Depuis le 3 décembre 2016, un bar solidaire est ouvert à Périgueux.
Celle que l'on surnomme Zaza a tenu seule pendant 5 ans, jusqu'en 2010, un café au 49, route de Bergerac à Périgueux mais des problèmes de santé sont venus interrompre son activité. Isabelle Murat a exercé de nombreux métiers qu'elle estime avoir tous choisis. Leur point commun : permettre le contact, être avec les autres. Elle a travaillé dans la restauration, a vendu des glaces, fait des saisons. Elle a aussi été coiffeuse pendant 13 ans, après avoir passé un CAP en 7 mois, choisissant d'intervenir à domicile plutôt qu'en salon, occasion d'une plus grande proximité avec les gens. Elle tutoie facilement, s'informe du prénom et aime connaître la vie intime des personnes qu'elle rencontre sans pour autant être inquisitrice. Toutefois, sa joie de vivre, son franc-parler sans tabou, sa spontanéité, sa simplicité sont propices à la confidence. Elle se dit toujours très touchée de la confiance qu'une personne lui accorde quand elle se dévoile. Elle a ainsi connu les grands moments de la vie des personnes qu'elle a coiffées : "j"ai vu des papys mourir, des enfants naître et des adolescents devenus adultes se marier". L'avancée en âge et la maladie lui ont permis de faire le point et de réaliser ce qui était vraiment fondamental pour elle. Elle a été fonctionnaire pendant 10 ans et a choisi de démissionner. Une prise de risque qu'elle ne regrette pas.
"Tenir un bar, c'est un métier, tu es faites pour ça ou pas", estime-t-elle, et il semble que celui-ci soit fait pour elle. Cette femme fine et toute pimpante, le sourire aux lèvres accueille chaleureusement tous ceux qui se présentent dans son bar. Elle ne porte jamais de jugement sur ceux qui ont un penchant prononcé pour la bouteille : il y a toujours des raisons qui l'expliquent. Pour autant, elle ne s'en laisse pas compter et le client trop alcoolisé qui met la pagaille est vertement sorti du bar pour cuver son vin ailleurs.
Malgré tout, cette maîtresse femme semble éprouver une profonde tendresse à l'égard des personnes qu'elle reçoit. Quand nous l'interrogeons sur ce qui fait l'originalité de son établissement, un jeune client, qu'elle connaît visiblement depuis sa plus tendre enfance, n'hésite pas à répondre à sa place par ce magnifique compliment : "ce bar, ça consiste à rendre les gens heureux". En effet, quand on en ressort, on se sent tout requinqué de voir des personnes qui viennent consommer accueillies dans toutes leurs différences mais aussi des personnes profondément humaines et généreuses qu'elle ne manque pas d'attirer. Le nom du bar n'est donc pas un vain mot.
Parce que le fonds de ce débit de boisson dont elle est propriétaire ne se vendait pas, elle s'est dit, après son arrêt maladie de trois ans et deux ans de travail à mi-temps, que cela était peut-être un signe. En peu de temps, elle a donc développé son idée : elle allait créer un bar solidaire. "Chez Zaza" est devenu "Au Sourire".
Uniquement ouvert en continu le samedi, le bar est aussi accessible gratuitement sur rendez-vous le samedi ou les autres jours de la semaine aux associations, entreprises, collectifs mais aussi aux particuliers qui veulent se réunir. Chacun peut créer son évènement public ou privé. En échange, chaque participant apporte une denrée alimentaire non périssable et/ou une boisson alcoolisée ou pas et/ou un produit d'hygiène et/ou d'entretien.
Les produits récoltés depuis deux mois ont déjà permis deux épiceries solidaires (1 euro les deux articles au choix).
