Véronique
Bourdon et Johanna Gallard se sont rencontrées il y a un peu plus de
deux ans lors d'une formation en art du clown à Châlons-en-Champagne. La
première fait partie de la compagnie de spectacle vivant
Durama N'tama créée en 2004 et implantée à Nébian, à proximité de Clermont l'Hérault (34). Elle travaille avec Ivan Ferré.
http://ciedurama.blogspot.fr/
La seconde, danseuse de fil, est membre de la compagnie
Au fil du vent fondée à Aubervilliers il y a 14 ans
https://www.facebook.com/cieaufilduvent/. Celle-ci s'est installée en 2009 en Dordogne, du côté de Beaumont-du-Périgord. Elle a investi "la grange de Nojals, "
un lieu de répétition, de recherche, de création, de transmission et d'échanges". La compagnie de Véronique Bourdon "
crée des spectacles où le clown est toujours présent" mais en les ouvrant "
à d'autres univers et techniques" (conte africain, marionnettes, théâtre d'objets). De même, Johanna Gallard "
privilégi[e] une certaine transversalité entre les arts". Il était donc naturel pour elles de créer un spectacle qui mêle leurs arts respectifs.
Leur
duo s'est constitué il y a un an dans le cadre de l'opération Hors
Lits, un réseau d'actes artistiques qui existe depuis 2005, à
l'initiative d'un performeur et chorégraphe Leonardo Montecchia
originaire de Buenos Aires, installé en France depuis 1998. L'idée est
de proposer, lors d'une soirée, quatre performances de 20 minutes
chacune réalisées par des professionnels ou des amateurs dans des
maisons ou appartements d'une ville ou d'un village. Le public limité à
une vingtaine de personnes ne connaît pas à l'avance le programme et se
laisse guider à partir du point de rendez-vous fixé. Pour les artistes
qui ont de plus en plus de mal à se produire devant justifier sans cesse
leurs créations, c'est une opportunité formidable. Les spectateurs
versent 10 euros chacun pour la soirée, ce qui permet de rétribuer
équitablement les artistes à qui des particuliers prêtent leur domicile.
Ce réseau ne bénéficie d'aucune subvention, souhaitant rester
indépendant et refuse toute pédagogie autour du travail artiste qui,
selon son créateur, a tendance à infantiliser le spectateur. Il s'agit
plutôt de surprendre et développer l'esprit critique mais aussi
favoriser le lien de proximité entre public et créateurs. Le réseau
parti de Montpellier a essaimé en France puis en Europe et même
Outre-Atlantique.
C'est pour ce réseau que Johanna Gallard et
Véronique Bourdon ont décidé de créer ce spectacle et l'ont présenté en
janvier 2016 à Nébian. En octobre dernier, après une semaine de
résidence chez Johanna Gallard, le duo a été invité par l'association
"Un pt'tit verre de Dropt" dans le Lot-et-Garonne qui propose des
spectacles à domicile
http://www.sudouest.fr/2010/10/06/le-frigo-pour-decor-204541-3603.php
Depuis, cette petite forme de 30 minutes commence à tourner et a pour
l'instant été représentée uniquement à domicile. Il est vrai que le
spectacle n'aurait pas le même impact dans une grande salle, tant il
joue sur la proximité avec le public et sur la subtilité de jeu entre
les deux clowns et leurs acolytes.
Au début du spectacle, c'est un duo de clown qui se met en scène seul. Johanna Gallard qui interprète le personnage de Fourmi "
fai[t] du cirque depuis toute petite".
Elle a suivi une formation à l'école nationale du cirque Annie
Fratellini et Pierre Etaix et a fait plusieurs tournées avec le cirque
Joseph Bouglione de 1998 à 2001. Elle se dit "
fascinée par le clown depuis toujours". Quand elle était enfant, elle "
voulai[t] faire rire et pleurer sur le fil". Elle déclare: "
j'ai mis tout ce temps pour réaliser que je voulais aller vers le clown (...) et ça me rend heureuse".
