Depuis le 25 juin 2016, est ouvert l'unique Repair
Café de Dordogne, à Condat sur Trincou, mais ses membres espèrent
qu'il donnERA des idées à d'autres...
Rencontre avec la présidente, Dina Duverneuil, et
Catheriné Ferté, secrétaire.
Les repair cafés sont une invention hollandaise. En
octobre 2009, Martine Postma lance un premier RC à Amsterdam. Devant
le succès de cette initiative, elle crée une fondation en mars 2010
qui, depuis 2011, soutient des groupes locaux partout dans le monde.
Chacun prend alors le nom de sa ville, de son village et l'accole à
cette marque déposée qui remporte d'ailleurs un grand succès en
Afrique donnant un gage de respectabilité aux petits réparateurs
locaux. En tout, il existe 1373 RC dont 160 en France, fédérés
autour d'un Repair Café France créé il y a moins de 6 mois.
La devise du RC, "Jeter, pas question!"
incite chacun des visiteurs et/ou adhérents à venir avec un de ses objets
qui ne fonctionne plus pour le réparer gratuitement avec l'aide d'un
expert bénévole. Il s'agit de réparer
ensemble pour éviter de jeter lors d'ateliers qui se déroulent dans
un ambiance conviviale, autour d'un thé ou d'un café.
C'est une habitante de Condat sur Trincou depuis
2002, un très beau village perché d'un peu moins de 500 habitants à 7 kms de
Brantôme, qui a l'idée de lancer ce café.
Très investie dans la vie associative, ancienne aide-soignante, la jeune retraitée Dina Duverneuil, toujours enthousiaste à l'idée de créer, d'impulser une action nouvelle, a d'abord le projet en 2015 de promouvoir des cafés suspendus (caffè sospeso). Cette forme de solidarité originaire de Naples, née durant la seconde guerre mondiale, consiste à commander deux cafés pour en consommer un seul. Le patron de bar signale alors qu'un café est disponible pour une personne qui ne peut pas s'en payer et qui en fait la demande. Aucun contrôle n'est réalisé, on compte sur l'honnêteté de chacun. Le mouvement essaime en France en 2013. Dina Duverneuil signale qu'à Périgueux trois bars le pratiquent aujourd'hui. Des sandwichs sont aussi disponibles et une coiffeuse propose des coupes gratuites financées par des pourboires.
Très investie dans la vie associative, ancienne aide-soignante, la jeune retraitée Dina Duverneuil, toujours enthousiaste à l'idée de créer, d'impulser une action nouvelle, a d'abord le projet en 2015 de promouvoir des cafés suspendus (caffè sospeso). Cette forme de solidarité originaire de Naples, née durant la seconde guerre mondiale, consiste à commander deux cafés pour en consommer un seul. Le patron de bar signale alors qu'un café est disponible pour une personne qui ne peut pas s'en payer et qui en fait la demande. Aucun contrôle n'est réalisé, on compte sur l'honnêteté de chacun. Le mouvement essaime en France en 2013. Dina Duverneuil signale qu'à Périgueux trois bars le pratiquent aujourd'hui. Des sandwichs sont aussi disponibles et une coiffeuse propose des coupes gratuites financées par des pourboires.
de gauche à droite : Dina Duverneuil et Catherine Ferté
Convaincue par une amie de Belgique où les RC sont
bien implantés, cette ancienne habitante de Moselle commence à en
parler à ses voisins qui se montrent très motivés. Pour elle,
c'est avant tout un moyen de créer une association de village pour
inciter les habitants à sortir de chez eux, à se rencontrer et à
s'impliquer dans une action commune. Dans l'idéal, elle souhaiterait
que chaque ville ou village ait son café. Le RC de Condat est créé
en avril 2016 et le premier atelier ouvre fin juin de cette même
année à raison de 2 ateliers par mois, le premier mardi et le
troisième samedi de 14h à 18h. En France, certains cafés sont
itinérants mais le choix d'une implantation locale a été fait dans
ce village du Nord de la Dordogne d'autant que la mairie, si elle
n'accorde pour l'instant aucune subvention à l'association ni à
aucune de la commune, a mis à disposition une salle.
La petite salle dont l'entrée est en bas à gauche du bâtiment
Celle-ci est
partagée avec les associations de Taï Chi et de théâtre. La
municipalité facilite aussi l'impression de flyers. A l'année, le
RC bénéficie de l'usage de deux petites salles pour stocker du
matériel et des objets récupérés. Il vit grâce aux adhésions
(une cinquantaine à 10 euros chacune) qui ne sont jamais imposées
mais aussi grâce à des ventes d'objets donnés puis recyclés (réparés ou
customisés).
