Le 29 janvier, le petit village de Saint Germain des Prés accueillait un groupe nouvellement formé, "Cinq en scène". Le concert était coordonné par le collectif Les Voix de l'Hiver, géré par l'association Excit'Oeil, un partenariat entre Excideuil et la communauté de communes de Lanouaille qui appartient au réseau RESEAUnance(s), avec la soutien de la commune d'accueil et l'Agence Culturelle Départementale. C'est Jur qui devait se produire ce soir-là, a rappelé Dominique Le Lan-Tallet, la présidente d'Excit'Oeil, mais enceinte, elle avait dû y renoncer. Le public ne devait pas pour autant regretter d'être venu car il allait découvrir "des créateurs à part entière de leurs textes et de leurs musiques", a-t-elle annoncé. Prévenu à l'avance, il avait fait le placement en nombre puisque la salle était comble, ce dont s'est félicité, en fin de concert, Daguerre, un des membres du groupe, estimant de nos jours comme un acte militant de sortir de chez soi pour aller écouter de la musique.
Comme l'explique Fabien Boeuf, un autre membre du quintet, le groupe s'est constitué récemment. Tous les cinq sont passés par les Rencontres d'Asttafort, inaugurées en 1994, portées par l'association Voix du Sud créée par Francis Cabrel. Ces rencontres sont des stages de réflexion et de création qui s'adressent à la fois à de "jeunes artistes indépendants dotés d'une expérience significative et porteurs d'un projet professionnel, sélectionnés dans les "Labos chanson"", ainsi qu'à de "jeunes artistes déjà repérés et inscrits par des structures professionnelles" http://www.voixdusud.com/rencontres_astaffort.html. Le directeur de ces Voix du Sud, Pascal Bagnara, un professionnel qui a l'oeil et l'ouïe pour rassembler des artistes, a eu l'idée de créer un groupe qui réunirait des musiciens et chanteurs d'Aquitaine : Laurie Batista de Gironde, Fabien Boeuf des Landes, Kevin Castagna de Dordogne, Olivier Daguerre du Pays Basque. En septembre dernier, deux jours ont suffi aux jeunes gens pour savoir qu'ils pourraient travailler ensemble tant sur le plan humain qu'artistique. Ils sont donc partis en résidence en novembre. Pendant 7 jours, ils ont construit le spectacle dont la direction artistique a été confiée à Bertille Fraisse, chargée des arrangements, et la mise en scène à Philippe Prohom. L'intérêt était de réunir des auteurs-compositeurs-interprètes pour mettre en valeur pour chacun trois de leurs créations, tandis que les autres les accompagnaient, mais aussi d'écrire des chansons inédites pour l'occasion. C'était une manière de faire parler de soi et de s'enrichir des univers différents des uns et des autres. Et, en effet, l'éclectisme des membres du groupe était conservé mais une belle harmonie se révélait entre eux.
Le concert a débuté avec l'extravertie et facétieuse Laurie Batista, chanteuse multi-instrumentiste, prof de jazz à Bordeaux, membre de la compagnie Emilbus qui allie danse, musique et théâtre improvisé http://www.emilbus.fr/ mais aussi de multiples groupes aux diverses influences musicales : Elemek (pop, électro, jazz), reQ, (post jazz), L'nude (violoncelle, voix), l'Ensemble UN (musique contemporaine). Elle lançait le spectacle, dans un style un peu ethnique, pour une quête de l'être aimé avec "Tout là haut".
Kévin Castagna lui succédait au chant et à la guitare avec le titre "La marelle". L'accompagnement de ses compères, discret et doux, n'enlevait rien à la portée du texte, une évocation du temps qui passe, "l'enfance qui se barre en silence", "voir ce vent qui passe souffler sur nos vies". Au contraire, elle lui donnait une épaisseur et le violon de Bertille Fraisse lui offrait une pointe de mélancolie.
L'usage de l'électronique donnait à dessein (vous comprendrez en écoutant la chanson) un côté lunaire au titre de Fabien Boeuf "Avec les bouteilles", une forme de ballade très poétique, transportant l'auditeur d'un univers aquatique à un univers plus aride (au sens propre et figuré) pour mieux s'en extraire et s'envoler vers des sphères plus lointaines et évanescentes http://www.fabienboeuf.com/. Dans un style plus rock et un look à la Bertrand Cantat, Daguerre, interprétait la belle chanson d'amour "Giulia" http://www.daguerre.mu/.
Une ambiance plus planante, voire nostalgique, accompagnait "Ma voûte occipitale" qui s'était "fait la malle", interprétée par Laurie Batista.
On retrouvait ce thème de l'enfermement dans "La grille", une composition paroles et musiques de Kévin Castagna spécialement réalisée pour le groupe et reprise en bis à la fin du concert, mais traité d'une manière radicalement différente, presque rageuse, où les artistes se donnaient avec générosité, pour "la caution rock'n roll du set" (dixit).
Après ce morceau plein d'énergie, une chanson plaçait en duo la douce voix de Bertille Fraisse et un Kévin Castagna radouci tandis que les trois autres musiciens, assis par terre en rond, maniaient de petites percussions dont le xylophone donnait des airs de comptine pour un morceau émouvant plein de tendresse sur l'amour et la vieillesse.
Fabien Boeuf revenait en vedette pour chanter "Nu et claire", magnifique chanson sur le nucléaire où la douceur de la voix contrastait avec les noms de centrales égrenés tout le long du titre rendant encore plus terrifiant le sujet dont on parlait. Une forme d'engagement d'autant plus fort qu'il était suggéré.
Une dernière chanson composée par Fabien Boeuf clôturait le concert, "La cheminée" dans une ambiance plus intimiste, avec juste une guitare acoustique, où le texte semblait faire écho à "La Marelle" de Kévin Castagna.
On aurait apprécié quelques minutes supplémentaires, tant étaient enthousiasmantes ces découvertes musicales. Juste un aperçu de ces talents avec des titres qui ont fait leurs preuves, comme une invitation à les connaître davantage en allant les écouter chacun en concert ou ensemble puisque Daguerre et Bertille se sont associés sur un album éponyme dans une grande complicité musicale http://www.daguerre.mu/. Si le groupe ne revendique pas de lien particulier entre les chansons, il y a ce même amour du texte, l'amour tout court aussi qui revient beaucoup, comme un rempart aux angoisses, aux peurs de la vieillesse, de l'oubli, du temps qui passe, de la destruction du monde.
Cette formation musicale qu'ils ont constituée parvient à donner plus de force et d'intensité à leurs chansons respectives sans briser leur individualité, un réel pari, une mise en danger pour des artistes dont la notoriété, naissante pour certains, plus affirmée pour d'autres, pourrait les inciter à plus d'ego. Le désir d'un enrichissement mutuel a sûrement été plus fort laissant deviner une ouverture artistique forte de ces auteurs-compositeurs-interprètes dont certains chanteurs très connus pourraient s'inspirer.
photo extraite de : http://www.culturedordogne.fr/la-saison/spectacles-expos/item/1761-5-en-scene.html
Comme l'explique Fabien Boeuf, un autre membre du quintet, le groupe s'est constitué récemment. Tous les cinq sont passés par les Rencontres d'Asttafort, inaugurées en 1994, portées par l'association Voix du Sud créée par Francis Cabrel. Ces rencontres sont des stages de réflexion et de création qui s'adressent à la fois à de "jeunes artistes indépendants dotés d'une expérience significative et porteurs d'un projet professionnel, sélectionnés dans les "Labos chanson"", ainsi qu'à de "jeunes artistes déjà repérés et inscrits par des structures professionnelles" http://www.voixdusud.com/rencontres_astaffort.html. Le directeur de ces Voix du Sud, Pascal Bagnara, un professionnel qui a l'oeil et l'ouïe pour rassembler des artistes, a eu l'idée de créer un groupe qui réunirait des musiciens et chanteurs d'Aquitaine : Laurie Batista de Gironde, Fabien Boeuf des Landes, Kevin Castagna de Dordogne, Olivier Daguerre du Pays Basque. En septembre dernier, deux jours ont suffi aux jeunes gens pour savoir qu'ils pourraient travailler ensemble tant sur le plan humain qu'artistique. Ils sont donc partis en résidence en novembre. Pendant 7 jours, ils ont construit le spectacle dont la direction artistique a été confiée à Bertille Fraisse, chargée des arrangements, et la mise en scène à Philippe Prohom. L'intérêt était de réunir des auteurs-compositeurs-interprètes pour mettre en valeur pour chacun trois de leurs créations, tandis que les autres les accompagnaient, mais aussi d'écrire des chansons inédites pour l'occasion. C'était une manière de faire parler de soi et de s'enrichir des univers différents des uns et des autres. Et, en effet, l'éclectisme des membres du groupe était conservé mais une belle harmonie se révélait entre eux.
