"La ruche qui dit oui" n'est pas une association
d'apiculteurs mais une « start-up sociale et solidaire », telle que
présentée sur le site https://www.laruchequiditoui.fr/fr Elle a été créée en France le 21
septembre 2011, date de l'ouverture de la première Ruche dans la banlieue
toulousaine (Fauga).
A l'origine, Guilhem Chéron, designer industriel de
formation qui a travaillé 15 ans dans le domaine de l'alimentation créative et domestique,
et Marc-David Choukroun, issu du monde de la communication et du développement
des projets web, associent leurs compétences. Après avoir mûri leur projet au
sein de l’incubateur d’une école de commerce, en décembre 2010, ils créent,
avec Mounir Mahjoubi, la société Equanum SAS appelée aussi Ruche-Mama. Ils
obtiennent le soutien financier de plusieurs entrepreneurs du web comme l'un
des fondateurs de marmiton.org mais aussi Marc Simonici (PDG et fondateur de
Meetic), Marie-Christine Levet (qui a travaillé pour Disney, Pepsi-Co et Club
Internet) cf. http://frenchweb.fr/jaina-capital/136539
et Xavier Niel (patron de Free).
Aujourd'hui, cette entreprise en pleine expansion compte 40
salariés. Le capital social appartient pour près des 2/3 aux fondateurs, 23,7% à un fonds d'investissement de la Banque Postale et 15,6% aux
entrepreneurs du web. Si Ruche-Mama est née en France, elle essaime en Europe,
en Belgique et en Italie. Depuis l'automne 2014, des Ruches ont été ouvertes à
Londres, Berlin, Barcelone et Madrid. En octobre 2014, on comptait 627 Ruches
(France et Belgique) mais il faut savoir qu'il s'en crée 20 à 50 par mois! En
Aquitaine, on en compte 69 en janvier 2015 et 7 en Dordogne (Marsac, Saint
Astier, Terrasson, Montignac, Sarlat, Bergerac, Lembras). Plus de 4000
producteurs participent à ce réseau qui rassemble plus de 100 000
consommateurs. Il s'agit de favoriser les échanges directs entre producteurs
locaux et consommateurs mais aussi une alimentation de qualité avec des
produits frais et fermiers et de redynamiser les liens sociaux autour de
l'alimentation. On privilégie le local car les producteurs ne doivent pas
exercer leur activité à plus de 250 kms et il s'agit de rémunérer le producteur
au prix juste. En effet, il reçoit environ 83% du prix de vente et le reste est
partagé entre, d'une part, les salariés du site qui travaillent au
développement de la plateforme Internet, assurent un support technique et
commercial et gèrent la construction du réseau et, d'autre part, les
responsables de Ruches. Cela permet notamment aux producteurs d'avoir un revenu régulier,
sécurisé, rapide (l'argent est versé sur leur compte en moins de 15 jours) et
de pouvoir mieux vivre de leur activité.
A la rencontre de Denis Testut, producteur et responsable de la Ruche de Marsac-sur-l'Isle
Si c'est un couple (Denis et Sophie Testut), qui a ouvert
cette ruche fin novembre 2014, au niveau national, ce sont plutôt des femmes
(80%) qui sont responsables de Ruches. Denis Testut est éleveur à La
Chapelle-Gonaguet et produit de la viande de boeuf, veau et porc. Il a d'abord
été contacté par la Ruche de Castillon-La-Bataille en tant que producteur. Il a
aussi fourni en viande celle de Saint Astier. Puis, il s'est lancé lui-même en
tant que responsable. Sachant qu'une autre Ruche devait se créer du côté de
Trélissac, Boulazac, il savait qu'il n'empiéterait pas sur un autre territoire
car un des principes éthiques est de favoriser la collaboration et le partage
avec les Ruches des alentours. Il a cherché un lieu : Ophélia Camandone et
Denis Porcher, dirigeants de la Brasserie artisanale de Marsac-sur-l'Isle (BAM)
depuis novembre 2013 située derrière le Mac Do, ont donné leur accord.
Le travail de Denis est de trouver des producteurs. Il
explique que cela n'a pas été très compliqué pour lui. Grâce aux marchés
festifs de producteurs (Riberac, Verteillac, La Chapelle Gonaguet...) au cours
desquels des producteurs font la cuisine pour faire déguster leurs produits, il
avait déjà tout un réseau. Actuellement, il est entouré de près de 25
producteurs dont lui-même qui fournit la viande. Il a même le projet de faire
venir des produits d'un pêcheur d'Arcachon pour 2 ou 3 ventes par an. Il met en
ligne la liste des produits disponibles et les consommateurs ont 6 jours pour
commander et payer en ligne jusqu'au mercredi. Certains produits comme la
volaille doivent être commandés plus tôt (au plus tard le lundi midi). La vente a lieu
le vendredi soir : les clients peuvent venir chercher leurs produits entre
17h30 et 19h. Ils ont juste à signer les bons de livraison que génère
automatiquement le site et que Denis a imprimés la veille.
Denis Testut vérifiant avec une productrice la liste des dernières commandes que des consommateurs devaient venir récupérer.
Le soir de la vente,
il valide le fait que la commande a bien été récupérée. Chaque Ruche a son site
auquel on accède en se connectant au site national. Le responsable poste des
messages sur l'actualité des produits, sur les prochaines ventes. Entre la
préparation des commandes, l'animation du site de vente et du site Internet, il
compte en moyenne 5 à 6 h de travail par semaine. Le complément de salaire que
lui apporte cette activité, le rapport direct au consommateur, la sécurité des
paiements et de l'écoulement de sa marchandise le motivent particulièrement.
Quant aux produits distribués, "ce sont ceux que je mange", dit-il. Quand il propose des produits transformés comme les yaourts, il veille à ce qu'il n'y ait pas de conservateur ni de colorant. Ce n'est pas systématiquement du bio mais il se montre soucieux de la qualité des produits. C'est d'ailleurs ce que viennent chercher les consommateurs. Josiane, 60 ans, sortant avec son panier, explique que "[s]on mari est de la campagne. Il aime tout ce qui est fermier". Puisqu'il fait lui-même le jardin, elle achète peu de légumes mais plutôt du lait, de la crème et du beurre et des volailles. Si elle ne recherche pas nécessairement des produits bio, elle recherche la qualité et reconnait qu'il est difficile de trouver des fermes autour de Périgueux. La Ruche est un moyen d'y accéder. Stéphanie, 42 ans, habitante de La Chapelle Gonaguet, qui a connu la Ruche par une information par mail des voisins et parce que M. et Mme Testut était des "connaissances de village" n'est pas non plus une adepte du bio à tout prix. Elle cherche surtout des "produits originaux" que l'on "ne trouve pas dans les rayons des grandes surfaces". Elle souhaite plutôt « manger local » et n'est pas du genre à manger "des tomates en hiver", par exemple. Il s'agit de "consommer autrement". "On court-circuite les autres filières et on évite les transports importants (...) Quitte à payer le même prix, je préfère acheter dans une Ruche que chez Auchan". Son idée est de "redynamiser le local". Elle poursuit : "On connaît les producteurs". Caroline, toute jeune sexagénaire, y est elle aussi favorable : « il n’y a pas d’intermédiaire, c’est plus logique, quand on sait combien les producteurs ont des difficultés ». Elle poursuit : «On est dans le local, il y a moins de frais, pas de transport d’avion ». Pour elle, c’est aussi « un moyen de rencontrer des gens ». Le seul souci est de « devoir anticiper les achats 2 jours avant » mais cela reste plus commode que le marché qui n’est « pas adapté à ses horaires » et qui suppose de trouver, souvent avec grande difficulté, une place pour se garer si l’on ne se lève pas assez tôt. De la Ruche, elle attend qu’il y ait encore davantage de produits mais elle sait que c’est le début et qu’il y a déjà beaucoup de producteurs.
