Le 28 novembre, le café lib' de Bourrou faisait appel au CRAC de Saint Astier pour proposer le spectacle "Tout conte fait...Tout conte dit" de deux conteurs : Daniel Chavaroche et Jean-Claude Botton, comme l'a expliqué Nathalie Schreiber, l'une des actives bénévoles du café. Elle a d'ailleurs souligné l'importance de ce partenariat que les membres de l'association L'Ambassade, porteuse du café, souhaitaient "approfondir". Dans un contexte "difficile pour la culture", "il faut se serrer les coudes", a-t-elle ajouté.
Cette soirée intervenait dans le cadre du Parcours conté organisé pendant la deuxième quinzaine du mois de novembre, alors que l'Est du département célébrait le conte avec le festival du conte en Périgord Noir, le festival du Lébérou qui fêtait ses 20 ans.
Cette soirée intervenait dans le cadre du Parcours conté organisé pendant la deuxième quinzaine du mois de novembre, alors que l'Est du département célébrait le conte avec le festival du conte en Périgord Noir, le festival du Lébérou qui fêtait ses 20 ans.
Les deux conteurs se sont rencontrés lors de l'édition 2003 du festival de la Vallée qui avait pour thème cette année-là : "La Vallée a de la mémoire". Il s'agissait de mettre en scène à travers diverses manifestations le livre Mémoire ouvrière et paysanne. Daniel Chavaroche et Jean-Claude Botton, pour leur part, avaient créé le conte "le café des sirènes".
Depuis, ils ont joué quelques fois ensemble mais il est vrai qu'ils ne
sont pas originaires du même pays, ce qui ne facilite pas leurs duos même si leur complicité est réelle quand ils partagent la scène. Tandis que Daniel Chavaroche, dont le
franc accent du Sud Ouest ne trompe pas, est natif de Sarlat http://www.artsmodestes.com/crbst_4.html,
Jean-Claude Botton est né à Vannes-sur-Cosson dans le Loiret, en Sologne. Si celui-ci vit
désormais dans le Loir-et-Cher, il reste très marqué par le pays de son enfance, "un territoire naturel, d'arbres, d'étangs, de gibiers". Il reste "intimement persuadé que ce terroir [l']a aidé au départ de ses activités de conteur". https://www.youtube.com/watch?v=UnJf7pLIcvM
Le lieu choisi pour ce spectacle, le café lib' de Bourrou, résonnait pour l'un comme pour l'autre de manière toute particulière. Jean-Claude Botton est né dans un café "au milieu d'histoires que les gars se racontaient" et Daniel Chavaroche, a-t-il confié au public, a été instituteur dans cette école devenue café associatif il y a un an et demi. C'est d'ailleurs cette histoire personnelle qui lui a permis d'introduire le spectacle. Il était, malgré tout, revenu dans les lieux au café lib' avec un spectacle intitulé "Zidor et Compagnie".
Avec humour, il a raconté son arrivée en 1970 dans cette salle de classe. Sa mission consistait à remplacer un enseignant incité à faire un "stage de recyclage" tandis que lui, fraîchement sorti de l'école normale, saurait nécessairement tout faire. La confrontation avec le terrain et notamment avec une classe unique lui avait fait relativiser les bonnes paroles institutionnelles. Il avait découvert "la pédagogie de la sensibilité" et la débrouillardise quand une élève, par exemple, était tombée dans des cabinets un peu trop larges.
En écho à ce parcours personnel, Jean-Claude Botton a alors pris la parole pour évoquer ses souvenirs dans les cafés où il a découvert la diversité des âmes humaines, évoqué les personnages de Marceau et Modestine, celui de Lucien très attaché au monument aux morts chargé d'histoire familiale.
"Chava" a repris le flambeau pour raconter une histoire de rugby, ce sport qui a "certainement conditionné sa façon d'être, de voir la vie mais sans doute aussi sa façon de conté". http://www.artsmodestes.com/crbst_4.html Cette longue séquence racontait, dans une description très vivante et jubilatoire, comment une bande de copains venus du Sud Ouest avait investi le Parc des Princes mais surtout le bar du stade pour une 3è mi temps haute en couleur mêlant conte et, sous couvert de boutade, réalisme voire description sociologique!
Le conte était la forme clairement utilisée dans l'histoire suivante racontée par l'artiste de Sologne où l'on partait sur les terres de son pays à la découverte d'une coutume inhabituelle : les hommes y jetaient dans les étangs des aînés "trop vieux", sauf un certain Robert qui n'avait pas réussi à respecter la tradition et bien lui en avait pris.
Une pause a ensuite été proposée aux spectateurs qui pouvaient se restaurer sur place en goûtant les soupes faites par les adhérents, les tartines de pâté, de fromage et de miel.
De retour dans la salle de classe, Daniel Chavaroche nous embarquait dans les cours du soir, objet d'un spectacle à part entière qu'il avait créé il y a quelques années, et un épisode savoureux, du moins pour le public : un jeune homme, féru d'histoire tout à sa passion vespérale, en oubliait ses devoirs conjugaux et découvrait, au hasard d'une conversation avec un collègue, qu'un certain Marcel Vergniol n'était pas un personnage célèbre de la Grande Histoire mais qu'il y jouait un rôle plus modeste et néanmoins important pour son épouse.
On s'éloignait ensuite de la Dordogne pour une histoire aux accents plus hispaniques introduite par la phrase célèbre d'Antonio Machado qui disait l'importance du chemin plutôt que son aboutissement (Caminante, no hay camino, se hace camino al andar). Une lavandière, Catalina, parvenait, malgré les obstacles, à réaliser ses voeux et ceux de ses proches.
Dans un récit aussi épique et hilarant que la 3è mi-temps du stade des Princes, Daniel Chavaroche emmenait le public dans un repas de battage à l'ancienne, coutume que la 2è Guerre Mondiale n'allait pas tarder à assombrir.
Enfin, un conte autour d'une belle jeune femme désirée par trois frères clôturait la soirée.
On aura apprécié le style différent de chaque conteur, l'un porté vers des histoires plus individuelles ou des anecdotes croustillantes, l'autre vers des histoires de bandes ou de groupes tenant presque de l'épopée aux destinées tragi-comiques, sachant pourtant faire écho aux histoires de l'autre, partageant le même plaisir d'amuser avec des histoires de villages universelles.
Même si le public semblait tout à fait disposé à entendre de nouvelles histoires dans une ambiance de veillée au coin du feu, il devait accepter que les bonnes choses aient une fin. Daniel Chavaroche a remercié le café pour le "boulot extraordinaire" réalisé afin de défendre "la culture" considérée comme "une nécessité", "pour éviter de devenir complètement barjo, pour partager des histoires, pour être ensemble". Après le spectacle, en aparté, Jean-Claude Botton a insisté lui aussi sur ce que les contes semblent apporter aux êtres humains : un moyen de se rapprocher les uns les autres. On en a bien besoin...
Texte et photos : Laura Sansot
Avec humour, il a raconté son arrivée en 1970 dans cette salle de classe. Sa mission consistait à remplacer un enseignant incité à faire un "stage de recyclage" tandis que lui, fraîchement sorti de l'école normale, saurait nécessairement tout faire. La confrontation avec le terrain et notamment avec une classe unique lui avait fait relativiser les bonnes paroles institutionnelles. Il avait découvert "la pédagogie de la sensibilité" et la débrouillardise quand une élève, par exemple, était tombée dans des cabinets un peu trop larges.
En écho à ce parcours personnel, Jean-Claude Botton a alors pris la parole pour évoquer ses souvenirs dans les cafés où il a découvert la diversité des âmes humaines, évoqué les personnages de Marceau et Modestine, celui de Lucien très attaché au monument aux morts chargé d'histoire familiale.
"Chava" a repris le flambeau pour raconter une histoire de rugby, ce sport qui a "certainement conditionné sa façon d'être, de voir la vie mais sans doute aussi sa façon de conté". http://www.artsmodestes.com/crbst_4.html Cette longue séquence racontait, dans une description très vivante et jubilatoire, comment une bande de copains venus du Sud Ouest avait investi le Parc des Princes mais surtout le bar du stade pour une 3è mi temps haute en couleur mêlant conte et, sous couvert de boutade, réalisme voire description sociologique!
Le conte était la forme clairement utilisée dans l'histoire suivante racontée par l'artiste de Sologne où l'on partait sur les terres de son pays à la découverte d'une coutume inhabituelle : les hommes y jetaient dans les étangs des aînés "trop vieux", sauf un certain Robert qui n'avait pas réussi à respecter la tradition et bien lui en avait pris.
Une pause a ensuite été proposée aux spectateurs qui pouvaient se restaurer sur place en goûtant les soupes faites par les adhérents, les tartines de pâté, de fromage et de miel.
De retour dans la salle de classe, Daniel Chavaroche nous embarquait dans les cours du soir, objet d'un spectacle à part entière qu'il avait créé il y a quelques années, et un épisode savoureux, du moins pour le public : un jeune homme, féru d'histoire tout à sa passion vespérale, en oubliait ses devoirs conjugaux et découvrait, au hasard d'une conversation avec un collègue, qu'un certain Marcel Vergniol n'était pas un personnage célèbre de la Grande Histoire mais qu'il y jouait un rôle plus modeste et néanmoins important pour son épouse.
On s'éloignait ensuite de la Dordogne pour une histoire aux accents plus hispaniques introduite par la phrase célèbre d'Antonio Machado qui disait l'importance du chemin plutôt que son aboutissement (Caminante, no hay camino, se hace camino al andar). Une lavandière, Catalina, parvenait, malgré les obstacles, à réaliser ses voeux et ceux de ses proches.
Dans un récit aussi épique et hilarant que la 3è mi-temps du stade des Princes, Daniel Chavaroche emmenait le public dans un repas de battage à l'ancienne, coutume que la 2è Guerre Mondiale n'allait pas tarder à assombrir.
Enfin, un conte autour d'une belle jeune femme désirée par trois frères clôturait la soirée.
On aura apprécié le style différent de chaque conteur, l'un porté vers des histoires plus individuelles ou des anecdotes croustillantes, l'autre vers des histoires de bandes ou de groupes tenant presque de l'épopée aux destinées tragi-comiques, sachant pourtant faire écho aux histoires de l'autre, partageant le même plaisir d'amuser avec des histoires de villages universelles.
Même si le public semblait tout à fait disposé à entendre de nouvelles histoires dans une ambiance de veillée au coin du feu, il devait accepter que les bonnes choses aient une fin. Daniel Chavaroche a remercié le café pour le "boulot extraordinaire" réalisé afin de défendre "la culture" considérée comme "une nécessité", "pour éviter de devenir complètement barjo, pour partager des histoires, pour être ensemble". Après le spectacle, en aparté, Jean-Claude Botton a insisté lui aussi sur ce que les contes semblent apporter aux êtres humains : un moyen de se rapprocher les uns les autres. On en a bien besoin...
Texte et photos : Laura Sansot
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