Dina Duverneuil dans l'un des salles du stock montrant des lampes récupérées et customisées
Existe, en outre, une tirelire que les visiteurs ou
adhérents peuvent alimenter à leur convenance lors des ateliers ou
en visitant le Troc Livres. Ce sont des livres, objets de dons, qui
ne sont pas sélectionnés par le RecycLivre de Bordeaux. Les livres avec une belle couverture en cuir mais dont les
pages sont abîmées servent à confectionner des sacs.
Le Troc Livre. La porte du fond donne sur les salles du stock
Un financement est
nécessaire pour acheter du matériel (outils, peinture, colle...) et
payer l'assurance en cas de litige, même si tout participant à un
atelier s'engage à respecter le règlement intérieur. Celui-ci
stipule notamment que les réparateurs bénévoles ne donnent aucune garantie sur les
réparations effectuées. On tente simplement de réparer ensemble.
Outre les ateliers réguliers bi-mensuels,
fréquentés par 4 à 15 personnes au plus fort de l'activité, a été
lancé, le 6 octobre dernier, un atelier informatique gratuit animé par un
professionnel : chacun amène son ordinateur, sa tablette, son
téléphone, apprend à manier son appareil et gagne en assurance,
comme cette dame qui craignait une diffusion de ses photos qu'elle
stockait sur sa tablette, rapporte Dina Duverneuil. Lors du premier
après-midi, 5 adhérents sont venus et une adhésion supplémentaire
a été réalisée. Deux ateliers de tapisserie sur meuble ont déjà
eu lieu et devraient être renouvelés. Une sortie botanique s'est
ajoutée aux activités régulières ainsi qu'un vide-grenier le 23
avril 2017 organisé dans la commune dont le succès va inciter à
répéter l'expérience au printemps prochain.
Des adhérentes retraitées, au début un peu intimidées par l'idée de bricoler, n'hésitent plus à parler de cette initiative autour d'elles et se lancent dans des ateliers : cuisine anti-gaspillage, travail autour du bambou ou revalorisation de vieux miroirs ou vêtements. Un garagiste professionnel doit venir animer un atelier pour donner des bases de mécanique pour quelques réparations à faire soi-même.
Des adhérentes retraitées, au début un peu intimidées par l'idée de bricoler, n'hésitent plus à parler de cette initiative autour d'elles et se lancent dans des ateliers : cuisine anti-gaspillage, travail autour du bambou ou revalorisation de vieux miroirs ou vêtements. Un garagiste professionnel doit venir animer un atelier pour donner des bases de mécanique pour quelques réparations à faire soi-même.
Un troc-temps s'est aussi mis en place consistant à
échanger une heure de service rendu contre une heure de service
reçu, "quelque soient la nature, la complexité ou l'effort
reliés au service échangé". Les services sont d'ailleurs
les plus divers : initiation à la guitare, débroussaillage, aide au
courrier, prêt de matériel, aide aux devoirs... Pendant un an,
cette organisation a nécessité une comptabilité précise mais
désormais les adhérents s'arrangent entre eux, remarque avec satisfaction la présidente.
photo extraite de : https://repaircafe24.jimdo.com/
Autre action importante de cette association : la
confection de boîtes à livres. La présidente se souvient avec
bonheur d'une expérience auprès des enfants de CP-CE1 de l'école
de Villars avec lesquels 4 ateliers ont permis la création de l'objet. Après une présentation du projet par Catherine
Ferté, la confection du gros oeuvre par un adhérent, Jérémy, les
élèves, aidés d'autres bénévoles, ont peint des panneaux
réalisés à partir de palettes récupérées, ont vissé les
planches puis mis en forme pour un résultat dont ils ont pu se
montrer très fiers.
photo extraite de : https://repaircafe24.jimdo.com/
Deux boîtes sont en projet à Brantôme, deux autres à Champagnac de Belair (boîte à livres et à don)
et une à Condat sur Trincou. L'idée est de confectionner des boîtes
à partir de bois de récupération voire de transformer de vieux
meubles qui ne servent plus. Partant du constat de ces belles
réalisations, le SMCTOM a même proposé que le RC en installe dans
chaque commune, ce que l'association a refusé, préférant laisser
l'initiative à chacune.
Si l'association rassemble beaucoup de
cinquantenaires, soixantenaires, jeunes retraités, elle accueille
aussi des personnes plus jeunes qui, par leur activité principale,
disposent d'un peu de temps pour participer, voire animer. Les
adhérents sont originaires plutôt du Nord du département, de
Périgueux à Thiviers et les plus actifs habitent à Condat ou dans
les communes très proches. L'activité se concentre certes à Condat
mais l'association est volontaire pour diffuser cette initiative. Un
adhérent s'est proposé d'ouvrir une annexe à Piégut-Pluviers sous
forme d'un atelier par mois. Par ailleurs, le RC de Condat n'hésite
pas à prodiguer des conseils aux volontaires d'autres lieux
intéressés. Il est d'ailleurs assez simple de créer un RC grâce à
un kit et au soutien du RC France. Le Tricycle enchanté de Bourdeilles a
sollicité le RC de Condat pour présenter son travail le 8 octobre dernier
et inciter à créer un RC dans ce village. Ce sera aussi l'occasion
de donner un nouvel élan à la boutique de Bourdeilles moins
dynamique l'hiver. Jusqu'en janvier, des membres du RC de Condat vont
tenir bénévolement un atelier un dimanche par mois pour tenter de
constituer une équipe. Celle-ci, si elle voit le jour, fondera un nouveau RC dont les activités
seront indépendante du Tricycle. Celui-ci a lui-même un petit
atelier réparation mais dont l'objectif est différent puisqu'il
s'agit de vendre.
La Maif, assureur de nombreuses associations dont le RC de Condat, l'a, de son côté, contacté pour une présentation de ses activités en début d'année 2018 dans un de ses nouveaux locaux à Périgueux. Une manière de montrer à leurs propres assurés comment l'argent est investi dans l'économie sociale et solidaire et comment ils peuvent eux-mêmes développer le recyclage en créant un RC dans le chef-lieu du département ou ailleurs.
La Maif, assureur de nombreuses associations dont le RC de Condat, l'a, de son côté, contacté pour une présentation de ses activités en début d'année 2018 dans un de ses nouveaux locaux à Périgueux. Une manière de montrer à leurs propres assurés comment l'argent est investi dans l'économie sociale et solidaire et comment ils peuvent eux-mêmes développer le recyclage en créant un RC dans le chef-lieu du département ou ailleurs.
L'association cherche à développer des partenariats
pour échanger du temps et des moyens. Ainsi, elle a participé au
carnaval de Brantôme (création de costumes, décoration de la
salle, animation...) en lien avec le Ruban Vert qui, en contrepartie,
a réalisé le site Internet du RC. En échange de cette intervention
au Tricycle, le dimanche une fois par mois, un membre de cette
association de Bourdeilles intervient dans un atelier du RC.
Le RC de Condat sur Trincou semble donc vouloir impulser une dynamique forte sur le territoire en mêlant autant la volonté de préserver l'environnement par le recyclage que le lien social. La Vélorution périgourdine, qui développe ces mêmes valeurs autour du vélo en proposant régulièrement des "apéros-démontages" (on participe à la réparation de vieux vélos acquis par l'association et on partage un verre) ou des ateliers (on apporte son vélo que l'on répare ensemble dans une ambiance conviviale), participe de ce même esprit https://www.facebook.com/V%C3%A9lorution-p%C3%A9rigourdine-1620878291477574/ .
Une nouvelle manière d'agir en commun contre l'obsolescence programmée et un terrain d'action tout neuf pour le Sud Ouest où les RC se font encore trop rares.
Toute l'actualité du Café Repair est à retrouver sur ce lien : https://repaircafe24.jimdo.com/
et sur Facebook : https://www.facebook.com/REPAIRCAFE24/
Texte et photos (sauf celles prises par les membres du Repair Café et signalées) : Laura Sansot
Le RC de Condat sur Trincou semble donc vouloir impulser une dynamique forte sur le territoire en mêlant autant la volonté de préserver l'environnement par le recyclage que le lien social. La Vélorution périgourdine, qui développe ces mêmes valeurs autour du vélo en proposant régulièrement des "apéros-démontages" (on participe à la réparation de vieux vélos acquis par l'association et on partage un verre) ou des ateliers (on apporte son vélo que l'on répare ensemble dans une ambiance conviviale), participe de ce même esprit https://www.facebook.com/V%C3%A9lorution-p%C3%A9rigourdine-1620878291477574/ .
Une nouvelle manière d'agir en commun contre l'obsolescence programmée et un terrain d'action tout neuf pour le Sud Ouest où les RC se font encore trop rares.
Toute l'actualité du Café Repair est à retrouver sur ce lien : https://repaircafe24.jimdo.com/
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Texte et photos (sauf celles prises par les membres du Repair Café et signalées) : Laura Sansot
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