Les participants sont invités à consommer des boissons servies (avec générosité) au verre elles aussi à des prix solidaires de 1 euro (boissons non alcoolisées) ou 2 euros (boissons alcoolisées). Il y a même un système de jetons qui permet de consommer des boissons à des prix encore plus réduits. Si l'on échange ainsi 30 euros, on a droit à 35 jetons (soit 5 boissons non alcoolisées gratuites), 40 euros, on a droit à 47 jetons (7 boissons)... : "une solution pour les plus malins", qui se trouvent désargentés en fin de mois, pour s'offrir des verres sans débourser d'argent, explique Zaza. Il reste que le bar est un peu moins fréquenté à ce moment-là mais si les clients n'ont pas les moyens de consommer, elle apprécie qu'ils viennent simplement la saluer et faire un brin de causette. L'important pour elle, ce sont les liens qui peuvent se tisser dans ce lieu convivial et chaleureux où l'on privilégie l'Etre à l'Avoir. Elle reconnaît que "l'on peut vivre avec peu tout en étant heureux".
Depuis l'ouverture, la conceptrice du lieu est toute surprise et néanmoins ravie du succès rencontré : il est arrivé que trois évènements aient lieu la même semaine. Les éclaireuses et éclaireurs de France ont inauguré le concept. L'Université Populaire (UPOP) y a tenu une réunion mais aussi les Maraudeuses Périgourdines, un groupe du Jardin d'Echange Universel (JEU), l'association Aurore qui accompagne les personnes en situation de précarité. Educ et moi 24 (entreprise pour éduquer les chiots ou rééduquer les chiens adultes) y a assuré une formation. Terres d'Orient, qui promeut les danses orientales, y a organisé une soirée mais aussi le Yoga du rire 24. Nathalie, médium, a fait de la voyance gratuite. L'Association Solidarité et Amitié France Madagascar (SAFM) s'y est récemment réunie en présence de son parrain, Joël Janneot, champion paralympique de Boulazac.
Retrouvez toute l'actualité du bar solidaire Au sourire sur ce lien : https://www.facebook.com/muratisabelle/
Texte et photos (sauf mention contraire) : Laura Sansot
Celle que l'on surnomme Zaza a tenu seule pendant 5 ans, jusqu'en 2010, un café au 49, route de Bergerac à Périgueux mais des problèmes de santé sont venus interrompre son activité. Isabelle Murat a exercé de nombreux métiers qu'elle estime avoir tous choisis. Leur point commun : permettre le contact, être avec les autres. Elle a travaillé dans la restauration, a vendu des glaces, fait des saisons. Elle a aussi été coiffeuse pendant 13 ans, après avoir passé un CAP en 7 mois, choisissant d'intervenir à domicile plutôt qu'en salon, occasion d'une plus grande proximité avec les gens. Elle tutoie facilement, s'informe du prénom et aime connaître la vie intime des personnes qu'elle rencontre sans pour autant être inquisitrice. Toutefois, sa joie de vivre, son franc-parler sans tabou, sa spontanéité, sa simplicité sont propices à la confidence. Elle se dit toujours très touchée de la confiance qu'une personne lui accorde quand elle se dévoile. Elle a ainsi connu les grands moments de la vie des personnes qu'elle a coiffées : "j"ai vu des papys mourir, des enfants naître et des adolescents devenus adultes se marier". L'avancée en âge et la maladie lui ont permis de faire le point et de réaliser ce qui était vraiment fondamental pour elle. Elle a été fonctionnaire pendant 10 ans et a choisi de démissionner. Une prise de risque qu'elle ne regrette pas.
"Tenir un bar, c'est un métier, tu es faites pour ça ou pas", estime-t-elle, et il semble que celui-ci soit fait pour elle. Cette femme fine et toute pimpante, le sourire aux lèvres accueille chaleureusement tous ceux qui se présentent dans son bar. Elle ne porte jamais de jugement sur ceux qui ont un penchant prononcé pour la bouteille : il y a toujours des raisons qui l'expliquent. Pour autant, elle ne s'en laisse pas compter et le client trop alcoolisé qui met la pagaille est vertement sorti du bar pour cuver son vin ailleurs.
