Le 9 novembre, Ciné-Cinéma et Attac se sont associés pour organiser une soirée-débat autour du film L'intérêt général et moi. Ce film était introduit par Philippe Elusse, co-producteur et distributeur avec la coopérative La Direction Humaine des Ressources.
Son intervention portait sur l'importance de paramètres économiques tels que la monnaie et la dette dans ces grands projets d'aménagement du territoire autant que dans la pratique actuelle des métiers de production et de distribution du cinéma.
Son intervention portait sur l'importance de paramètres économiques tels que la monnaie et la dette dans ces grands projets d'aménagement du territoire autant que dans la pratique actuelle des métiers de production et de distribution du cinéma.
Afin d'illustrer son propos, l'intervenant a projeté une photo de la cour constitutionnelle allemande siégeant à Karlsruhe pour montrer la mise en scène, l'"effort de théâtralisation" autour de la validation ("conforme jusqu'à la preuve du contraire") le 21 juin 2016 du programme OMT de la Banque Centrale Européenne annoncé par Mario Draghi et lancé le 6 septembre 2012.
Celui-ci prévoit de pouvoir racheter une quantité illimitée de dettes d'un pays attaqué sur les marchés sous réserve d'être placé sous un programme d'ajustement. 80 milliards d'euros sont injectés chaque mois par la BCE. Or, ces sommes peuvent être comparées au budget annuel de l'Education Nationale (comme l'a indiqué un membre du public), soit 92 milliards en 2017 http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Mediatheque/00/6/DP_-_PLF2017_636006.pdf. Abordant par cet exemple le thème de la monnaie, Philippe Elusse a indiqué que cette notion, par les comparaisons qu'elle permettait, rendait toute chose équivalente. Quant à son étymologie, elle vient de Moneta en latin et renvoie à une vieille divinité italiote appelée Junon Moneta, "celle qui indique, qui montre". Dans une annexe du temple de la déesse était installé l'atelier qui frappait les premiers deniers d'argent. Le terme passa ensuite au produit de cet atelier, la monnaie. Aujourd'hui, elle est toujours un indicateur de richesse, d'où l'allusion que l'intervenant a faite au précédent film de la coopérative, Indice, sorti en 2009, qui s'est intéressé notamment au PIB (qui évalue la richesse en équivalent monétaire sans se soucier des conditions de production).
Philippe Elusse
Cette question d'argent semble être au coeur de tout, même de la création artistique citant l'exemple de Matthieu Amalric, de retour à la mise en scène, qui expliquait dans un entretien à Télérama, que son premier geste de cinéma, une fois passée l'étape de l'écriture, était de rechercher de l'argent. Le conférencier a mis en lumière le caractère déterminant des sources de financement pour le cinéma. Le film dont il est le co-producteur a été financé de façon participative, un fait encore assez rare mais qui prend de l'ampleur, un peu sur le modèle des Amap en agriculture. Tous les mécanismes de décisions pourraient être fondés uniquement sur l'efficacité de production de chiffres monétaires mais le résultat s'avère catastrophique au regard des inégalités croissantes, de la destruction des espèces, par exemple. Cela vient de la manière dont on se dote de la monnaie. Une courte vidéo mettant en scène Gérard Foucher auprès d'un groupe d'adolescents du XVIIIè arrondissement de Paris a montré que la monnaie était produite ex-nihilo par les banques privées, rajoutant simplement une ligne de crédit sur le compte du débiteur. Art Péri' Cité a d'ailleurs écouté une de ses conférences en 2014 http://artpericite.blogspot.fr/2014/12/conference-gesticulee-de-gerard-foucher.html C'est là que l'auditeur a pu percevoir le lien avec le titre de l'exposé. L'argent circule dans le monde grâce au crédit mais dans la mesure où les sommes en circulation sont inférieures à celles mises en remboursement (du fait de l'existence d'intérêts), il est toujours nécessaire de créer des emprunts. Les grands projets fortement discutables mis en chantier par l'Etat permettent de lancer ces grands emprunts et de relancer la machine. Liant le mécanisme de la dette et cinéma, Philippe Elusse a montré que la première place dans le PIB américain était occupée par l'entertainment lui-même dominé par Hollywood. Grâce à cette véritable machine de guerre de communication, les Etats-Unis ont pu imposer leur American Way of Life tout en étant le pays le plus endetté au monde. Les rentrées d'argent suscitées par cette industrie lui donnent les capacités de s'endetter encore davantage. Face aux récits hollywoodiens artificiels, un cinéma différent comme celui promu par la coopérative doit exister. Il est peut-être moins efficace en termes économiques mais il met en avant la diversité, "il est notre salut. Voilà pourquoi je suis fier de présenter ce film distribué par cette coopérative" a-t-il conclu.
Hélène Elouard et Philippe Elusse
Hélène Elouard, membre du groupe Attac Périgueux-Nontron (un groupe doté d'une centaine d'adhérent.e.s), a ensuite expliqué dans une synthétique mais excellente présentation, les raisons du soutien de l'association altermondialiste à ce film. Luttant "contre l'hégémonie de la finance et de la marchandisation du monde", elle dénonce "les infrastructures et autres mégaprojets industriels" qui sont "imposés et construits pour satisfaire les intérêts de quelques-un.e.s au détriment des véritables besoins de la majorité". Ils "sacrifient l'environnement et l'avenir des territoires et populations concernées". Elle a rappelé le soutien de l'association aux Zadistes qui défendent ces lieux, objets de l'appétit des grandes banques, des multinationales et d'hommes politiques. Elle a appelé à "un engagement citoyen fort, un débat public fécond" et à la défense des "valeurs de coopération, de solidarité et de démocratie".
C'est d'ailleurs ce à quoi s'emploie le film. Sorti le 1er juin 2016, il est le fruit du travail de Sophie Metrich et Julien Milanesi. Ce dernier, a expliqué Philippe Elusse, a été personnellement impliqué dans le projet puisque ses parents voyaient leur lieu de promenade, une zone humide, ruiné par ce projet d'autoroute A65 entre Pau et Langon, sur le site des 9 Fontaines. Il a filmé les luttes que cette future infrastructure a engendrées. La bataille perdue a d'ailleurs été un moteur pour le film et cette référence personnelle l'introduit : on suit les pas d'un homme marchant dans une nature semble-t-il préservée, image entrecoupée de séquences de manifestations, jusqu'à ce que ses pas buttent contre un grillage, face à une autoroute visiblement peu fréquentée. Le ton du film est donné, tant sur le fonds que sur la forme.
Il met en avant les effets de ces grands projets sur l'environnement et les hommes, l'absurdité de nouvelles infrastructures de transport dans un pays qui est un des mieux dotés au monde, comme le souligne même un haut fonctionnaire du ministère. De l'autoroute A65 à l'aéroport de Notre-Dame des Landes (dont on rappelle que le projet existe depuis 40 ans) en passant par la LGV du Sud Ouest, le film va à la rencontre des hommes et des femmes victimes de ces projets qui sont mis en place partout selon les mêmes mécanismes : sans concertation ou avec une démocratie de façade, sans respect des enquêtes publiques, à l'image d'un pays, comme l'a souligné un spectateur pendant le débat, où un article de la constitution (le 49.3) permet d'interdire le débat parlementaire, une situation inimaginable aux Etats-Unis.
Rapidement, le film convoque des journalistes alternatifs (Médiapart, Reporterre...) pour montrer comment ces projets bénéficient du soutien de la grande presse aux mains des multinationales qui, elles-mêmes, leurs filiales ou des entreprises proches de leurs intérêts participent aux partenariats public/privé qui les financent. Comme il est dit : "les requins ne se mangent pas entre eux". Cette situation renforce l'opacité de ces projets. Les journalistes qui appartiennent aux grands groupes n'ont pas les moyens d'enquêter : s'ils ont la ténacité, souligne Hervé Kempf, ils n'ont pas le temps et l'indépendance pour cela.
Il met en avant les effets de ces grands projets sur l'environnement et les hommes, l'absurdité de nouvelles infrastructures de transport dans un pays qui est un des mieux dotés au monde, comme le souligne même un haut fonctionnaire du ministère. De l'autoroute A65 à l'aéroport de Notre-Dame des Landes (dont on rappelle que le projet existe depuis 40 ans) en passant par la LGV du Sud Ouest, le film va à la rencontre des hommes et des femmes victimes de ces projets qui sont mis en place partout selon les mêmes mécanismes : sans concertation ou avec une démocratie de façade, sans respect des enquêtes publiques, à l'image d'un pays, comme l'a souligné un spectateur pendant le débat, où un article de la constitution (le 49.3) permet d'interdire le débat parlementaire, une situation inimaginable aux Etats-Unis.
Rapidement, le film convoque des journalistes alternatifs (Médiapart, Reporterre...) pour montrer comment ces projets bénéficient du soutien de la grande presse aux mains des multinationales qui, elles-mêmes, leurs filiales ou des entreprises proches de leurs intérêts participent aux partenariats public/privé qui les financent. Comme il est dit : "les requins ne se mangent pas entre eux". Cette situation renforce l'opacité de ces projets. Les journalistes qui appartiennent aux grands groupes n'ont pas les moyens d'enquêter : s'ils ont la ténacité, souligne Hervé Kempf, ils n'ont pas le temps et l'indépendance pour cela.
photo extraite d'un article de Reporterre sur les réalisateurs :
De ce fait, est posée, dès les premières minutes du film, la question de l'intérêt général à laquelle répondent notamment des élue.s. Si des personnalités politiques comme Mélenchon soulignent le progrès que suppose la prise en compte de l'intérêt général, d'autres comme cette députée des Landes déplace celui-ci sur le niveau personnel. Elle estime qu'il est important d'avoir une ligne à grande vitesse pour relier plus facilement Paris et pouvoir participer à une réunion à 8h, comme sa vie de parlementaire le lui impose. De même, Alain Vidalies, actuel secrétaire d'Etat chargé des transport, se réjouit de l'existence de l'A65 qui lui permet de prendre son avion à Pau pour la capitale. C'est un des enjeux des grands projets : à qui profitent-ils? Et par conséquent, se conforment-ils à l'intérêt général ou à celui d'une minorité de privilégiés? Lors du débat, un élu du Grand Périgueux a, à ce propos, évoqué la ligne aérienne Périgueux-Paris,qui coûte à cette collectivité 400 000 euros par an (900 000 euros d'argent public en tout) et transporte pas plus de 5000 voyageurs, essentiellement des élus et des patrons, dans des conditions assez spartiates. Elle est l'objet de nombreuses discussions dans l'Agglo, ce qui montre qu'il existe des infrastructures inutiles pour le plus grand nombre à tous les échelons. L'argument est de permettre aux décideurs de faire leur travail, d'aller toujours plus vite.
Cette notion de vitesse a été abordée pendant le débat durant lequel a été donné l'exemple d'une bourse d'échange basée à Francfort déménagée à Londres pour gagner des nanosecondes dans des transactions financières. Un spectateur s'est demandé "comment résister à ce processus qui est terrible et n'a pas de limite, où le rapport de force est inégal?". Pourtant, Ivan Illitch, dans un court texte Energie et équité, cité pendant le débat, montre que la vitesse naturelle est celle du vélo et le temps que l'on croit gagner, comme l'a rappelé l'intervenant, pour faire 10 kms en voiture en 5 ou 10 minutes ne tient pas compte du temps passé pour pouvoir se payer ledit véhicule. Le temps réel nécessaire à parcourir une distance comprend donc le temps passé à se donner les moyens de réaliser ce parcours. Le co-réalisteur lui-même voyait d'un oeil favorable ce gain de temps permis par les autoroutes, une attitude partagée par le plus grand nombre. La vitesse parle à l'imaginaire, elle est grisante, a noté son collaborateur, mais elle incite à une prédation des ressources en toute ingénuité. L'expérience du film, le temps de réflexion qu'il a suscité ont fait revoir à chacun des concepteurs son point de vue sur la vitesse.
Ce développement des infrastructures renforce les grands pôles urbains capables de se battre avec les autres métropoles dans la compétition économique mondiale. Il y a aussi un chantage à l'emploi de la part de ces promoteurs : ces équipements soutiennent le développement économique alors que les entreprises ne font que se déplacer au plus proche des infrastructures de transport plutôt que croître, comme l'indique le film sous forme de schémas. Ce dont a besoin la population de ces territoires, c'est davantage une modernisation de l'existant que d'équipements nouveaux : plus de TER, plus d'arrêts en gare, par exemple. Elle a aussi besoin de conserver ses terres agricoles, quand on sait, comme l'a indiqué un spectateur que l'on perd l'équivalent d'un département en surface nourricière tous les 10 ans. Le débat, dans ce même esprit, a suscité l'idée d'un retour nécessaire aux biens communs. Investir dans ces infrastructures plutôt que dans des budgets sociaux ou culturels constitue donc un choix de société, d'autant plus que les coûts sont assumés par la collectivité et les profits par les multinationales qui les construisent. Le film vient donc interroger la place que ces grands projets laisse à la démocratie avec cette image de fin où l'on voit des manifestations d'opposants réprimées durement par des CRS. Un final qu'une spectatrice militante a estimé être tout à fait en adéquation avec sa propre expérience. Pourtant, ces projets engendrent aussi une montée en puissance de la société civile capable de se mobiliser, de développer une expertise aussi pointue que celle de leurs adversaires et ces mouvements de résistance ont parus être une note d'espoir pour un spectateur.
Les témoignages nombreux qui égrènent le film sont judicieusement ponctués d'images de nature (une évocation du "paradis perdu", explique la co-réalisatrice) que ces projets viennent détruire, de dessins explicatifs et d'intermèdes dansés, comme des respirations et une manière de donner corps à la pensée exprimée. Les danseurs, Sébastien Dumont et Géraldine Borghi, ont travaillé pour le film sur le thème de l'évolution du moi : "d'abord pour traduire cette violence faite au moi" par ces grands projets, "puis en cherchant ce que peut faire l'individu de cette violence, de cette souffrance". Les corps disent "comment se relever", "se mettre en action", "élaborer une pensée d'intérêt général". Pour les réalisateurs, "les mouvements du corps expriment l'émotion intérieure et le chemin parcouru par les individus subissant ce sacrifice".
Sophie Metrich et Julien Milanesi ont conjugué leurs talents pour réaliser pendant 6 ans ce film en plus de leurs métiers respectifs. L'une a fait des études de cinéma, travaillé sur quelques tournages et réalisé deux courts-métrages, l'autre est économiste, maître de conférence à Toulouse, chercheur dans le domaine des politiques publiques de l'environnement, comme l'a indiqué Jean-Michel Hellio de Ciné-Cinéma.
Pour retrouver le site du film : http://linteretgeneraletmoi.tumblr.com/
Prochaine projection d'un film sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes : Les pieds sur terre à La Fabrique de Saint Astier le mardi 15 novembre à 20h30 (en partenariat avec Attac).
D'autres projections de ce film ont lieu en Dordogne durant le mois de novembre dans le cadre du Mois du film documentaire :
http://www.perigueux-city.com/mois-du-film-documentaire-en-dordogne.html
Texte et photos : Laura Sansot
Cette notion de vitesse a été abordée pendant le débat durant lequel a été donné l'exemple d'une bourse d'échange basée à Francfort déménagée à Londres pour gagner des nanosecondes dans des transactions financières. Un spectateur s'est demandé "comment résister à ce processus qui est terrible et n'a pas de limite, où le rapport de force est inégal?". Pourtant, Ivan Illitch, dans un court texte Energie et équité, cité pendant le débat, montre que la vitesse naturelle est celle du vélo et le temps que l'on croit gagner, comme l'a rappelé l'intervenant, pour faire 10 kms en voiture en 5 ou 10 minutes ne tient pas compte du temps passé pour pouvoir se payer ledit véhicule. Le temps réel nécessaire à parcourir une distance comprend donc le temps passé à se donner les moyens de réaliser ce parcours. Le co-réalisteur lui-même voyait d'un oeil favorable ce gain de temps permis par les autoroutes, une attitude partagée par le plus grand nombre. La vitesse parle à l'imaginaire, elle est grisante, a noté son collaborateur, mais elle incite à une prédation des ressources en toute ingénuité. L'expérience du film, le temps de réflexion qu'il a suscité ont fait revoir à chacun des concepteurs son point de vue sur la vitesse.
Ce développement des infrastructures renforce les grands pôles urbains capables de se battre avec les autres métropoles dans la compétition économique mondiale. Il y a aussi un chantage à l'emploi de la part de ces promoteurs : ces équipements soutiennent le développement économique alors que les entreprises ne font que se déplacer au plus proche des infrastructures de transport plutôt que croître, comme l'indique le film sous forme de schémas. Ce dont a besoin la population de ces territoires, c'est davantage une modernisation de l'existant que d'équipements nouveaux : plus de TER, plus d'arrêts en gare, par exemple. Elle a aussi besoin de conserver ses terres agricoles, quand on sait, comme l'a indiqué un spectateur que l'on perd l'équivalent d'un département en surface nourricière tous les 10 ans. Le débat, dans ce même esprit, a suscité l'idée d'un retour nécessaire aux biens communs. Investir dans ces infrastructures plutôt que dans des budgets sociaux ou culturels constitue donc un choix de société, d'autant plus que les coûts sont assumés par la collectivité et les profits par les multinationales qui les construisent. Le film vient donc interroger la place que ces grands projets laisse à la démocratie avec cette image de fin où l'on voit des manifestations d'opposants réprimées durement par des CRS. Un final qu'une spectatrice militante a estimé être tout à fait en adéquation avec sa propre expérience. Pourtant, ces projets engendrent aussi une montée en puissance de la société civile capable de se mobiliser, de développer une expertise aussi pointue que celle de leurs adversaires et ces mouvements de résistance ont parus être une note d'espoir pour un spectateur.
Les témoignages nombreux qui égrènent le film sont judicieusement ponctués d'images de nature (une évocation du "paradis perdu", explique la co-réalisatrice) que ces projets viennent détruire, de dessins explicatifs et d'intermèdes dansés, comme des respirations et une manière de donner corps à la pensée exprimée. Les danseurs, Sébastien Dumont et Géraldine Borghi, ont travaillé pour le film sur le thème de l'évolution du moi : "d'abord pour traduire cette violence faite au moi" par ces grands projets, "puis en cherchant ce que peut faire l'individu de cette violence, de cette souffrance". Les corps disent "comment se relever", "se mettre en action", "élaborer une pensée d'intérêt général". Pour les réalisateurs, "les mouvements du corps expriment l'émotion intérieure et le chemin parcouru par les individus subissant ce sacrifice".
Sophie Metrich et Julien Milanesi ont conjugué leurs talents pour réaliser pendant 6 ans ce film en plus de leurs métiers respectifs. L'une a fait des études de cinéma, travaillé sur quelques tournages et réalisé deux courts-métrages, l'autre est économiste, maître de conférence à Toulouse, chercheur dans le domaine des politiques publiques de l'environnement, comme l'a indiqué Jean-Michel Hellio de Ciné-Cinéma.
Jean-Michel Hellio
Soucieux du fond autant que de la forme, ils disent avoir tenté, comme les chercheurs, de prendre des distances vis-à-vis de leur objet d'étude. Ils ont voulu comprendre les motivations des promoteurs de ces projets, en allant les écouter "avec empathie", et plus généralement, comprendre "comment se prend une décision en France, quels sont les acteurs, quelles sont les problématiques". Toutefois, souhaitant faire oeuvre de cinéma, ils ont adopté un point de vue dont on sent bien qu'il se situe du côté des opposants aux grands projets et de leur manière de faire vivre la démocratie. D'ailleurs, leur propre coopérative montre l'exemple, comme en a témoigné Philippe Elusse : un homme=une voix et les profits sont réinjectés dans la structure pour de futurs projets auxquels des personnes extérieures sont invitées à participer financièrement. Ainsi, un prochain film sortira le 30 novembre, en partenariat avec Attac : Enfin des bonnes nouvelles. Il s'agit d'une fiction sur les agences de notation qui évalueraient en fonction de critères bien différents de ceux sur lesquels elles se basent aujourd'hui comme des critères sociaux, environnementaux. Les débats qui accompagnent les films de la coopérative sont aussi une manière de sortir du schéma quotidien des individus partagés entre temps productif, d'un côté, et temps de distraction et de consommation, de l'autre, comme l'a expliqué Philippe Elusse. Il y a comme des interstices temporels à regagner pour parler ensemble, être informés et travailler au retour du politique, de la démocratie. En les suscitant, ce film devient salutaire.
La soirée s'est terminée par une auberge espagnole organisée par les militant d'Attac au bar du cinéma
Pour retrouver le site du film : http://linteretgeneraletmoi.tumblr.com/
Prochaine projection d'un film sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes : Les pieds sur terre à La Fabrique de Saint Astier le mardi 15 novembre à 20h30 (en partenariat avec Attac).
D'autres projections de ce film ont lieu en Dordogne durant le mois de novembre dans le cadre du Mois du film documentaire :
http://www.perigueux-city.com/mois-du-film-documentaire-en-dordogne.html
Texte et photos : Laura Sansot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire