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20/01/2015

LE CRAC PLUS VIVANT QUE JAMAIS

Le 18 janvier 2015, les adhérents du CRAC (Centre de Rencontres et d'Actions Culturelles) étaient invités à partager la galette des rois et à venir discuter de l'avenir de l'association. Et comme l'indiquait la carte de voeux, les membres ont découvert que l'association ne se laissait pas décourager, après le non renouvellement de la convention avec la mairie, le 31 décembre 2014.
Crédits : CRAC

Très rapidement, l'association, invitée à quitter les lieux de la Fabrique où elle était hébergée, a retrouvé un autre port d'attache, du moins temporairement, celui du "Tout Petit Théâtre" de La Poivrière, dirigé par Jean-Paul Rolin et son épouse. cf article "Petit traité sociologique sur la vie du trappeur au Groenland..."
http://artpericite.blogspot.fr/search/label/Théâtre

Crédits  : Laura Sansot
 L'association a reçu quantité de messages de soutien, notamment ceux d'artistes qui, depuis 30 ans, sont venus se produire, dont quelques-uns sont affichés sur les portes du théâtre.
Crédits : Laura Sansot
Jean-Paul Rolin a introduit le moment d'échange et, ravi d'accueillir presque 70 personnes, il a néanmoins rappelé avec humour, les consignes de sécurité : s'il y avait le feu, les personnes assises sur des chaises pliantes étaient invitées à partir avec dans la cour pour laisser les autres sortir mais sans les emporter chez eux (les chaises), un théâtre privé ne signifiant pas nécessairement richesse! Face à l'affluence, il a constaté que l'on attirait plus facilement les gens par leur estomac que par leur intellect, ce qui n'a pas manqué de faire rire l'assistance. Plus sérieux, il a expliqué que la petite loge servirait pour les activités du CRAC et que lors du festival de la Vallée, un barnum dans la cour serait installé, les spectacles de la Poivrière ne mobilisant le lieu qu'un week-end par mois.

Des membres du bureau ont rappelé l'histoire du CRAC : une association loi 1901 qui, en vertu d'une convention renouvelée pendant 30 ans, a géré un bâtiment La Fabrique, nom donné par les premiers administrateurs à une ancienne usine de chaussures, qui a rassemblé salle de spectacle, salle de cinéma, salle de réunion. Le CRAC et la Ligue de l'enseignement ont créé le festival de la Vallée. Cette fois, la nouvelle municipalité n'a pas voulu renouveler la convention triennale arrivée à expiration le 31 décembre. Toutefois, grâce aux soutiens des propriétaires de la Poivrière, le CRAC est désormais installé au 2, passage du marché à Saint-Astier et assurera d'ailleurs une permanence le jeudi, jour de marché.
Crédits : Laura Sansot
Raphaël Maestro, directeur de Ciné-Passion depuis 1995, à la tête d'une équipe d'une dizaine de personnes, a ensuite été invité à intervenir pour évoquer cette association née en 1990, installée aussi à La Fabrique. C'est grâce aux lois de décentralisation que des collectivités territoriales ont pu soutenir la création de salles de cinéma comme celle de Saint-Astier, gestion confiée d'abord à un privé puis par délégation à la mairie. Ciné-Passion, c'est aussi du cinéma itinérant, du cinéma de plein air, de l'éducation à l'image et l'accueil de 25 000 scolaires et la promotion du département et de son emploi grâce à l'accueil de tournages.
Ciné-Passion va continuer de travailler avec la nouvelle équipe municipale puisque l'association sera toujours hébergée par le centre culturel. Toutefois, l'ambition reste la même que celle du CRAC : travailler avec le milieu rural, être au plus près des territoires et des publics et surtout démocratiser la culture. "Nous travaillons pour que les gens sortent de chez eux, se rencontrent et éteignent leur télé" déclare-t-il. Il poursuit : "le pouvoir politique de l'époque a permis cela". De même que le CRAC a beaucoup décentralisé ses activités (Saint Aquilin, Saint. Germain...), Ciné-Passion essaie de faire de même.  "Le devenir du CRAC passera par là", a-t-il expliqué. Pour lui, "il y a eu une frappe chirurgicale puisqu' il y a eu une seule éviction", celle d'Agnès Garcenot. "Il a suffi de retirer les subventions". La mairie va recentraliser et nommer un nouveau directeur.
Raphaël Maestro rappelle qu'"une des couleurs fortes de Saint-Astier, notamment hors du département", c'est bien "la culture populaire qui sort des murs, une culture élitiste pour tous". Humblement, il estime que c'est le public qui transcende un film, un spectacle. "Nous sommes que des opérateurs", "des outils au service des publics avec une conscience politique". Il conclut en disant : "on a intérêt à serrer les rangs parce que ce qui arrive au CRAC peut arriver à Ciné-Passion, si on lui retire les subventions". 
Crédits : Laura Sansot
Agnès Garcenot a alors pris la parole pour présenter le programme. Le CRAC va continuer son action mais "on va avoir besoin d'adhésions, des petites mains et de gros bras pour installer des spectacles".
Une AG est prévue à la Fabrique le 4 mars. Il s'agira d'élire un nouveau CA, d'adopter de nouveaux statuts. S'ensuivra une soirée de soutien. Elle rassure le public en disant que les financeurs sont d'accord pour continuer. Le festival de la Vallée sera soutenu. Il y a un projet de redéploiement. Le CRAC est en train de travailler avec les communes et la communauté de communes pour déborder de la CCIVS (pour les non initiés : Communauté de Communes Isle Vern Salembre). Des communes comme Bourrou ou Annesse Beaulieu pourraient s'adjoindre et le projet se redéployer sur ces deux entités.
Ce que l'on peut annoncer, précise la responsable, c'est que le projet va partir de l'axe enfance et jeunesse qui est déjà celui du festival de la Vallée : l'enfant dans la Vallée : l'enfant dans la rue à l'école, au centre de loisirs.... Or, la communauté de communes n'a pas de compétence culturelle mais a la compétence enfance et celle de la politique culturelle. Elle intervient donc dans le champ de la construction du citoyen.