Quant aux produits distribués, "ce sont ceux que je mange", dit-il. Quand il propose des produits transformés comme les yaourts, il veille à ce qu'il n'y ait pas de conservateur ni de colorant. Ce n'est pas systématiquement du bio mais il se montre soucieux de la qualité des produits. C'est d'ailleurs ce que viennent chercher les consommateurs. Josiane, 60 ans, sortant avec son panier, explique que "[s]on mari est de la campagne. Il aime tout ce qui est fermier". Puisqu'il fait lui-même le jardin, elle achète peu de légumes mais plutôt du lait, de la crème et du beurre et des volailles. Si elle ne recherche pas nécessairement des produits bio, elle recherche la qualité et reconnait qu'il est difficile de trouver des fermes autour de Périgueux. La Ruche est un moyen d'y accéder. Stéphanie, 42 ans, habitante de La Chapelle Gonaguet, qui a connu la Ruche par une information par mail des voisins et parce que M. et Mme Testut était des "connaissances de village" n'est pas non plus une adepte du bio à tout prix. Elle cherche surtout des "produits originaux" que l'on "ne trouve pas dans les rayons des grandes surfaces". Elle souhaite plutôt « manger local » et n'est pas du genre à manger "des tomates en hiver", par exemple. Il s'agit de "consommer autrement". "On court-circuite les autres filières et on évite les transports importants (...) Quitte à payer le même prix, je préfère acheter dans une Ruche que chez Auchan". Son idée est de "redynamiser le local". Elle poursuit : "On connaît les producteurs". Caroline, toute jeune sexagénaire, y est elle aussi favorable : « il n’y a pas d’intermédiaire, c’est plus logique, quand on sait combien les producteurs ont des difficultés ». Elle poursuit : «On est dans le local, il y a moins de frais, pas de transport d’avion ». Pour elle, c’est aussi « un moyen de rencontrer des gens ». Le seul souci est de « devoir anticiper les achats 2 jours avant » mais cela reste plus commode que le marché qui n’est « pas adapté à ses horaires » et qui suppose de trouver, souvent avec grande difficulté, une place pour se garer si l’on ne se lève pas assez tôt. De la Ruche, elle attend qu’il y ait encore davantage de produits mais elle sait que c’est le début et qu’il y a déjà beaucoup de producteurs.
En tant que vendeur, Denis Testut est plus intéressé par ce
système que par celui des AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture
Paysanne) car cela est "plus contraignant". Il faut s'engager
sur des paniers qui, dans certains cas, ne sont pas très variés notamment en
hiver, explique-t-il. Les AMAP sont animées par des bénévoles et cela n'est pas
toujours fiable. Pour lui, ce mode de vente est « plus souple ». "C'est
à la carte". C'est ce qu'exprime aussi Caroline, qui a été membre de ce type d'association mais en est
revenue. "Un panier imposé pour nous qui sommes deux" n'était
pas pratique, raconte-t-elle. Elle avait dû s'arranger avec une autre personne
mais l'entente n'avait pu durer et un souci avec la productrice l'avait fait
renoncer. Pour Stéphanie, l'AMAP
n'est pas adaptée : "on est quatre, je ne cuisine pas assez".
L'AMAP suppose des gros colis, explique-t-elle, alors qu'elle peut prendre des
produits pour 1kg. D'ailleurs, elle n'a pas pris une grosse commande : « j’en ai eu pour 15 euros »,
confie-t-elle. Malgré tout, elle s'interroge sur l'origine du concept et sur
les motivations des fondateurs de cette société liés à de grandes enseignes et
sur le fait que les produits ne sont pas moins chers. Elle sait, par une
connaissance, qu’ « il y a une controverse »,
voire une « gue-guerre » entre les Ruches et les AMAP et sait qu’un
texte est paru intitulé « La Ruche
qui dit non ! ». Nous avons retrouvé des références :
http://www.amapbiodevant.fr/blog/actualites/reseau/attention-une-amap-na-rien-a-voir-avec-les-principes-de-ruches/
Un autre article ouvre le débat qui n’est donc pas terminé :
A vous de vous faire votre avis!
Depuis ce reportage, la Ruche qui dit oui! de Marsac sur l'Isle a fermé ses portes (juillet 2016)
Texte et photos : Laura Sansot
Depuis ce reportage, la Ruche qui dit oui! de Marsac sur l'Isle a fermé ses portes (juillet 2016)
Texte et photos : Laura Sansot
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