Les 11, 12 et 13
décembre 2015, au théâtre de la Poivrière, à St Astier, la compagnie File d’Agathe proposait sa
première création : L’Autre WhiteChapel.
La troupe est constituée de deux comédiens, Odile Lavie et Benoît Michel, entourés de deux metteurs en scène/coachs Justine Lautrette et Jérôme Chambon et assistés de Luca Stefanini aux lumières.
de gauche à droite : Odile Lavie, Justine Lautrette, Jérôme Chambon, Benoît Michel
Tous
les quatre se sont
rencontrés au cours de leur formation théâtrale à Bordeaux, Temps
d’M-Espace
pour l’acteur dirigé par Luc Faugère, explique Benoît Michel qui
lui-même a déjà un parcours de comédien important. Il joue pour le
cinéma, la télévision. http://www.agence-vdl.com/artiste.cfm/305682-benoit-michel.html
Souhaitant
donner suite à cet apprentissage et continuer de travailler ensemble, les jeunes gens ont
décidé en septembre 2012, à Montendre, de créer leur compagnie et leur premier spectacle, mis
sur pied en une dizaine de mois, qui tourne dans toute la France depuis 2 ans. La
troupe vient de jouer à Paris à l'Aktéon Théâtre du 9 septembre au 12 novembre et a été éligible aux P'tits Molières http://www.lesptitsmolieres.com/eligible2016.html.
Durant les nombreuses heures
d’improvisation encadrées par leurs coachs, selon la technique
qui leur a été enseignée, ils se sont lancés dans des sketches. Parmi les
exercices proposés, ils devaient poursuivre un début de phrase 3 fois 5 minutes
et le coach écrivait ce qu’il en sortait. Le nom de Jack l’Eventreur est sorti
deux fois. L’équipe est donc partie de là pour écrire ce spectacle, très
imprégné de la formation de ses comédiens elle-même marquée par l’improvisation
et le mime. Chaque prestation est l’occasion de prendre quelques libertés avec
le texte. Le décor très sobre, constitué uniquement des vêtements de scène
(créés pas Sophie Sarrazin-Colas) suspendus à des mannequins, oblige les comédiens uniquement par leur gestuelle
à donner à voir un décor imaginaire que seul vient soutenir un fonds sonore
d’ambiance.
Et cela fonctionne à merveille. En tenue très neutre, chemise blanche et pantalons ou jupes noirs, Mélody et Mickaël nous embarquent, en anglais avec traduction à l’appui, pour un vol à destination de Londres où la pièce se déroule. Un changement de costumes des comédiens nous plonge immédiatement dans l'East End de 1888.
Et cela fonctionne à merveille. En tenue très neutre, chemise blanche et pantalons ou jupes noirs, Mélody et Mickaël nous embarquent, en anglais avec traduction à l’appui, pour un vol à destination de Londres où la pièce se déroule. Un changement de costumes des comédiens nous plonge immédiatement dans l'East End de 1888.
Tour à tour, on
découvre le journaliste des bas-fonds Andrew Davis vêtu à la Sherlock Holmes
qui cherche à copiner avec tous les paumés du quartier de WhiteChapel afin de
soutirer des informations, prélude à quelques scoops pour son obscur journal,
The Punch, et la résolution de cette affaire de meurtres. Avant une rencontre
avec le journaliste de bas-étage et Penny Johnson,
cette prostituée apparaît sur scène, avec sa gouaille et sa voix éraillée, laissant libre cours à son imagination pour attirer souvent vainement les divers clients.
De retour chez elle, sa vie rêvée, loin des trottoirs de WhiteChapel, est bien vite rattrapée par une réalité bassement matérielle sans que la pièce ne verse dans le pathos. Au contraire, le rythme et les répliques pleines d’humour ne laissent jamais la place à la moindre pitié à l’égard de ce Londres pourtant misérable de la fin du XIXè siècle. D’ailleurs, Benoît Michel explique que le texte a été retravaillé, coupé pour donner de la vivacité au spectacle. Deux autres personnages joués par les mêmes comédiens, un médecin légiste, William, et une journaliste du Times, Emily, font entrer le public dans des sphères sociales plus élevées où les êtres humains semblent animer d’un égal souci de gloire dont on se moque plus aisément, faute d’excuse sociale. Ces séquences font alors pencher la pièce du côté de la farce.
Les différents témoins, sollicités pour faire avancer l'enquête, joués en alternance par Benoît Michel et Odile
Lavie, sont l’occasion de découvrir leurs talents à investir en quelques minutes les
différents personnages : un mousse, un vieux monsieur, un patron cigare au
bec, un homme efféminé, une commerçante, un couple d’Italiens...
On sort enthousiasmé par cette pièce au sujet plutôt morbide mais que le texte, la mise en scène, les comédiens rendent pleine de vie, de dynamisme. Les acteurs, d'une énergie à toute épreuve, investissent tout l'espace, non seulement la scène mais aussi les gradins tandis que le début du spectacle commence sans y avoir l'air. De cette manière, les spectateurs sont comme embarqués dans un nouvel univers. L'humour, parfois noir, jamais vulgaire, est au rendez-vous du début à la fin de la pièce. La pièce surprend par le parti pris choisi : l'horreur traitée sous la forme d'une comédie. Cependant, on comprend ce choix lorsque l'on réalise que le sujet n'est pas tant l'histoire de ce tueur en série, dont on n'a jamais découvert l'identité, que la comédie des relations humaines faites d'avidité, de jalousie, de machisme mais aussi d'amour.
cette prostituée apparaît sur scène, avec sa gouaille et sa voix éraillée, laissant libre cours à son imagination pour attirer souvent vainement les divers clients.
De retour chez elle, sa vie rêvée, loin des trottoirs de WhiteChapel, est bien vite rattrapée par une réalité bassement matérielle sans que la pièce ne verse dans le pathos. Au contraire, le rythme et les répliques pleines d’humour ne laissent jamais la place à la moindre pitié à l’égard de ce Londres pourtant misérable de la fin du XIXè siècle. D’ailleurs, Benoît Michel explique que le texte a été retravaillé, coupé pour donner de la vivacité au spectacle. Deux autres personnages joués par les mêmes comédiens, un médecin légiste, William, et une journaliste du Times, Emily, font entrer le public dans des sphères sociales plus élevées où les êtres humains semblent animer d’un égal souci de gloire dont on se moque plus aisément, faute d’excuse sociale. Ces séquences font alors pencher la pièce du côté de la farce.
Puis, les deux journalistes, que deux mondes distinguent mais que leur ambition rapproche, se côtoient finalement sur scène.
Le moment le
plus truculent est sûrement le dialogue entre un anthropologue, critique d’art et un
historien joué par un Benoît Michel très drôle, revêtu d’une perruque, à l’accent belge parfait,
où l’on se rie des deux personnages dissertant sur l’« art
crime ». Une vraie séquence d'anthologie.
Plusieurs fausses fins émaillent la séquence finale où l’histoire
entre dans le domaine du mythe et les comédiens annoncent aux spectateurs la
fin du voyage, prétexte à quelques pas de danse. On sort enthousiasmé par cette pièce au sujet plutôt morbide mais que le texte, la mise en scène, les comédiens rendent pleine de vie, de dynamisme. Les acteurs, d'une énergie à toute épreuve, investissent tout l'espace, non seulement la scène mais aussi les gradins tandis que le début du spectacle commence sans y avoir l'air. De cette manière, les spectateurs sont comme embarqués dans un nouvel univers. L'humour, parfois noir, jamais vulgaire, est au rendez-vous du début à la fin de la pièce. La pièce surprend par le parti pris choisi : l'horreur traitée sous la forme d'une comédie. Cependant, on comprend ce choix lorsque l'on réalise que le sujet n'est pas tant l'histoire de ce tueur en série, dont on n'a jamais découvert l'identité, que la comédie des relations humaines faites d'avidité, de jalousie, de machisme mais aussi d'amour.
La compagnie
projette une nouvelle création pour laquelle elle sera en résidence à partir de
février 2016 au Théâtre de la Poivrière. Le prochain spectacle, dans la même veine avec ce côté décalé qui
semble ravir le public, devrait être diffusé à partir de fin 2016, début 2017.
Retrouvez son actualité sur : https://www.facebook.com/ciefileagathe/
Texte et photos : Laura Sansot
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