Le concert a débuté avec l'extravertie et facétieuse Laurie Batista, chanteuse multi-instrumentiste, prof de jazz à Bordeaux, membre de la compagnie Emilbus qui allie danse, musique et théâtre improvisé http://www.emilbus.fr/ mais aussi de multiples groupes aux diverses influences musicales : Elemek (pop, électro, jazz), reQ, (post jazz), L'nude (violoncelle, voix), l'Ensemble UN (musique contemporaine). Elle lançait le spectacle, dans un style un peu ethnique, pour une quête de l'être aimé avec "Tout là haut".
Kévin Castagna lui succédait au chant et à la guitare avec le titre "La marelle". L'accompagnement de ses compères, discret et doux, n'enlevait rien à la portée du texte, une évocation du temps qui passe, "l'enfance qui se barre en silence", "voir ce vent qui passe souffler sur nos vies". Au contraire, elle lui donnait une épaisseur et le violon de Bertille Fraisse lui offrait une pointe de mélancolie.
L'usage de l'électronique donnait à dessein (vous comprendrez en écoutant la chanson) un côté lunaire au titre de Fabien Boeuf "Avec les bouteilles", une forme de ballade très poétique, transportant l'auditeur d'un univers aquatique à un univers plus aride (au sens propre et figuré) pour mieux s'en extraire et s'envoler vers des sphères plus lointaines et évanescentes http://www.fabienboeuf.com/. Dans un style plus rock et un look à la Bertrand Cantat, Daguerre, interprétait la belle chanson d'amour "Giulia" http://www.daguerre.mu/.
Une ambiance plus planante, voire nostalgique, accompagnait "Ma voûte occipitale" qui s'était "fait la malle", interprétée par Laurie Batista.
On retrouvait ce thème de l'enfermement dans "La grille", une composition paroles et musiques de Kévin Castagna spécialement réalisée pour le groupe et reprise en bis à la fin du concert, mais traité d'une manière radicalement différente, presque rageuse, où les artistes se donnaient avec générosité, pour "la caution rock'n roll du set" (dixit).
Après ce morceau plein d'énergie, une chanson plaçait en duo la douce voix de Bertille Fraisse et un Kévin Castagna radouci tandis que les trois autres musiciens, assis par terre en rond, maniaient de petites percussions dont le xylophone donnait des airs de comptine pour un morceau émouvant plein de tendresse sur l'amour et la vieillesse.
Laurie Batista reprenait le micro accompagnée par la voix de Bertille Fraisse pour une chanson d'amour, aussi inédite, "L'indélicatesse".
Fabien Boeuf revenait en vedette pour chanter "Nu et claire", magnifique chanson sur le nucléaire où la douceur de la voix contrastait avec les noms de centrales égrenés tout le long du titre rendant encore plus terrifiant le sujet dont on parlait. Une forme d'engagement d'autant plus fort qu'il était suggéré.
Daguerre reprenait du service dans un morceau plus collectif et entraînant "Pour deux" où Kevin Castagna l'accompagnait à la voix et la guitare et les jeunes femmes reprenaient en choeur la partie féminine de la chanson initiale. On y parlait d'un homme dont la féminité, la poésie, la tendresse semblaient l'avoir quitté et s'en remettait à sa compagne, comme une ôde la femme.
On aurait apprécié quelques minutes supplémentaires, tant étaient enthousiasmantes ces découvertes musicales. Juste un aperçu de ces talents avec des titres qui ont fait leurs preuves, comme une invitation à les connaître davantage en allant les écouter chacun en concert ou ensemble puisque Daguerre et Bertille se sont associés sur un album éponyme dans une grande complicité musicale http://www.daguerre.mu/. Si le groupe ne revendique pas de lien particulier entre les chansons, il y a ce même amour du texte, l'amour tout court aussi qui revient beaucoup, comme un rempart aux angoisses, aux peurs de la vieillesse, de l'oubli, du temps qui passe, de la destruction du monde.
Cette formation musicale qu'ils ont constituée parvient à donner plus de force et d'intensité à leurs chansons respectives sans briser leur individualité, un réel pari, une mise en danger pour des artistes dont la notoriété, naissante pour certains, plus affirmée pour d'autres, pourrait les inciter à plus d'ego. Le désir d'un enrichissement mutuel a sûrement été plus fort laissant deviner une ouverture artistique forte de ces auteurs-compositeurs-interprètes dont certains chanteurs très connus pourraient s'inspirer.
Prochain concert du groupe Cinq en scène à Chinon le 15 avril.
Et pour vous faire une petite idée en image, voici le teaser : https://www.youtube.com/watch?v=U-RpCY07A5A
Texte et photos : Laura Sansot
Et pour vous faire une petite idée en image, voici le teaser : https://www.youtube.com/watch?v=U-RpCY07A5A
Texte et photos : Laura Sansot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire