Les 4 et 5 décembre, c'était l'ouverture de la boutique Ribérécup' à Ribérac. Il s'agit d'une recyclerie issue de l'association C2R (Centre Ressources Ribéracois) fondée en décembre 2014.
La petite équipe qui l'a créée est composée de 4 membres actifs : Daniel, son président, chargé du développement de l'association notamment auprès des professionnels, associations et collectivités territoriales, Thaïs davantage impliquée dans la collecte et la valorisation des vêtements, Agatha dans celles des objets et Anthony dans celles des meubles et objets plus encombrants. Tous se sont connus à la recyclerie-ressourcerie de Bourdeilles.
de gauche à droite : Thaïs, Anthony, Agatha et Daniel
Leur contrat pour cette structure se finissant et très sensibles à l'écologie, au recyclage, ils ont décidé de mettre à profiter leurs compétences pour tenter une autre expérience dans ce domaine sur un territoire au réel potentiel, comme l'explique Agatha. Dans une petite ville comme Ribérac encore peu sensibilisée à l'environnement où les habitants fréquentent assidument la grande surface locale bien implantée, où il n'existe pas d'association de ce type, il y a des gisements de déchets à exploiter. Le maillage territorial en Dordogne commence à se densifier en la matière, entre le Tri-Cycle enchanté (Bourdeilles), le Pied Allez Trier (Montignac), Seconde vie (Montpon-Ménestérol), Question de culture (Bergerac), mais il n'existait rien dans le Ribéracois, comme l'avaient constaté Thaïs et Anthony, originaires de cette contrée du Périgord.Jusqu'à présent, l'équipe stockait les objets et matières récupérés dans deux granges. L'ouverture de la boutique dans un ancien salon de coiffure, louée à une propriétaire ravie que des jeunes s'impliquent et créent une structure inédite dans la ville, va permettre une plus grande visibilité, notamment auprès des habitants.
Les objets sont collectés le mardi et le jeudi gratuitement sur le Ribéracois. A partir de là, s'applique la règle des 4R. L'objet peut être Réemployé : "il peut resservir tel quel, ou bien il nécessité une opération de nettoyage, éventuellement de relookage mais il garde le même usage". Il peut être Réparé : "sur les meubles ou l'électronique, mais aussi sur les petits objets ou le textile. La réparation est parfois nécessaire pour l'objet continue sa vie". Le
projet d'activité de réparation en électro-ménager notamment pour
lutter contre l'obsolescence programmée, sur le modèle des Repair Café,
est envisagé avec enthousiasme par l'équipe pour 2016. Quand l'objet est inutilisable et difficilement réparable, il peut être Réutilisé : "il est alors démantelé (les matières et les éléments qui le composent sont séparés). Ces composants ou pièces détachées peuvent être ensuite réutilisés pour créer ou réparer d'autres objets (détournement, upcycling)". Enfin, il peut être Recyclé : "tous les composants ne pouvant être réutilisés partent vers leurs filières respectives de recyclage. Ils peuvent alors s'orienter vers une valorisation matière (on broie pour faire de nouveaux objets) ou vers une valorisation énergétique (on récupère l'énergie dégagée par la combustion".
L'équipe s'est même engagée dans la création à partir de pneus sur lesquels elle a placé des saladiers en inox.
L'équipe s'est même engagée dans la création à partir de pneus sur lesquels elle a placé des saladiers en inox.
photo extraite de : https://www.facebook.com/c2r.riberecup
Elle a aussi réalisé du mobilier très modulable. A partir de bambous, il est possible de créer des objets dont on peut décliner l'usage de différentes manières : des portants, porte-manteaux, perroquets qui ont été créés pour la boutique et pour le Café Pluche.Engagée dans un "mouvement global de transition de notre société", l'association a pour objectif de constituer une communauté d'objets pour une communauté de personnes, c'est-à-dire de favoriser l'accès à l'objet notamment par la location plutôt que la propriété définitive de l'objet et ainsi passer de la valeur marchande à la valeur d'usage, comme l'explique Daniel. Ainsi, il imagine avec ses amis fonctionner avec un système d'abonnement : payer une certaine somme par mois pour avoir droit à tant de kilos de meubles, de vêtements...Cette idée de propriété transitoire semble plus significative lorsque l'on évoque les vêtements pour enfants par exemple ou des objets particuliers dont l'usage est ponctuel, comme un pressoir à pommes. Daniel prend l'exemple du canapé dont la durée d'usage est en moyenne de 10 ans quand on n'a pas les moyens de le changer. Or, si l'on tient compte des habitudes nouvelles, de la mobilité croissante, du besoin de changer, d'avoir un intérieur qui nous ressemble, on peut passer à 3 ou 5 ans avec ce pool d'objets à disposition, sans pour autant favoriser la sur-consommation, voire allonger la durée de vie des objets. Afin d'alimenter cette communauté d'objets, de la renouveler, le projet est aussi de travailler avec des artisans et des artistes. C'est, en outre, une recyclerie 2.0 au sens où il s'agit d'encourager le modèle collaboratif : collecter les objets en fonction des demandes des particuliers ou des professionnels, ce qui suppose d'être réactif et flexible.
Pour mener à bien le projet, la volonté des membres de l'association est de se concentrer sur un territoire, celui de la CCPR (Communauté de Communes du Pays Ribéracois) afin de travailler sur des petites boucles, favorisant ainsi l'activité locale. Ce travail s'articule aussi avec des échelons territoriaux plus vastes, précise Daniel. La matière est d'ailleurs la base de l'activité, comme les diverses pancartes dans la boutique l'indiquent.
Parmi les projets pour 2016 et les années à venir, outre un accompagnement des professionnels dans leur gestion des déchets, un partenariat est envisagé avec la Mission Locale pour développer des actions de sensibilisation au développement durable, des ateliers de fabrication de cosmétiques maison ou de produits ménagers, qui pourraient être vendus sous forme de kit, sont prévus, pilotés par les deux jeunes femmes, fortes de leur savoir-faire acquis au Tri-Cycle Enchanté. En effet, la vente des objets et matières n'est pas suffisante pour assurer la création de l'emploi de ces jeunes qui mettent actuellement leurs allocations chômage et revenus de solidarité active au profit du développement de cette association. Car il s'agit bien de ce double objectif : créer de l'emploi et réduire l'impact environnemental de nos modes de consommation. On espère que la Région et l'Europe sauront reconnaître, par un coup de pouce financier, les efforts de cette petite équipe pour mettre en valeur son territoire. Quand on vous dit que les jeunes ont des idées...
Vous pouvez retrouver leur actualité sur le site : http://c2rriberecup.wix.com/recyclerie
et sur facebook : https://www.facebook.com/c2r.riberecup
La boutique sera ouverte les mercredis, vendredis et samedis de 10h à 18h.
Texte et photos : Laura Sansot
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