Une soirée tout à fait originale était proposée au Café Lib' de Bourrou le vendredi 17 avril : un souper théâtre animé par la comédienne Eve Nuzzo.
En effet, avant même le repas, les spectateurs étaient invités à se déplacer hors du café, dans un cadre bucolique sous la halle, pour écouter et voir une forme courte de 12 minutes bien nommée pour débuter la soirée : "Par le menu".
Eve Nuzzo était accompagnée par Anthony Gripon, plus connu pour son travail de plasticien http://www.lefaiseur.com/ mais qui s'est tout à fait prêté au jeu de la comédie proposé par sa partenaire et que l'on avait déjà vu dans Badinage (2012). La pièce a d'ailleurs été écrite à deux mains. La "piécette", ainsi nommée par les artistes, était composée de 9 parties suivant l'ordre d'un repas dans un restaurant gastronomique. Après une "mise en bouche" au cours de laquelle les deux serveurs expliquaient que le menu serait agrémenté de références picturales, se sont succédés l'apéritif, l'entrée, le plat, le fromage, le dessert. Les boissons n'étaient pas en reste avec la carte des vins, le café et le digestif. Au cours de ces différents moments, les serveurs-comédiens ponctuaient leur discours de références visuelles que le public devait citer après un petit ding évocateur!
C'est en sautant d'une référence étymologique à une autre, en jouant sur les mots, exercice dont Eve Nuzzo s'est fait une spécialité depuis ses premières créations, qu'elle emmenait avec son acolyte les spectateurs à découvrir 15 peintures du patrimoine européen. On aura, par exemple, apprécié ce détail de la Chapelle Sixtine peint par Michel-Ange (La création d'Adam). Pour les autres, vous serez invités à venir découvrir le spectacle lors d'une prochaine programmation. Pour ceux qui l'auront déjà vu, vous pourrez le revoir car il est fort possible que quelques tableaux vous aient échappé, étant donné la rapidité d'exécution de ces tableaux vivants, les comédiens comptant sur la vivacité d'esprit de leur public.
C'était l'occasion aussi de l'entraîner à quelques réflexions humoristiques sur l'usage parfois erroné de la langue comme ces fameux "omnibuler" ou "rénumérer" ou de le faire sourire en entendant des expressions détournées au profit d'un usage culinaire. Quant aux fromages, ils en ont vu de toutes les couleurs et le dessert "surprise du chef de gare" s'est fait la belle dans des gares bien peu attrayantes!
Après un café où il s'agissait de prendre les choses "par le menu" , le "rideau de faim" est tombé,
avant un petit digestif pour la route ou du moins pour rejoindre le café (l'autre : le Café Lib'!) :
Vous avez trouvé les références picturales? Pour vous aider, le peintre était un Néerlandais du XVIIè siècle.
Après le salut des comédiens,
le public a rejoint le Café Lib' pour déguster des mets, avant de se délecter d'autres mots, faits maison par une adhérente de l'association : une entrée, un plat (un délicieux crumble de légumes avec chutney), servi par une équipe efficace pour une bonne trentaine de personnes, et enfin un dessert, le tout entrecoupé d'interventions théâtrales d'Eve Nuzzo, cette fois seule en scène au milieu des convives.
Après l'entrée,
Laissant quelques instants le public le regarder et s'interroger sur le contenu futur du discours dans cet accoutrement, le personnage a commencé à disserter sur le sentiment que lui inspirait sa vie, prétexte à une réflexion fine, sous des abords humoristiques, sur ce que signifient aujourd'hui la normalité, la réussite, la place du travail, le rapport aux autres, l'amour, la mort et finalement le sens de la vie. D'un débit assez modéré au départ, celui-ci a fini par s'emballer, le personnage semblant suivre le fil de ses pensées et ne plus se préoccuper du public, laissant, par ailleurs, découvrir la performance de la comédienne parvenant à évoquer avec drôlerie en une dizaine de minutes un nombre impressionnant de sujets pourtant d'une certaine profondeur.
On y a perçu aussi quelques allusions autobiographiques de cette artiste de 42 ans ayant fait des études "prestigieuses, non disons, de bonnes études ouvrant sur le monde, sur la vie". En effet, sa venue au théâtre ne s'est pas faite très tôt. Si elle a suivi des cours de danse contemporaine et classique en région parisienne, elle s'est tournée, le bac en poche, vers l'architecture espérant, sans se jeter à l'eau encore, trouver un moyen détourné de cheminer vers l'art en empruntant celui de la scénographie. Finalement, peu satisfaite par ce qu'elle faisait, elle s'est lancée, prenant des cours de théâtre auprès de Denis Lanoy au Théâtre de Nîmes, ville où elle est restée 10 ans jouant dans différentes compagnies. Souhaitant se libérer du jeu des castings et des auditions, elle a pris son envol, en arrivant en Dordogne en 2008, en se mettant à l'écriture et en devenant peut-être, avec déjà 4 spectacles à son actif, ce que le personnage évoque avec une auto-dérision amusante : "des gens qui ont commencé tard mais sont arrivés à de beaux épanouissements et même à des épanouissements plus savoureux parce qu'ils avaient connu la frustration...". En 2011, elle a fondé la Compagnie Les Joies Sauvages à l'occasion de la création du texte dont elle a conçu un livre cité plus haut.