Elle dégage, en effet, une réelle présence sur scène basée surtout sur
sa gestuelle et sa taille. Peu habituée à parler dans ses spectacles,
elle mise davantage sur le corps et joue le personnage de la timide
tandis
que sa partenaire qui endosse le personnage de Vénus se montre plus
prolixe, très à l'aise dans la direction des opérations. En
l'occurrence, Vénus a invité Fourmi dans le cadre de rencontres entre
consommateurs et producteurs afin de favoriser les circuits courts.
Interrogée sur son type de production,
Fourmi se livre à une mise en scène autour de l'oeuf avec sa complice de scène
voire avec l'aide du public masculin mis à contribution pour évaluer la résistance du produit.
Dans le décor d'une cuisine reconstituée, l'oeuf est tour à tour objet d'un jeu de cache cache sous les casseroles
voire de ping-pong qui finit lors d'un vol mal maîtrisé
en omelette aux herbes avec coquille intégrée (ingrédient miracle pour lutter contre l'ostéoporose!)
que le public, cette fois féminin et masculin, est invité à déguster en fin de spectacle!
Evidemment,
pour faire de si bons oeufs, la productrice a un secret. Fourmi, toute
fière part en coulisse, et rapporte un panier. L'effet de surprise est
radical pour petits et grands : il en sort une poule qui se met à
glousser.
Ce n'est plus Johanna Gallard qui monte sur le fil quoique...
mais sa poule qui est invitée à jouer les équilibristes sur des tabourets,
un morceau de bois
des casseroles.
La
danseuse sur fil fait du dressage de poules depuis un an. L'idée lui
est venue d'amis, Michel et Annie Gibé de la compagnie Zampanos créée en
1996 en Corse qui travaillent notamment avec une poule, un chien, des
rats
http://www.zampanos.net/ .
Un essai concluant avec la poule Irène du cirque Zampanos l'a incitée à
se lancer dans l'aventure. Elle entraîne ses poules plusieurs heures par
jour. Elles ne sont "
pas des animaux dressés" mais "
des partenaires de jeu et inspiratrices". Elle les voit "
comme des individus à part entière" et "
non comme des faiseurs de tour".
D'ailleurs, elle ne donne pas systématiquement de récompenses.
Lorsqu'Isis s'est montrée récalcitrante pour grimper sur les casseroles,
Johanna Gallard a adapté son jeu et sa partenaire aussi. Et puis, il y a
la nature à laquelle on ne peut échapper, ce qui rend le recours aux
mesures d'hygiène plus ou moins fréquentes pendant le spectacle en
fonction de ce que ces gallinacées ont mangé la veille!
Malaga, en ce dimanche après-midi, s'est montrée plus collaborative mais pour une issue qui aurait pu être fatale. Heureusement, artiste de cirque à part entière, elle a échappé à la marmite!
Ce
spectacle a déjà été donné à Douzillac, suite à une résidence en
novembre dernier, occasion de rencontrer des scolaires mais aussi de
réaliser des ateliers qui se poursuivront jusqu'en juin.
Un autre spectacle mettant en scène, cette fois, quatre poules avec un fil et un clown,
L'envol de la fourmi, a été créé par Johanna Gallard, seule en scène, à l'Agora de Boulazac les 16 et 17 janvier
http://www.agora-boulazac.fr/saison/lenvol-de-la-fourmi/.
En direction des scolaires, il va poursuivre son chemin par une tournée
dans le Bergeracois avec le soutien de la Ligue de l'enseignement. Il
sera aussi programmé dans le cadre du prochain festival de la Vallée :
La Vallée s'expose.
Après le salut des deux clowns, qui, fait exceptionnel, ont dévoilé leurs visages sans leurs nez rouges,
les hôtes, récemment installés en Dordogne et séduits par "
l'esprit familial (du CRAC) qui fait vivre le spectacle autrement dans un lieu qui ne lui est pas" à priori "
dédié",
Agnès Garcenot et l'hôtesse du lieu à Mensignac
invitaient à partager les mets que chacun avait apportés.
Prochain spectacle du CRAC les 3, 4, 5 mars :
Pardi!
Toutes les infos sur :
http://www.assocrac24.info/
Texte et photos : Laura Sansot
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