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13/04/2015

L'ANIMATEUR DE LA VELO-ECOLE DE BORDEAUX INVITÉ DU COLLECTIF VELORUTION 24

Le collectif Vélorution 24 a été créé en 2009 et s'est animé pendant une année scolaire. Quelques anciens ont voulu relancer l'aventure, faisant le constat que le vélo hors Voie Verte avait toujours une place réduite dans la ville. Le groupe s'est remis en selle en novembre 2014 avec une mani-festive le 2è samedi de chaque mois au cours de laquelle les membres font un tour de ville à bicyclette pour aller à la rencontre des habitants et les inciter à une utilisation du vélo comme moyen de transport et pas uniquement comme objet de loisir. Cette manifestation est aussi l'occasion d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur une nécessaire adaptation de la ville au vélo en multipliant les aménagements et pas seulement sur les voies sur berges.

Le vendredi 10 avril, le collectif Vélorution 24 accueillait, à la médiathèque de Trélissac, François Nora, salarié à mi-temps de Vélo-Cité, l'association bordelaise http://velo-cite.org/. Son travail est axé sur la vélo-école dont il se proposait de parler afin de faire peut-être des émules au sein du collectif périgourdin.  
L'objectif de Vélo-Cité, qui compte aussi une directrice à plein temps, est de défendre et de promouvoir le cyclisme urbain. Cette association a été créée en 1980 au temps où il y a avait, photo à appui de la démonstration, 10 voies sur les quais. Aujourd'hui, il y a 2 fois 2 voies et des pistes cyclables. Forte de 450 adhérents (même si elle en a compté jusqu'à 1000), d'un CA de 15 personnes, dotée de 54 000 euros de subventions dont une grosse part paie les deux salariés, elle est un interlocuteur à part entière, un expert pour les pouvoirs publics. Elle est consultée pour les aménagements cyclables en zone urbaine, fait remonter les dysfonctionnements liés au vélo, notamment grâce à des cyclo-fiches (photo, lieu, nature du problème) centralisées par la directrice. Cet outil permet de donner une visibilité et une image dynamique de l'association. En revanche, elle n'anime pas d'atelier de réparation. D'autres structures s'en occupent. A la question de savoir si elle fait partie d'un réseau de Vélo-Cité, il ne semble que ce ne soit pas le cas. Toutefois, elle fait partie de la FUB (Fédération de Usagers de la Bicyclette) http://www.fubicy.org/, basée à Strasbourg, qui réunit 190 associations. Une cartographie des vélo-écoles est en cours. Il y aurait 36 vélo-écoles, c'est-à-dire encore assez peu.
François Nora est un initiateur mobilité à vélo. Il s'agit d'un nouveau métier pour lequel on peut obtenir un brevet délivré notamment par la FUB. Par ailleurs, en novembre 2015, une formation pour créer une vélo-école sera proposée par la fédération http://www.fubicy.org/IMG/pdf/programme_formation_couleurs.pdf .
Fort de cette qualification, l'intervenant explique que la vélo-école s'adresse aux adultes grands débutants qui s'inscrivent souvent car ils n'ont pas de permis voiture afin d'être plus mobile, plus autonome et d'être mieux insérés dans la société. Il s'agit d'apprendre à circuler en ville en toute sécurité. La vélo-école travaille donc au moins sur deux champs : la mobilité et le développement durable, multipliant ainsi les chances d'obtenir davantage de subventions, de développer des projets associatifs et de toucher un plus large public.
Ce projet de vélo-école a été créé en 2008 grâce aux subventions au Fonds Social Européen. Des partenariats avec des centres sociaux, Promo-femmes, MDSI... ont été mis en place. Le succès est au rendez-vous puisque les listes d'attente s'allongent. En 2013, il y avait 3 sessions de stage par an. Avec son embauche,  François Nora a proposé de passer à 6 en 2014. En 2015, il y en aura 7!
Lors du stage, sont fournis un vélo (évidemment!), un casque, une chasuble, une cape de pluie, les éléments de base de la sécurité. Toute vélo-école peut facilement se doter de ces équipements à des prix raisonnables. Il est possible de commencer les sessions avec 4 stagiaires. Ceux-ci déboursent entre 20 et 140 euros en fonction du quotient familial, tel que défini par la CAF. Au départ, il y avait un prix unique de 85 euros mais François Nora a estimé qu'il était plus juste de tenir compte de la situation sociale du stagiaire. La FUB est très aidante pour les organisateurs, fournissant de nombreux documents. L'initiateur mobilité vélo a rappelé l'équipement obligatoire d'un cycliste : lumière avant et arrière, réflecteurs sur les roues et sur les pédales, système de freinage, sonnette audible à 30 m.
4 modules sont proposés : j'apprivoise mon vélo, j'apprends à circuler, je roule en ville, l'accompagnement en ville. Généralement, les sessions comprennent 8 stagiaires encadrés par 2 à 4 personnes. Pour les valoriser, l'initiateur n'hésite pas à les convaincre qu'une fois le stage réalisé, soit au bout de 6,5 semaines (2 fois 2h par semaine, soit 26h en tout sur 3 créneaux horaires sachant que le soir où la circulation est intense est peu recommandé), ils auront acquis les bonnes pratiques, contrairement à un bon nombre de cyclistes initiés depuis leur enfance parfois à de mauvais réflexes. Une personne de l'assistance renchérit en évoquant le comportement catastrophique de certains cyclistes mais, en même temps, les adeptes de ce type de déplacement sont le "poil à gratter de la circulation", expression qui retient l'attention de l'intervenant. En effet, il insiste auprès des stagiaires pour qu'ils prennent leur place dans la circulation. Les cyclistes ont autant le droit d'exister que les automobilistes voire même plus puisqu'ils ne polluent pas, ont moins de chance d'envoyer un congénère à l'hôpital. Il fait remarquer, à ce sujet, que dans les accidents entre vélo et automobile, la plupart du temps, c'est cette dernière qui est responsable. Les stagiaires parlent souvent du stage comme un moment de plaisir, de détente, occasion de les rendre plus attentifs à la circulation et aux règles de sécurité. Lors du stage, l'initiateur n'hésite pas à mettre les membres du groupe en situation sur un petit circuit. Le public est essentiellement composé de femmes. Seuls deux hommes, en 2014, ont franchi le pas. Il s'agit surtout de femmes d'origine étrangère, notamment maghrébines, qui n'ont pas eu la chance d'apprendre le vélo avant l'âge de 10 ans, âge semble-t-il limite pour s'exposer en public, selon François Nora. Les stagiaires ont plutôt entre 30 et 65 ans. Certains évoquent un rêve d'enfant, une autre parle de sa motivation pour accompagner son mari et ses enfants en balade en vacances. La plupart n'ont jamais fait de vélo, quelques-uns peuvent en avoir fait dans leur jeunesse mais un accident peut avoir interrompu leur pratique depuis. Il s'agit donc de mettre ou remettre en selle. Les stagiaires peuvent exprimer un sentiment de honte de ne pas savoir en faire. Faire du vélo lorsque l'on est peu habitué suppose de vaincre le regard des autres. Une question est alors posée de savoir si l'image du cycliste est plus facile à valoriser à Bordeaux, ville plus cycliste que Périgueux. Un débat s'engage alors sur le sujet. Le public périgourdin évoque le nombre réduit de collégiens, lycéens qui circulent à vélo, l'image "ringarde" que les cyclistes peuvent avoir sauf avec des vélos plus tendance comme les fixies. François Nora reconnaît que Bordeaux est une ville organisée pour le vélo, avec des pistes, des logos...Le développement des aménagements a eu un effet d'entraînement.  "Dans le fond", explique le promoteur de la vélo-école, "tout le monde aime le vélo, ce qui cloche, c'est l'usage quotidien". La difficulté est dans le passage à l'acte. C'est vrai, reconnaît un membre de l'assistance, "quand on fait du vélo, on se dévoile", "il faut une forme de courage". Du coup, il manque souvent une impulsion. François Nora incite le collectif à fédérer les usagers loisirs du vélo, ceux qui utilisent le vélo le week-end ou pendant les vacances.
Outre la vélo-école, François Nora s'occupe aussi, pour la deuxième année, de la fête nationale du Vélo http://www.feteduvelo.fr/ qui aura lieu cette année les 6 et 7 juin. 
L'année dernière, la balade collective avait réuni 200 personnes http://velo-cite.org/spip.php?article385 depuis Bordeaux jusqu'à Lormont. Avait été conviée une fanfare, proposé une fanfare, une démonstration de monocycle basket, un apéro (payé par la mairie), un pique-nique sorti du sac. Cette année, il espère attirer 300 personnes, cette fois-ci du côté de Villenave d'Ornon. Il sera proposé aux participants de décorer leur vélo, d'assister à un spectacle de clowns contemporains, d'un groupe de jazz, à un débat de 30 minutes sur le vélo. L'idée est de créer un évènement sympa. La ville qui co-pilote est très engagée dans cette initiative. Alors que, l'année dernière, 2 associations vélo s'étaient associées, elles seront 10 en 2015. Les vélocistes ont été sollicités et ont apporté une contribution financière. Il est à noter que la multiplication des partenaires favorise la communication. François Nora a initié le projet il y a 8 mois pour ne rien laisser au hasard. Il faut encore plus de temps quand on l'organise pour la première fois. Lui-même a 10 ans d'expérience dans l'organisation de manifestions. Il insiste beaucoup sur la communication, seul moyen d'avoir du succès. Pour cela, il faut être méthodique dans la diffusion de l'information et aller au-delà d'un site facebook. Un membre du public pense que cela peut être un élément moteur pour le collectif et attirer des participants à la Vélorution. 
Pour en revenir à la vélo-école, François Nora a proposé le visionnage d'une petite vidéo réalisée sur celle qui se pratique à Bordeaux. 
Pour ceux qui ont raté, vous pouvez aller voir le petit film de 8 minutes sur ce lien : 
S'en est suivi un échange sur le film.
Cette conférence-discussion a sûrement fait germer des idées. Alors, à quand une vélo-école sur Périgueux?

Le lendemain, les vélorutionnaires se retrouvaient, comme chaque 2è samedi du mois, pour leur traditionnel RDV à 10h30 sur la place Francheville avant un tour de ville au son des klaxons et munis de tracts distribués sur le marché.
Le prochain RDV aura lieu le samedi 9 mai 2015.
 
Textes  et photos : Laura Sansot

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