C'est dans cet ouvrage que l'on trouve aussi la dernière forme courte et le 3è portrait de femme proposés pendant ce souper-théâtre : "Pachamama".
Une femme à l'accent russe prête à donner tout l'amour possible à "la pitite personne aux yeux fermés", capable de faire "espérer", "sourire", "réveiller", "dépoussiérer la pitite personne au fond", "faire écouter de ces belles surprises de la vie", donner "la paix", "les bonnes sensations". Ce texte fait découvrir une Eve Nuzzo toujours aussi drôle incitant à savourer les plaisirs de la vie et révélant probablement que l'épanouissement évoqué précédemment n'est pas loin...
Alors, on attend la suite...
Eve Nuzzo nous régalait d'une forme courte de 7 minutes "Une femme bien" extrait de son dernier spectacle Pomme d'Adam.
Vêtue d'une robe moulante, elle expliquait en détail à qui voulait bien l'entendre en quoi elle était une femme bien sous tout rapport. Or, voulant paraître sous un jour très honorable, le personnage se perdait en contrepèteries truculentes révélant les désirs sensuels voire sexuels cachés de cette "femme bien sympathique en c..." ou plutôt "en somme" à l'égard de l'homme à qui elle s'adressait.
Après le plat principal, Eve Nuzzo, perchée sur le comptoir du bar, en maillot de bain d'un autre âge, affublée d'un dossard évoquant un concours auquel le personnage semblait participer (la comédienne laissant aux spectateurs le soin de trouver son intitulé), déclamait "La litanie d'une vie ratée", extrait de son livre intitulé Fragments d'une petite comédienne de campagne.Laissant quelques instants le public le regarder et s'interroger sur le contenu futur du discours dans cet accoutrement, le personnage a commencé à disserter sur le sentiment que lui inspirait sa vie, prétexte à une réflexion fine, sous des abords humoristiques, sur ce que signifient aujourd'hui la normalité, la réussite, la place du travail, le rapport aux autres, l'amour, la mort et finalement le sens de la vie. D'un débit assez modéré au départ, celui-ci a fini par s'emballer, le personnage semblant suivre le fil de ses pensées et ne plus se préoccuper du public, laissant, par ailleurs, découvrir la performance de la comédienne parvenant à évoquer avec drôlerie en une dizaine de minutes un nombre impressionnant de sujets pourtant d'une certaine profondeur.
On y a perçu aussi quelques allusions autobiographiques de cette artiste de 42 ans ayant fait des études "prestigieuses, non disons, de bonnes études ouvrant sur le monde, sur la vie". En effet, sa venue au théâtre ne s'est pas faite très tôt. Si elle a suivi des cours de danse contemporaine et classique en région parisienne, elle s'est tournée, le bac en poche, vers l'architecture espérant, sans se jeter à l'eau encore, trouver un moyen détourné de cheminer vers l'art en empruntant celui de la scénographie. Finalement, peu satisfaite par ce qu'elle faisait, elle s'est lancée, prenant des cours de théâtre auprès de Denis Lanoy au Théâtre de Nîmes, ville où elle est restée 10 ans jouant dans différentes compagnies. Souhaitant se libérer du jeu des castings et des auditions, elle a pris son envol, en arrivant en Dordogne en 2008, en se mettant à l'écriture et en devenant peut-être, avec déjà 4 spectacles à son actif, ce que le personnage évoque avec une auto-dérision amusante : "des gens qui ont commencé tard mais sont arrivés à de beaux épanouissements et même à des épanouissements plus savoureux parce qu'ils avaient connu la frustration...". En 2011, elle a fondé la Compagnie Les Joies Sauvages à l'occasion de la création du texte dont elle a conçu un livre cité plus haut.
C'est dans cet ouvrage que l'on trouve aussi la dernière forme courte et le 3è portrait de femme proposés pendant ce souper-théâtre : "Pachamama".
Une femme à l'accent russe prête à donner tout l'amour possible à "la pitite personne aux yeux fermés", capable de faire "espérer", "sourire", "réveiller", "dépoussiérer la pitite personne au fond", "faire écouter de ces belles surprises de la vie", donner "la paix", "les bonnes sensations". Ce texte fait découvrir une Eve Nuzzo toujours aussi drôle incitant à savourer les plaisirs de la vie et révélant probablement que l'épanouissement évoqué précédemment n'est pas loin...
Alors, on attend la suite...
Pour découvrir ses autres créations, vous en saurez plus en cliquant sur ce lien : http://lesjoiessauvages.com/
Texte et photos : Laura Sansot
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