Une quarantaine de
personnes étaient réunies, au Café Lib’ de Bourrou, ce lundi 16 février, pour
venir écouter le spectacle musical, humoristique et participatif intitulé :
"La vérité sur la vérité, conférence musico-illogique".
Marc Oriol, venu de Toulouse pour une tournée de 6 spectacles dans des centres culturels associatifs qui le mènera jusqu’en Auvergne, en était l’auteur. En effet, le réseau national des cafés associatifs tente actuellement de mutualiser les frais pour faire venir des artistes à un coût raisonnable et faire connaître auprès du public des spectacles étonnants et de qualité mais peu montrés. Pas de tarif d’entrée, chacun donne ce qu’il veut dans le chapeau !
Si Marc Oriol travaille
dans l’audiovisuel, il consacre une autre partie de sa vie, depuis 7-8 ans, à
monter des spectacles autour des instruments de musique qu’il crée lui-même. Il
peut aussi faire appel à d’autres artistes et utiliser le slam ou la poésie.
Pour le spectacle de Bourrou, c’était autour d’instruments tous plus originaux
les uns que les autres, confectionnés par l’artiste lui-même, que l’animation se
déroulait. Une belle créativité accompagnée d’un humour décalé pour présenter, avec
un charmant accent de Toulouse, toutes ces merveilles. Ainsi, on est passé de la
petite guitare en bois à une corde, jouée à l’horizontale pour les airs gais et
à la verticale à l’envers pour les airs tristes, à une guitare faite à partir
d’un dossier de chaise en bois,
au banjo (qui a été bien difficile à accorder, le moment d'en jouer en étant presque jubilatoire!),
à la guitare rose reliée à un ampli,
avec laquelle aurait pu jouer Cloclo dans sa salle de bain et dont « on trace l’origine à
Alexandrie voire dans le Mississippi »,
En rockeur en compagnie d'un spectateur (Paul du groupe de musique La Quincaillerie) visionnant quelques photos en 3D, clou de la soirée! |
de la guitare fabriquée avec une
canette vide affublée du titre de guitare de plage de la Méditerranée à la
guitare de l’Océan atlantique « à l’origine du funk »,
instrument idéal pour « s’affranchir des conventions bourgeoises du rythme
et de la tonalité ».
On
a découvert aussi une guitare carrée, propice à recevoir quelques billets de
100 euros de la part de spectateurs eux-mêmes surpris de sortir ces sommes mais
aussi une guitare dotée d’une chaussure à talon aiguille, fruit d’une ancienne
idylle de l’artiste avec une danseuse de flamenco unijambiste !
Hormis la
belle collection de guitares, le public a découvert une contrebasse de cuisine avec sa petite calebasse,
Je me fous du temps qui passe, chanson accompagnée de l'harmonica |
une petite maracasse en forme de galet de la Garonne qualifiée d’oeuf puis une
autre puis une troisième avec lesquelles Marc Oriol s’est mis à jongler,
expliquant que cela pouvait remplacer aisément une batterie, sa pratique ne
pouvant qu’attirer la gente féminine. Pour introduire cet instrument, sans se
départir de son sérieux, il a informé son auditoire que les origines du malaise
français étaient, en fait, un problème de rythme. Ces maracasses en étaient l’un
des remèdes. Dès lors que l’on se mettait à agiter deux œufs en même temps, on
prenait alors "contact avec le plus profond de soi-même" ! Des œufs chromés
plus gros donnaient, démonstration à l’appui, « une musique plus feutrée aux accents brésiliens ».
Une sorte
de flûte pittoresque, dotée de sa propre gamme et donc sans possibilité
d’accompagnement, a précisé, pince-sans rire, son artisan, ayant plus fonction
d’écharpeur de serments que de charmeur de serpents, a fait l’objet d’une
déambulation dans le public. Ce dernier devait répondre aux phrases humoristiques
chantées par l’artiste sur des promesses que l’on peut se faire comme
« jamais je ne jouerai en public
d’un instrument que je ne sais pas jouer ».
Car tout au long du
spectacle, les spectateurs étaient invités à participer en proposant des
phrases, des rimes qui faisaient écho à celles qu’il chantait. Marc Oriol tient
beaucoup, a-t-il expliqué après sa prestation, à ces interventions du public, à
ces échanges dont il émerge toujours quelque chose. Il aime « raconter des histoires loufoques » mais
surtout « chercher dans le moment »,
créer des « joutes verbales ».
Il ne rate aucune
occasion d’amuser l’assemblée entre des chansons ou des récits totalement foutraques sur
les instruments, comme lorsqu’il évoque les feuilles de papier pense-bête
qualifiées de prompteur manuel tournées l’une après l’autre, dans une pose rock
and roll ,ou encore un téléphone portable d’une spectatrice, prenant des photos
en rafales, affublé du titre de "téléphone Dassault". Incidemment des réflexions
plus sérieuses émergent, laissant apparaître une critique de la société
mercantile, d'une part, et la générosité de l’artiste, de l'autre. A la fin
d’une chanson, il propose à chacun des membres du public de venir chercher des exemplaires très anciens et uniques de Charlie Hebdo mais avec cette petite
restriction : « un seul par personne pour ne pas faire de
spéculation !» rejoignant des paroles d’une chanson de blues intitulée "Je me fous du temps qui passe" : « toutes
les choses que l’on amasse nous enchaînent à notre place » .
Encore une belle découverte à Bourrou. On attend les prochaines!
Texte et photos : Laura Sansot
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