Malgré tout, cette maîtresse femme semble éprouver une profonde tendresse à l'égard des personnes qu'elle reçoit. Quand nous l'interrogeons sur ce qui fait l'originalité de son établissement, un jeune client, qu'elle connaît visiblement depuis sa plus tendre enfance, n'hésite pas à répondre à sa place par ce magnifique compliment : "ce bar, ça consiste à rendre les gens heureux". En effet, quand on en ressort, on se sent tout requinqué de voir des personnes qui viennent consommer accueillies dans toutes leurs différences mais aussi des personnes profondément humaines et généreuses qu'elle ne manque pas d'attirer. Le nom du bar n'est donc pas un vain mot.
Parce que le fonds de ce débit de boisson dont elle est propriétaire ne se vendait pas, elle s'est dit, après son arrêt maladie de trois ans et deux ans de travail à mi-temps, que cela était peut-être un signe. En peu de temps, elle a donc développé son idée : elle allait créer un bar solidaire. "Chez Zaza" est devenu "Au Sourire".
Uniquement ouvert en continu le samedi, le bar est aussi accessible gratuitement sur rendez-vous le samedi ou les autres jours de la semaine aux associations, entreprises, collectifs mais aussi aux particuliers qui veulent se réunir. Chacun peut créer son évènement public ou privé. En échange, chaque participant apporte une denrée alimentaire non périssable et/ou une boisson alcoolisée ou pas et/ou un produit d'hygiène et/ou d'entretien.
Les produits récoltés depuis deux mois ont déjà permis deux épiceries solidaires (1 euro les deux articles au choix).
Les participants sont invités à consommer des boissons servies (avec générosité) au verre elles aussi à des prix solidaires de 1 euro (boissons non alcoolisées) ou 2 euros (boissons alcoolisées). Il y a même un système de jetons qui permet de consommer des boissons à des prix encore plus réduits. Si l'on échange ainsi 30 euros, on a droit à 35 jetons (soit 5 boissons non alcoolisées gratuites), 40 euros, on a droit à 47 jetons (7 boissons)... : "une solution pour les plus malins", qui se trouvent désargentés en fin de mois, pour s'offrir des verres sans débourser d'argent, explique Zaza. Il reste que le bar est un peu moins fréquenté à ce moment-là mais si les clients n'ont pas les moyens de consommer, elle apprécie qu'ils viennent simplement la saluer et faire un brin de causette. L'important pour elle, ce sont les liens qui peuvent se tisser dans ce lieu convivial et chaleureux où l'on privilégie l'Etre à l'Avoir. Elle reconnaît que "l'on peut vivre avec peu tout en étant heureux".
Depuis l'ouverture, la conceptrice du lieu est toute surprise et néanmoins ravie du succès rencontré : il est arrivé que trois évènements aient lieu la même semaine. Les éclaireuses et éclaireurs de France ont inauguré le concept. L'Université Populaire (UPOP) y a tenu une réunion mais aussi les Maraudeuses Périgourdines, un groupe du Jardin d'Echange Universel (JEU), l'association Aurore qui accompagne les personnes en situation de précarité. Educ et moi 24 (entreprise pour éduquer les chiots ou rééduquer les chiens adultes) y a assuré une formation. Terres d'Orient, qui promeut les danses orientales, y a organisé une soirée mais aussi le Yoga du rire 24. Nathalie, médium, a fait de la voyance gratuite. L'Association Solidarité et Amitié France Madagascar (SAFM) s'y est récemment réunie en présence de son parrain, Joël Janneot, champion paralympique de Boulazac.
copyright : Isabelle Murat
En outre, Isabelle Murat accompagne les créateurs d'évènements dans la promotion. Une générosité rare et sincère dans un lieu discret. Alors, ayez la curiosité de pousser la porte, vous ne serez pas déçu!Retrouvez toute l'actualité du bar solidaire Au sourire sur ce lien : https://www.facebook.com/muratisabelle/
Texte et photos (sauf mention contraire) : Laura Sansot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire