pourquoi le ciel est loin de nous...
Si
elle a conté en français, il lui arrive de conter en occitan mais elle
termine toujours ses contes par une phrase rituelle dans cette langue
car "il n'est pas anodin de savoir d'où on vient", dit-elle. https://clo.revues.org/1773
On
admire sa façon toute personnelle de transporter en quelques secondes
le spectateur dans un autre univers. Partant du quotidien, même en
contant un conte traditionnel africain, elle n'hésite pas, avec une
grande maîtrise, à faire entrer sa propre vie dans les histoires, à
dialoguer avec le public sans perdre le fil et sans se cacher derrière
une histoire toute prête. Toute en spontanéité, ses histoires pleines de
vie emmènent le public dans des mondes imaginaires pour mieux observer
le réel, captivant aussi bien l'attention des enfants que des adultes.
La
première partie de la soirée s'achevait là avant un entracte
gastronomique. Les spectateurs pouvaient se sustenter d'un délicieux
repas du jour proposé par un cuisinier professionnel, venu du Doubs pour
la circonstance, mais travaillant avec des produits frais et locaux.
On aura apprécié les commodités écologiques (des toilettes sèches et un ingénieux système pour se laver les mains) :
Deux concerts, annoncés au son de la cloche par le maître des lieux, composaient la seconde partie de soirée.
Barthab (Xavier
Barthaburu) au chant et à la guitare était accompagné de Raphaël
Raymond à la basse et au piano. C'est le duo qu'il privilégie
actuellement après être resté près de 10 ans dans plusieurs groupes de
ska, punk, rock. En 2008-2009, il commence à écrire des "chansons plus intimistes et plus personnelles" et fait quelques concerts. C'est vraiment en 2010 que Barthab songe à créer un groupe qui "se dessine" progressivement jusqu'à l'enregistrement d'un EP (Tu parles d'un révolutionnaire) avant un premier disque en avril 2012 Live au TNT par le groupe L'Affaire Barthab composé de 7 musiciens axés sur le swing et la chanson française, originaires de Bordeaux. On attend d'ailleurs le prochain A vous.
Ce
soir du 11 juillet, il offrait une prestation avec son jeune, discret
mais talentueux acolyte Raphaël Raymond autour de chansons qu'il chante
habituellement en formation plus grande.
Avec
ses faux airs de Joe Dassin (sans le strabisme!), une voix chaude et
grave qui fait penser un peu à celle de Fred
Burguière des Ogres de Barback, un tchatcheur né, toujours prêt à
lancer quelques plaisanteries entre chaque morceau, il se faisait plus
sérieux pour interpréter des textes de sa composition. Il chante en
français, langue à laquelle il tient : "pas question de fuir ou de se cacher derrière un yaourt en
Anglais" (...) "en français tu ne peux pas t’planquer, le public comprend tout". ça l'arrange, le Barthab, que l'on comprenne vu l'importance qu'il
accorde au texte. Ce sont des chansons qui portent une critique de notre
société actuelle, de la technologie qui détruit notre liberté ou nos
liens (Welcome), de la vie de petits-bourgeois (Je suis de ceux), de l'exploitation des immigrés (Mon voisin), des exploiteurs (Les vendeurs de canon)
mais c'est toujours de lui dont il parle, de la difficulté d'endosser
la vie de saltimbanque, d'être libre dans une société formatée, de
s'assumer tout simplement (Tu parles d'un révolutionnaire, Tous les vices), d'aimer aussi car il y en a des chansons d'amour un peu bancal dans son répertoire (Freeman, Chanson d'amour)!
Des textes dont on s'étonne qu'ils ne soient pas encore connus et qui
pourraient bien côtoyer d'ici quelques années les chanteurs à texte
d'envergure nationale. Et pour la musique, ça swingue, c'est festif,
mélancolique parfois. On aurait pu danser ce soir-là. Ne manquait que le
plancher!
Porté par l'ambiance, Matéo MF (pour Marques Ferreira) a proposé de succéder à son collègue du collectif du Chat dans la gorge
dont ils font tous les deux partie : un collectif de Bordeaux composé
de 8 formations et 22 musiciens allant du rap au chant polyphonique, du
jazz swing au rock en passant par les musiques du monde.
Entré
seul en scène, c'est un jeune musicien de 23 ans plein d'énergie, de
fougue et de gaieté avec un univers déjà bien à lui. Le regard pétillant
et le sourire aux lèvres, il nous a emmené Dans son scaphandre où il se passait de drôles de choses, nous a fait découvrir le personnage étonnant de Jacques a dit, nous invitant, dans une mélodie entraînante, à aller au zoo dans A quelle heure irons nous zooter. Se décrivant comme maso (Le masochiste), se demandant si ça va le monde, il aurait pu nous emmener loin dans la nuit avec sa guitare survoltée mais, pour ne pas troubler le sommeil des voisins, la soirée s'est achevée pour mieux recommencer le lendemain et ceci jusqu'au 23 août.
Avant cela, il avait proposé à son copain Barthab puis à Raphaël Raymond de monter sur scène pour quelques duos.
On ne saurait trop vous encourager à venir faire ces belles découvertes "dans ce p'tit coin d'paradis", comme l'écrit Mateo MF https://fr-fr.facebook.com/artiste.mateomf, qui vous accueillera tout l'été pour rencontrer d'autres talents.
Crédits photos : Laura Sansot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire