PORTRAIT DE LA CREATRICE DE MODE ROSA MERENDA A L'OCCASION DE SON DEFILE DU 6 JUIN

Rosa Merenda est une créatrice de mode de Périgueux. Le sourire aux lèvres, toujours prête à éclater de rire et voir la vie du bon côté, le regard pétillant,

elle accueille ses clientes et ses élèves dans sa boutique-atelier 32, rue Guynemer ou 47, rue Victor Hugo.
http://www.rosamerenda.net/
https://fr-fr.facebook.com/rosamerendaboutique

Ci-contre, l'entrée de la boutique, ci-dessous, l'entrée de l'atelier.

Il y a souvent du monde chez Rosa tellement la bonne humeur est au rendez-vous. On vient pour prendre un cours de couture, pour acheter un vêtement qu'elle a créé ou tout simplement pour passer un moment à bavarder, donner un coup de main, notamment quand un défilé approche. C'est alors l'effervescence. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que Rosa, dopée à l'adrénaline, est la plus inventive et que l'on mesure aussi tout le réseau de connaissances et d'amis dont elle a su s'entourer pour mener à bien son projet artistique. Elle le reconnaît elle-même : "seule, je n'y arriverais pas!".

Ce projet est finalement arrivé tardivement dans sa vie. Cette autodidacte, qui a passé son bac en candidate libre à 23 ans, puis un diplôme dans les mêmes circonstances pour être secrétaire de direction, métier qu'elle a exercé à Paris, confectionnait depuis le début des années 1990 des habits pour ses enfants et pour elle-même. Là encore, elle a appris seule en travaillant de façon méthodique, explique-t-elle, sur des patrons auxquels elle rajoutait des difficultés pour s'exercer. Certes, elle a observé sa mère tricoter mais cette dernière, pestant souvent contre son ouvrage, ne lui montrait guère une image joyeuse du travail manuel! Après ses années parisiennes, elle retourne vivre en Dordogne d'où elle est originaire, même si sa région natale est réellement la Calabre. Pendant plusieurs années, elle participe sur des périodes courtes à des ateliers de couture à Bruxelles. C'est l'ouverture à la création artistique. Elle devient costumière pour le théâtre Varia, travaille avec des cantatrices. Pour assumer la charge de ses jeunes enfants, elle fait des petits boulots. Ce sont des années de galère. Pour trouver une certaine stabilité financière, elle décide de passer le CAP petite enfance et de devenir Atsem mais sans perdre de vue la couture : "c'était très présent en moi". En effet, elle ne perd pas une minute : pendant la sieste des enfants de l'école maternelle, elle élabore son projet et réfléchit à la manière dont elle pourrait le réaliser. Son idée est d'abord de transmettre ses connaissances puis de savoir comment elle pourra vivre de ses créations. Elle songe alors à créer une association. Une amie enseignante, Patricia Labatue, en deviendra la présidente jusqu'à aujourd'hui : "elle a cru en moi".
Installée sur la commune de Trélissac, au Pouyot, elle sollicite son père pour transformer une petite grange en atelier de couture mais pas seulement. Il s'agit aussi de regrouper des activités où l'on apprend à faire soi-même. D'ailleurs, l'association créée en 2007 est dénommée : "C'est moi qui l'ai fait"! Les cours de couture commencent en 2008, on prend aussi des cours de cuisine, on s'initie aux plantes médicinales. Lors des portes ouvertes, elle expose tout ce qui est créé chez elle avec la volonté de montrer ce que tout un chacun peut faire lui-même. Concernant la couture, des sacs réalisés à partir de tissus récupérés sont présentés. Elle a déjà la fibre du recyclage et ce souci de l'écologie qui l'animent toujours et font la patte de sa création. Un visiteur lui demande alors combien coûte un sac qui a attiré son regard : elle annonce un prix bas qui surprend le chaland, lui faisant réaliser qu'elle pourrait bien vivre de son art.

Et c'est parti! Le 1er janvier 2010, elle s'inscrit à la maison des artistes : elle devient créatrice indépendante. Au cours d'un atelier de couture durant l'hiver, l'idée émerge avec ses élèves de faire un défilé. La mairie de Périgueux loue des salles gratuitement : La Filature à Périgueux sera l'endroit idéal pour montrer le travail de ses élèves et ses propres créations. C'est là qu'elle apprend toute la logistique qu'engendre un défilé. C'est une nouvelle fois un apprentissage en situation, loin de toute formation théorique, qu'elle réalise. Elle découvre aussi combien elle peut mobiliser de bonnes volontés autour d'elle pour confectionner une affiche, réaliser les photos, créer la lumière, la chorégraphie, trouver la musique, faire venir des mannequins qu'elle recrutera bénévolement parmi ses élèves, ses amis ou filles d'amis. Alors qu'elle imaginait n'attirer que son réseau amical, au maximum 300 personnes, elle voit le public affluer et les chaises viennent à manquer. Au final, 550 personnes seront venues assister au premier défilé de Rosa Merenda! Elle répète : "si j'avais imaginé cet impact,  je ne l'aurais jamais fait!" et elle se justifie en disant : "je me sentais ridicule, humble. Je donnais des idées pour faire des vêtements et on venait pour apprendre cela mais pas plus". Le succès public de ce défilé lui révèle ainsi sa légitimité de créatrice et se lance alors pleinement dans son art. Il lui permet aussi de se découvrir une nouvelle compétence, celle de révéler les talents cachés des uns et des autres qui le lui ont bien rendus en participant activement et en venant nombreux au défilé. Rosa Merenda résume la recette de ce premier défilé réussi : coopération, amitié, bonne humeur tout en étant des professionnels! Cet esprit se maintient encore aujourd'hui pour les défilés où chacun est heureux de participer. La créatrice a exposé dans des lieux aussi divers que la librairie Marbot, la Filature, le salon des métiers d'arts de Périgueux, la médiathèque et la guinguette Le Martin Pêcheur de Trélissac, à Ligueux pour les journées patrimoine, la foire de Bourdeilles, Sanilh'Art.
Elle a travaillé depuis septembre 2014 avec l'Association des Paralysés de France, suite à la rencontre avec une personne handicapée dans le cadre d'une foire écologique qui lui a demandé de faire un défilé avec elle. Le lundi après-midi tous les 15 jours puis toutes les semaines à partir de février, elle est allée animer des ateliers à l'APF pour confectionner des vêtements avec les handicapés. Résultat : un formidable défilé très émouvant de valides et non valides réunis ensemble sur la scène et intitulé "Réconciliation". Il a réuni près de 500 personnes le 14 mars 2015. 

Durant l'été 2012, Rosa Merenda fait le pas, grâce à une collaboratrice décoratrice, d'avoir "pignon sur rue", en se rapprochant du centre ville sans être pour autant au coeur de la ville. C'est un lieu d'exposition et de vente de ses créations mais aussi un lieu plus accessible pour ses cours de couture.

Autre nouveauté depuis 2014 : les boutiques éphémères. Elle s'associe à d'autres créatrices pour partager une boutique le temps d'un été ou d'une période de Noël, périodes particulièrement propices à la vente. Ce changement de lieu lui assure plus de confiance artistique mais aussi plus de ventes. Cette visibilité est importante, explique-t-elle, pour sensibiliser les acheteurs à la création et leur permettre de prendre leurs distances vis-à-vis des articles standardisés mais aussi pour inciter les gens à venir créer eux-mêmes leurs vêtements grâce à du tissu de récupération. Rosa elle-même part d'un vieux vêtement pour en créer un nouveau en taillant, rajoutant avec un peu de tissu neuf, en associant des éléments à priori très divers ou insolites comme des soutien-gorges, des bas de contention. Ainsi, elle a créé une pochette en utilisant un morceau de string, soulignant au passage son côté mutin et coquin! Elle parle, elle, de son "côté fun". D'ailleurs, c'est l'une des caractéristiques du vêtement tel qu'elle le conçoit : facile à porter qui s'oublie sur soi mais que l'on remarque par son côté féminin (Excusez-là, Messieurs, Rosa travaille pour les dames essentiellement!) et drôle. Cela en fait un ensemble unique que la créatrice apprécie de voir dans la rue, en se disant : c'est moi qui l'ai fait! Pour elle, tout est prétexte à création. Elle montre ainsi un sac de languettes de papier dont elle espère bien en faire quelque chose! Elle va même se lancer dans la confection de sacs en cuir.

Pour le défilé du 6 juin 2015 organisé à la librairie Marbot,

elle a choisi de l'intituler Formidable en référence à la chanson de Stromae qu'elle a utilisée pour ouvrir la manifestation. Celle d'Aznavour (For me, formidable) assurait la clôture.

Une soixantaine de tenues étaient présentées dont une partie de celles figurant au défilé de l'APF et des nouveautés.

 La robe "Madame est servie" :

      

La robe "cravate" :

Une autre :

La robe "ADN" :

Les mariées pour clôturer le défilé :

Suite au défilé, Rosa Merenda a installé un coin boutique dans la librairie pour plusieurs jours.

 

Concernant les projets, ils sont toujours nombreux. Rosa participera à une boutique éphémère à Périgueux cet été, au Vintage Day, en septembre, où elle habillera dans un style années 30 quelques personnes en situation de handicap, déjà mannequins le 14 mars dernier. Le forum des associations de Périgueux, le 12 septembre, sera prétexte à une déambulation de personnes invalides habillées par la créatrice et à la projection d'un film issu du défilé du mois de mars. Celui-ci donnera lieu aussi en 2016 à une expo photo. Rosa sera présente à Expoésie en mars 2016, sans compter quelques défilés en perspective.

Article du 28 mars 2016 sur le défilé du 19 mars 2016 :  http://artpericite.blogspot.fr/2016/03/la-femme-dans-tous-ses-etats-au-cap_28.html

Texte et photos : Laura Sansot