Le 1er avril, avait lieu, dans l'appartement 932 du bâtiment C de la cité Jacqueline Auriol de Coulounieix-Chamiers, l'inauguration d'une résidence d'art, elle-même incluse dans un projet plus large intitulé "Vagabondage", à l'initiative de la compagnie périgourdine Ouïe Dire.
Cette association créée en 1994 pratique "l'écoute musicienne du monde ordinaire". Comme l'explique l'un des membres, Marc Pichelin, phonographiste, les artistes travaillent sur des projets très concrets : "partir du réel, d'un territoire particulier et observer". A partir de là, peuvent émerger des créations. La phonographie permet de réaliser de manière discrète mais profonde des photographies sonores de la vie de tous les jours dans des lieux explorés au plus près de "l'environnement des hommes". Des cartes postales sonores sont fréquemment utilisées mais sont aussi associées à d'autres modes artistiques (film, musique, BD, exposition...).
La compagnie a beaucoup voyagé en France pour différents projets donnant lieu à des productions artistiques variées (éditions, spectacles, expositions et/ou installations sonores). On peut citer un travail du côté de Capdenac (Aveyron) qui était l'occasion de plusieurs créations : des spectacles comme Potage et Potager (2013) dont nous avons déjà parlé http://artpericite.blogspot.fr/2016/05/potages-et-potagers-3e-volet-de-la.html, Cochonnailles (2009), L'estofinade (2008) et même une BD Lost on The Lot de Guillaume Guerse et Marc Pichelin à laquelle une exposition était dédiée. Son vernissage avait lieu ce 1er avril à 18h à proximité de l'appartement 932.
Un projet a été mené en 2011 sur la fin des abattoirs de Bordeaux : Ici on travaille encore. Une carte postale sonore et un concert performance sont nés d'un travail réalisé à Mhère dans le Morvan. La compagnie s'est déplacée aussi dans le Pas-de-Calais (Bribes et Au fond des jours), dans le Tarn, à Paris, en Gâtine, en région toulousaine...En outre, elle s'est expatriée aux Etats-Unis, à Atlanta, à New York mais aussi au Laos (Capitale : Ventiane), en Turquie (Izmit épicentre).
Une volonté de retour aux sources a poussé les membres de la compagnie, installée dans les locaux de l'Espace Britten de Périgueux, à s'intéresser à ce qui passait dans la communauté d'agglomération de Périgueux dont le territoire s'est récemment élargi et rassemble, de ce fait, des espaces divers, urbains, péri-urbains et ruraux. Depuis 2015, Ouïe Dire s'interroge avec les personnes rencontrées sur la manière d'occuper ce territoire et sur le sentiment d'appartenance dans le cadre du projet "Vagabondage". En 2016, l'équipe artistique a fait le choix de concentrer son attention sur un quartier prioritaire inscrit dans le cadre d'un Contrat Ville afin de capter sa transformation sous l'effet d'une rénovation urbaine qui doit durer 10 ans. Afin d'être au plus près des habitants, elle a sollicité le soutien de Périgueux Habitat et a obtenu de pouvoir s'installer sur place. L'appartement 932 lui a été octroyé. Elle va donc servir de résidence à des artistes puisqu'il s'agit d'un véritable lieu de vie (cuisine, bureau, chambres et salle de bain sont à disposition). C'est le projet "Vagabondage 932". Une enseignante du quartier, présente ce jour-là, s'est d'ailleurs dit très touchée par cette proximité avec les résidents de la cité.
Les premiers artistes à s'installer sont deux dessinateurs : Guillaume Guerse et Jean-Marc Troubet dit Troubs. Ce dernier est accueilli dans le cadre des résidences de l'art en Dordogne, un dispositif né en 1996, coordonné par l'Agence culturelle départementale de Dordogne qui offre "à des artistes plasticiens de s'immerger pendant trois mois dans un territoire et de mener des recherches à partir des ressources et des projets culturels du site qui les accueille".
Accrochées au mur, figuraient quelques planches extraites de la BD Va'a coréalisée avec Benjamin Flao et publiée en 2014 chez Futuropolis. Cette année-là, le dessinateur est parti avec son acolyte sur un lagon du Pacifique, celui de Fakarava, dans les îles Tuamotu, pour suivre une mission scientifique qui espérait relancer la fabrication des va'a, les pirogues polynésiennes. Les deux artistes sont allés à la rencontre des habitants pour découvrir leur mode de vie et leurs traditions qui évoluent sous l'effet de la modernité.
En 2009, Troubs s'est rendu au Turkménistan pendant 5 mois, voyage à l'origine d'une BD intitulée Sables noirs. Là aussi, l'appartement 932 exposait quelques planches et croquis.
