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26/01/2015

EZZA AU SANS RESERVE

Goumour dit Adam Omar Zidia, chanteur du groupe EZZA et guitariste Touareg du Nord du Niger (région d'Agadez), était au bar du Sans Réserve le jeudi 22 janvier.  

Issu d'une famille de la caste des forgerons, il apprend le métier de ses parents tout en écoutant, sur un radio-cassette que lui a offert son père, des groupes touaregs comme Tinariwen, Takrist Nakal, beaucoup diffusés pendant la rébellion touareg dans les années 1990. Même s'il y a comme un refus culturel dans sa famille de considérer la musique comme un métier, il apprend à jouer sur leurs morceaux avec la guitare qu'il s'est fabriquée lui-même à partir de matériaux de récupération.
En janvier 2007, il arrive en France aidé par des amis qui lui obtiennent un passeport. Il se met à forger des bijoux qu'il vend sur les marchés et joue à l'occasion de la guitare à Toulouse dont le cosmopolitisme et la grande variété des groupes musicaux qu'il a côtoyés l'ont attiré. Il est repéré par le Kabyle d'Algérie et bassiste Mena Moussaoui (ci-dessous) qui lui propose de fonder, dans le quartier populaire d'Arnaud Bernard, ce groupe auquel s'est adjoint quelque temps plus tard le Poitevein Stéphane Gratteau à la batterie. Un véritable mélange des identités!
Après avoir écumé beaucoup de festivals, de bars, salles de concert du Grand Sud Ouest, comme il continue de le faire, le trio sort un EP de 7 titres (Extended Play, un format musical deux fois plus long que celui du single, mais plus court qu’un album), Abadaya, en novembre 2013, année aussi où il obtient le trophée Tremplin Midi-Pyrénées des Francofolies, festival dans lequel il se produit en juillet 2013. Un an plus tard, il enregistre l'album qui devrait sortir prochainement.
Influencé par le rock, le blues, Ezza, considéré comme du groove touareg, mélange modernité et musiques traditionnelles. Le groupe qui chante en tamazight, un des dialectes du berbère, connu en français sous le nom de tamasheq, évoque souvent la paix. D'ailleurs, le chanteur a fait répéter plusieurs fois au public le mot dans sa langue pendant le concert. Il parle aussi des valeurs très importantes pour les Touaregs comme l'honneur, la dignité, chante les femmes et leur condition. Adam Omar Zidia reconnaît être un chanteur qui tente de faire passer des messages, de parler du Niger d'aujourd'hui. Ainsi, il accorde une grande importance à la scolarisation des enfants. Sa soeur elle-même n'a pas été à l'école parce qu'elle était une fille. Il a d'ailleurs dédié une de ses chansons à ce thème, durant le concert. Ezza, c'est aussi la dernière lettre de l’alphabet tifinagh, symbole de l’homme libre (amazigh) et de résistance.
Entre rythmes traditionnels et riffs accrocheurs, entre les moments où les guitares s'emballent et où, reprenant des airs de femmes du Niger, comme dans Amedrane (Nostalgie), le trio s'apaise, Ezza accroche par la fougue de ses musiciens, la profondeur des chants traditionnels revisités, la sensibilité et le réalisme de ses textes.


Avant des concerts à l'étranger, retrouvez Ezza au festival Détours de Chants à Toulouse le 5 février.
https://fr-fr.facebook.com/ezzaband

Texte et photos  Laura Sansot

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