Freed Worms débutait le 2 octobre au Café Lib' de Bourrou une série de concerts en Dordogne, avant un concert le 9 octobre au bar V and B de Bergerac et la première partie d'Oldelaf au Rocksane le 16 octobre.
Lui qui fréquente assidument les salles hors de l'hexagone offre ce mois-ci des concerts dans le département où il s'est établi avec sa petite famille il y a 5 ans. Alors qu'il évoluait auparavant dans le Nord-Est de la France dans des formations punk rock entouré de nombreux musiciens, il a débuté à partir de cette date un parcours en solo. En 2010, est sorti son 1er album "A place called home", son "premier projet de création individuelle", dit-il.
En effet, il souhaitait mettre en forme des projets plus personnels, loin des "sons lourds et puissants" des formations comme Shoogooshoeslide, Evil Worms, Shum-K et Unexpected dont il a fait partie pendant 15 ans et dont il ne renie pas l'héritage ayant gardé une partie du nom de l'un d'entre eux. Ce premier album façonné depuis 2008 est le fruit de multiples influences musicales. Fort de son passé dans ces différents groupes, il se dit aussi proche des chanteurs de langue anglaise (qu'il a apprise à la fac) comme Moriarty dont il a fait la première partie en 2012 au Rocksane ou Forest Pooky originaire d'Ardèche mais qui a grandi à Washington. http://www.forestpooky.com/bio.htm.
Il déclare d'ailleurs : "l'anglais, musicalement, c'est ma langue". Lui qui a beaucoup voyagé comme musicien en Europe surtout, animateur et travailleur social au Népal, en Inde, avec toujours la musique comme bagage, a été bercé par cette langue "qui nous relie tous". Cela explique pourquoi ce musicien originaire de la région de Reims chante essentiellement en anglais, même si quelques chansons en français égrènent ses deux albums comme ce titre chanté ce soir-là Petit être adressée à sa fille : "peut-être pour qu'elle comprenne déjà ce que je veux lui dire". Cet album s'est construit au gré des voyages en Asie liés à ses projets humanitaires avec un orphelinat du Népal, Umbrella, notamment. Il a été enregistré en France, Allemagne et Irlande, non dans des studios mais avec un matériel minimum, un ordinateur et un microphone http://freedworms.bandcamp.com/album/a-place-called-home. Pour produire ces 12 morceaux, il a fait appel aussi à des amis car l'artiste aime travailler avec d'autres dont Mooh, une amie Allemande de Francfort, rencontrée à Katmandou en janvier 2007 alors que celle-ci faisait un stage de fin d'études en tant que future pédiatre. Elle joue elle-même en Allemagne dans un quatuor de musique. Sur le 1er album, elle accompagnait Freed Worms au chant (sur le 2è, au piano) comme pour quelques morceaux lors de cette soirée.
Il le reconnaît lui-même : si la moitié du temps, il est seul en scène, il ne rate pas une occasion d'associer ses amis musiciens, tant il souhaite allier musique et amitié. C'est ainsi depuis le départ "un projet à géométrie variable", explique-t-il. Pour son 2è album composé de 11 titres dont il a chanté plus de la moitié d'entre eux ce 2 octobre, il a arrêté les concerts pendant un an, entre les étés de 2013 et 2014. Il en est sorti "Reboot".
Intermittent du spectacle pendant 3 ans au prix d'un renoncement à ses vrais choix musicaux pour honorer le nombre requis de cachets, il a choisi depuis 5 ans de s'orienter vers l'enseignement et de consacrer le reste de son temps à sa propre musique. Il se produit donc en concert la plupart du temps dans les bistrots, cadre idéal de ses chansons à texte. Finaliste d'Aquil' Tour en 2013, il s'est fait remarquer par des programmateurs qui semblaient d'ailleurs plus attentifs à sa musique que ceux de sa région d'origine. En effet, pour lui, les salles de musiques actuelles (SMAC) d'Aquitaine remplissent avec sérieux l'une de leurs missions qui est de promouvoir les artistes locaux. S'il a souvent attendu en vain un signe des programmateurs du Nord-Est, il a bénéficié de la "bienveillan[ce]" et été sollicité dès 2011 par les salles de Dordogne. Jusqu'à présent, il a déjà joué au Rocksane, au Sans Réserve, au Centre culturel de Ribérac, de Bergerac mais aussi dans des bars comme le Lembarzique (Lembras), l'Ecume des jours (Périgueux)...Il joue aussi à l'étranger, notamment en Allemagne. Il a d'ailleurs fait une tournée de 2 mois en mai-juin 2015. Prochainement, il ira en Scandinavie. Comptant beaucoup sur l'auto-gestion étant donné le contexte du Nord-Est, il a développé avec les groupes dont il a fait partie depuis une bonne vingtaine d'années, une capacité à créer et à enrichir tout un réseau de musiciens qui s'invitent mutuellement dans leurs villes respectives. S'il joue souvent au chapeau, il n'est donc pas à l'inverse en reste de dates de concerts.
Le 2 octobre, c'est donc en compagnie de son amie Mooh, à la voix tantôt fluette, tantôt plus forte, qu'il se produisait car la présence d'un ou d'autres musiciens est "un enrichissement", "une ouverture", l'occasion de prendre de "nouveaux sentiers", a t-il confié.
Ce concert nous faisait pénétrer dans son répertoire puisqu'il faisait entendre des chansons de ses deux albums, exceptée une chanson d'introduction de son ami Forest Pooky. On y découvrait un homme révolté contre "cette société dans laquelle il faut coûte que coûte avoir pour être" (Petit Etre), inquiet pour l'état de la Terre-Mère (In the air, Go on, Every Day, Humaine est l'erreur), incitant à la prise de conscience ("Will you take your freedom back/Or will you go on being scared, working to death/To pay for the car, the house and the flat screen?). Cependant, c'était surtout une ode à la liberté qu'il voulait chanter comme dans Leaving qu'il a dédiée, avant de la chanter, "à tous ceux qui ont voulu tout plaquer pour faire un grand voyage et en particulier à ceux qui sont partis"... comme lui. Le fait d'être père n'était pas pour rien dans les chansons qu'il a adressé aux enfants comme In the air ou Petit Etre, s'excusant auprès d'eux du monde que les adultes leur laissent.
Cette proximité avec la jeune génération, on l'a retrouvée dans l'un des derniers morceaux du concert Homeless kid, ces enfants dont il a su trouver la formidable richesse et dont il s'est occupé en tant que travailleur social quand il était au Népal. Il y a chez lui tout à la fois cette lucidité sur l'état et l'avenir du monde et dans le regard, un émerveillement, presque une innocence conservée de l'enfance : comme si malgré la conscience, il y avait une espérance inaltérée que le monde peut changer, donnant tort à ses amis qui l'affublent, non sans sympathie, du titre "de chanteur de fin du monde". En interview, il le reconnaît lui-même : "je pose un constat un peu froid, mes textes sont un peu désabusés mais il y a une once d'espoir". On imagine combien la musique peut être un exutoire quand il déclare : "tout ce qui me met en colère, j'arrive à le mettre en musique". On a entendu cette rage dans In the air ou dans That did not work, le soir du concert, comme s'il renouait avec ses origines punk-rock. Dans le même temps, la maturité aidant, il avoue avoir "beaucoup moins de certitudes qu'à 20 ans" mais surtout "de plus en plus d'interrogations" et peut-être ses chansons aux accents le plus souvent de balades, de musique folk, teintés de mélancolie, que viennent soutenir la guitare acoustique et une voix claire, en sont-elles le signe?
Pour son prochain opus, Freed Worms espère consacrer, comme pour son 2è album, du temps à l'écriture et imagine sortir un vinyle, un maxi 45 tours de 5 ou 6 titres fruit d'un probable mélange des genres et de la contribution de ses amis musiciens. Après ce temps de solitude artistique, il reprendra la route des concerts à partir d'avril 2016 pour une tournée européenne, sûrement en associant quelques copains musiciens de passage et en conservant sa profonde sincérité.
En attendant, vous pourrez le retrouver le 16 octobre au Rocksane, à Bergerac.
http://freedworms.bandcamp.com/
Texte et photos : Laura Sansot
Lui qui fréquente assidument les salles hors de l'hexagone offre ce mois-ci des concerts dans le département où il s'est établi avec sa petite famille il y a 5 ans. Alors qu'il évoluait auparavant dans le Nord-Est de la France dans des formations punk rock entouré de nombreux musiciens, il a débuté à partir de cette date un parcours en solo. En 2010, est sorti son 1er album "A place called home", son "premier projet de création individuelle", dit-il.
En effet, il souhaitait mettre en forme des projets plus personnels, loin des "sons lourds et puissants" des formations comme Shoogooshoeslide, Evil Worms, Shum-K et Unexpected dont il a fait partie pendant 15 ans et dont il ne renie pas l'héritage ayant gardé une partie du nom de l'un d'entre eux. Ce premier album façonné depuis 2008 est le fruit de multiples influences musicales. Fort de son passé dans ces différents groupes, il se dit aussi proche des chanteurs de langue anglaise (qu'il a apprise à la fac) comme Moriarty dont il a fait la première partie en 2012 au Rocksane ou Forest Pooky originaire d'Ardèche mais qui a grandi à Washington. http://www.forestpooky.com/bio.htm.
Il déclare d'ailleurs : "l'anglais, musicalement, c'est ma langue". Lui qui a beaucoup voyagé comme musicien en Europe surtout, animateur et travailleur social au Népal, en Inde, avec toujours la musique comme bagage, a été bercé par cette langue "qui nous relie tous". Cela explique pourquoi ce musicien originaire de la région de Reims chante essentiellement en anglais, même si quelques chansons en français égrènent ses deux albums comme ce titre chanté ce soir-là Petit être adressée à sa fille : "peut-être pour qu'elle comprenne déjà ce que je veux lui dire". Cet album s'est construit au gré des voyages en Asie liés à ses projets humanitaires avec un orphelinat du Népal, Umbrella, notamment. Il a été enregistré en France, Allemagne et Irlande, non dans des studios mais avec un matériel minimum, un ordinateur et un microphone http://freedworms.bandcamp.com/album/a-place-called-home. Pour produire ces 12 morceaux, il a fait appel aussi à des amis car l'artiste aime travailler avec d'autres dont Mooh, une amie Allemande de Francfort, rencontrée à Katmandou en janvier 2007 alors que celle-ci faisait un stage de fin d'études en tant que future pédiatre. Elle joue elle-même en Allemagne dans un quatuor de musique. Sur le 1er album, elle accompagnait Freed Worms au chant (sur le 2è, au piano) comme pour quelques morceaux lors de cette soirée.
Il le reconnaît lui-même : si la moitié du temps, il est seul en scène, il ne rate pas une occasion d'associer ses amis musiciens, tant il souhaite allier musique et amitié. C'est ainsi depuis le départ "un projet à géométrie variable", explique-t-il. Pour son 2è album composé de 11 titres dont il a chanté plus de la moitié d'entre eux ce 2 octobre, il a arrêté les concerts pendant un an, entre les étés de 2013 et 2014. Il en est sorti "Reboot".
Intermittent du spectacle pendant 3 ans au prix d'un renoncement à ses vrais choix musicaux pour honorer le nombre requis de cachets, il a choisi depuis 5 ans de s'orienter vers l'enseignement et de consacrer le reste de son temps à sa propre musique. Il se produit donc en concert la plupart du temps dans les bistrots, cadre idéal de ses chansons à texte. Finaliste d'Aquil' Tour en 2013, il s'est fait remarquer par des programmateurs qui semblaient d'ailleurs plus attentifs à sa musique que ceux de sa région d'origine. En effet, pour lui, les salles de musiques actuelles (SMAC) d'Aquitaine remplissent avec sérieux l'une de leurs missions qui est de promouvoir les artistes locaux. S'il a souvent attendu en vain un signe des programmateurs du Nord-Est, il a bénéficié de la "bienveillan[ce]" et été sollicité dès 2011 par les salles de Dordogne. Jusqu'à présent, il a déjà joué au Rocksane, au Sans Réserve, au Centre culturel de Ribérac, de Bergerac mais aussi dans des bars comme le Lembarzique (Lembras), l'Ecume des jours (Périgueux)...Il joue aussi à l'étranger, notamment en Allemagne. Il a d'ailleurs fait une tournée de 2 mois en mai-juin 2015. Prochainement, il ira en Scandinavie. Comptant beaucoup sur l'auto-gestion étant donné le contexte du Nord-Est, il a développé avec les groupes dont il a fait partie depuis une bonne vingtaine d'années, une capacité à créer et à enrichir tout un réseau de musiciens qui s'invitent mutuellement dans leurs villes respectives. S'il joue souvent au chapeau, il n'est donc pas à l'inverse en reste de dates de concerts.
Le 2 octobre, c'est donc en compagnie de son amie Mooh, à la voix tantôt fluette, tantôt plus forte, qu'il se produisait car la présence d'un ou d'autres musiciens est "un enrichissement", "une ouverture", l'occasion de prendre de "nouveaux sentiers", a t-il confié.
Ce concert nous faisait pénétrer dans son répertoire puisqu'il faisait entendre des chansons de ses deux albums, exceptée une chanson d'introduction de son ami Forest Pooky. On y découvrait un homme révolté contre "cette société dans laquelle il faut coûte que coûte avoir pour être" (Petit Etre), inquiet pour l'état de la Terre-Mère (In the air, Go on, Every Day, Humaine est l'erreur), incitant à la prise de conscience ("Will you take your freedom back/Or will you go on being scared, working to death/To pay for the car, the house and the flat screen?). Cependant, c'était surtout une ode à la liberté qu'il voulait chanter comme dans Leaving qu'il a dédiée, avant de la chanter, "à tous ceux qui ont voulu tout plaquer pour faire un grand voyage et en particulier à ceux qui sont partis"... comme lui. Le fait d'être père n'était pas pour rien dans les chansons qu'il a adressé aux enfants comme In the air ou Petit Etre, s'excusant auprès d'eux du monde que les adultes leur laissent.
Cette proximité avec la jeune génération, on l'a retrouvée dans l'un des derniers morceaux du concert Homeless kid, ces enfants dont il a su trouver la formidable richesse et dont il s'est occupé en tant que travailleur social quand il était au Népal. Il y a chez lui tout à la fois cette lucidité sur l'état et l'avenir du monde et dans le regard, un émerveillement, presque une innocence conservée de l'enfance : comme si malgré la conscience, il y avait une espérance inaltérée que le monde peut changer, donnant tort à ses amis qui l'affublent, non sans sympathie, du titre "de chanteur de fin du monde". En interview, il le reconnaît lui-même : "je pose un constat un peu froid, mes textes sont un peu désabusés mais il y a une once d'espoir". On imagine combien la musique peut être un exutoire quand il déclare : "tout ce qui me met en colère, j'arrive à le mettre en musique". On a entendu cette rage dans In the air ou dans That did not work, le soir du concert, comme s'il renouait avec ses origines punk-rock. Dans le même temps, la maturité aidant, il avoue avoir "beaucoup moins de certitudes qu'à 20 ans" mais surtout "de plus en plus d'interrogations" et peut-être ses chansons aux accents le plus souvent de balades, de musique folk, teintés de mélancolie, que viennent soutenir la guitare acoustique et une voix claire, en sont-elles le signe?
Pour son prochain opus, Freed Worms espère consacrer, comme pour son 2è album, du temps à l'écriture et imagine sortir un vinyle, un maxi 45 tours de 5 ou 6 titres fruit d'un probable mélange des genres et de la contribution de ses amis musiciens. Après ce temps de solitude artistique, il reprendra la route des concerts à partir d'avril 2016 pour une tournée européenne, sûrement en associant quelques copains musiciens de passage et en conservant sa profonde sincérité.
En attendant, vous pourrez le retrouver le 16 octobre au Rocksane, à Bergerac.
http://freedworms.bandcamp.com/
Texte et photos : Laura Sansot
Cool, l'article, Laura ! ...merci pour tout !
RépondreSupprimerFred
Sinon, c'est "Moriarty" , pas "Mohiarty" :)
RépondreSupprimer...à part ça, chapeau, c'est la première fois que je retrouve ce que j'ai dit dans un papier, alors, un grand bravo et un grand merci !
bonne continuation,
et à bientôt peut-être,
bisous,
Fred