Il s'agissait ainsi de présenter aux visiteurs la manière dont un des artistes avait coutume de travailler. D'ailleurs, Troubs va se remettre dans cette même position de voyageur, dans le cadre d'un "voyage de proximité", en s'associant à Guillaume Guerse pour
réaliser notamment des portraits de résidents de ce quartier de
Coulounieix-Chamiers. Les travaux des dessinateurs seront présentés en
septembre ou octobre en écho au festival de la BD de Bassillac.
Sur le quartier, ces artistes souhaitent engager ou poursuivre leurs rencontres avec les publics dont l'intérêt réside notamment dans leurs relations diverses au territoire pour mieux appréhender une "réalité disparate".
Le projet doit, en outre, faire l'objet d'un spectacle diffusé à l'Agora de Boulazac, un des partenaires depuis l'origine, en novembre 2017. Il pourra être suivi régulièrement par tout un chacun en consultant le site créé à cette occasion et qui était l'objet d'une présentation le 1er avril http://vagabondage932.com/. Une page facebook a aussi été publiée : https://www.facebook.com/vagabondage.ouiedire/
Comme il se doit, nous ne manquerons pas d'annoncer les prochaines présentations publiques des travaux réalisés.
Texte et photos : Laura Sansot
Les premiers artistes à s'installer sont deux dessinateurs : Guillaume Guerse et Jean-Marc Troubet dit Troubs. Ce dernier est accueilli dans le cadre des résidences de l'art en Dordogne, un dispositif né en 1996, coordonné par l'Agence culturelle départementale de Dordogne qui offre "à des artistes plasticiens de s'immerger pendant trois mois dans un territoire et de mener des recherches à partir des ressources et des projets culturels du site qui les accueille".
Troubs devant ses planches de BD
L'inauguration de cet appartement de résidence était l'occasion de rencontrer ce dessinateur de BD né en 1969 à Bordeaux. Formé aux Beaux-Arts de Toulouse et d'Angoulême, il réalise plusieurs livres puis se met à voyager à travers le monde. Son observation fine des espaces et des populations qu'il découvre est le fruit d'une immersion qu'il souhaite au long court pour être "un témoin attentif des vies qu'il partage". Elle donne lieu à des croquis, travail préparatoire aux planches qui seront le support de ses bandes-dessinées. Plusieurs carnets contenant ces croquis étaient d'ailleurs exposés.Accrochées au mur, figuraient quelques planches extraites de la BD Va'a coréalisée avec Benjamin Flao et publiée en 2014 chez Futuropolis. Cette année-là, le dessinateur est parti avec son acolyte sur un lagon du Pacifique, celui de Fakarava, dans les îles Tuamotu, pour suivre une mission scientifique qui espérait relancer la fabrication des va'a, les pirogues polynésiennes. Les deux artistes sont allés à la rencontre des habitants pour découvrir leur mode de vie et leurs traditions qui évoluent sous l'effet de la modernité.
En 2009, Troubs s'est rendu au Turkménistan pendant 5 mois, voyage à l'origine d'une BD intitulée Sables noirs. Là aussi, l'appartement 932 exposait quelques planches et croquis.
de gauche à droite : Marc Pichelin et Guillaume Guerse
Il est probable que les compositeurs Marc Pichelin et Jean-Léon Pallandre créent des cartes postales sonores, comme ils en sont coutumiers, issues d'entretiens, de rencontres. Ouïe Dire a, en effet, le projet de publier une édition phonographique, fruit de cette résidence.Sur le quartier, ces artistes souhaitent engager ou poursuivre leurs rencontres avec les publics dont l'intérêt réside notamment dans leurs relations diverses au territoire pour mieux appréhender une "réalité disparate".
Présentation des premiers dessins réalisés
Certains publics ont choisi d'y résider, d'autres subissent ce choix (comme les migrants), d'autres encore sont de passage (comme les gens du voyage), certains y travaillent (commerçant, artisans, agents de service public, travailleurs sociaux...) ou y sont élus. Cette diversité sur un même lieu s'ajoutera à celles de la ruralité et de la péri-urbanité incluses dans le projet global de Vagabondage. Marc Pichelin évoque son souhait d'aller du côté de la commune de Bourrou, nouvellement intégrée dans le Grand Périgueux, où les questions liées à l'agriculture biologique pourront être abordées mais aussi celle d'Agonac, très dynamique. Ce village envisage de développer des projets culturels, y compris son école tournée vers les sites patrimoniaux et motivée pour créer un parcours sonore.Le projet doit, en outre, faire l'objet d'un spectacle diffusé à l'Agora de Boulazac, un des partenaires depuis l'origine, en novembre 2017. Il pourra être suivi régulièrement par tout un chacun en consultant le site créé à cette occasion et qui était l'objet d'une présentation le 1er avril http://vagabondage932.com/. Une page facebook a aussi été publiée : https://www.facebook.com/vagabondage.ouiedire/
Comme il se doit, nous ne manquerons pas d'annoncer les prochaines présentations publiques des travaux réalisés.
Texte et photos : Laura Sansot
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