Pour les programme, il est prévu les dates suivantes.
La compagnie de marionnettes du Jabron Rouge offrira au CRAC 2 spectacles "Le petit rien" les 12 et 13 février. Des spectacles jeune public mais que le public adulte appréciera aussi, assure Agnès Garcenot. Le spectacle aura lieu probablement à la Poivrière (à condition que le castelet de l'artiste loge sur scène) et à Sourzac le lendemain. 
Après l'AG du 4 mars, un travail autour de la différence se fera grâce au spectacle du conteur Frédéric Naud, auteur de : "Le road movie du taureau bleu". 
Le 31 mars, un spectacle de danse prévu à la Fabrique, "Monde imagination" par la compagnie Humaine, sera programmé en partenariat avec l'Agence culturelle. Un travail sera réalisé en lien avec le centre multimédia de Neuvic, le collège, le centre de détention (puisque le thème du spectacle sera celui de l'enfermement). 
Le 10 avril, à ne pas manquer "Le fil à la patte"  de Feydeau, un spectacle prévu de longue date, présenté par le Grenier de Toulouse qui a eu le prix de l'humour de Villard de Lans. Les comédiens ayant déserté la scène, ce sont l'ouvreuse et le technicien qui se mettent à jouer le spectacle, a simplement dévoilé Agnès Garcenot. 
Du 9 mai au 6 juin, aura lieu le festival de la Vallée : "la Vallée s'écrit" (ou peut-être s'écrie). La commune Annesse et Beaulieu ouvrira le festival et Saint Aquilin le clôtura. Le quartier général sera à la Poivrière. "On y retrouvera des artistes que l'on aime et des nouveaux". Malgré tout, Agnès Garcenot a rappelé que des élections prévues en mars peuvent changer la donne...Même si l'équipe est motivée, elle a besoin de soutien. La nouvelle constitution du CRAC peut redonner une nouvelle énergie et va solliciter davantage les adhérents.

Stéphanie Maestro s'est exprimée sur l'atelier Rouge Théâtre (créé en 2012) qu'elle anime. Des cours sont donnés à des enfants, adolescents et même adultes. Un spectacle a lieu à La Fabrique en juin. Un travail est fait aussi auprès des handicapés, des personnes en insertion. L'objectif est "d'apporter une belle culture auprès de différents publics en milieu rural".

Une adhérente s'est demandé ce qu'il en était du financement de l'association si la convention avec la mairie n'était pas renouvelée. Agnès Garcenot a expliqué qu'une subvention serait, malgré tout, demandé mais qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit à la hauteur des 46 000 euros précédemment obtenus. Quant aux autres financeurs, la responsable assure qu'ils donneront autant au CRAC mais la question se pose de savoir s'il y aura des sommes supplémentaires.
Elle a aussi fait un état de l'emploi suite au non renouvellement de la convention. Deux postes bénéficiaient d'un financement du CCAS : un des salariés sera à nouveau employé directement par la mairie, l'autre qui s'occupait du volet création du festival de la Vallée, a été licencié. Le poste de comptable à hauteur de 15h par mois va peut-être être maintenu. Isabelle Poujardieu, médiatrice culturelle, voit son contrat prolongé car elle a rempli la condition de trouver une formation qualifiante. Enfin, Agnès Garcenot sera payée à 80% officiellement mais on doute qu'elle se cantonne à ce temps partiel!

Une autre adhérente a demandé si le CRAC avait besoin de soutien. Cette question sera abordée lors de l'AG. D'ores et déjà, on sait qu'il faudra du personnel pour diffuser les informations, accueillir les publics dans le cadre des soirées. 

Crédits : Laura Sansot
La plus à gauche au premier plan, Stépahnie Maestro, avec l'écharpe rouge, Raphaël Maestro puis Jacques Monmarson.

Les autorités politiques ont ensuite été invitées à intervenir à la fin des échanges, dont le vice-président chargé des finances du Conseil Général, Jacques Monmarson : "j'aurais préféré, comme vous, être à la Fabrique mais c'est la démocratie", a-t-il déclaré. Il a assuré qu'il continuerait d'aider la culture qui faisait partie des priorités comme l'éducation et le sport. "Il y aura toujours des aides du Conseil Général pour le CRAC". L'inquiétude se situe au niveau de la clause de compétences générale qui risque d'être supprimée et, dans ce cas, cela signifiera que le département ne pourra plus aider la culture mais,  a-t-il espéré, la solidarité territoriale compensera peut-être cette suppression. Il a conclu en disant : "je serai combattif pour vous aider et pour trouver des aides pour la culture". Quant au député, Pascal Deguilhem, il a évoqué les "mauvaises manières vis-à-vis des politiques culturelles" qui ont "accompagné l'alternance dans un certain nombre de villes" tombée à droite voire à l'extrême droite. Des territoires entiers sont concernés. Un groupe est en train de se constituer à l'Assemblée nationale sur ce sujet d'inquiétude, a-t-il révélé, car "il va falloir veiller à une meilleure préservation de la culture".  

Après ces déclarations de bonnes intentions, il était temps de partager un verre de l'amitié et la galette des rois. 
Crédits : Laura Sansot

Crédits : Laura Sansot

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