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27/05/2015

L'ECOLE EN DEBAT AU CAFE REPAIRE DE BOURROU

Le 22 mai, le Café Lib' de Bourrou organisait un café repaire, comme il en existe plus de 150 en France et à l'étranger. L'idée de ces cafés a été lancée en septembre 2005, par Daniel Mermet, à l'époque producteur de l'émission Là bas si j'y suis et aujourd'hui à la tête de l'émission du même nom sur le web, suite à sa déprogrammation de l'antenne de France Inter en juin 2014 http://la-bas.org/.
Comme l'indique les promoteurs du Café Lib', ces repaires sont "lancés dans un esprit d'auto-défense intellectuelle". On se retrouve "pour refaire le monde" à condition que le café soit "ouvert à tous", "pas un club où viennent se convaincre les convaincus" et avec cet atout majeur : "c'est bien plus fort que tous les réseaux sociaux du monde, puisqu'on peut se voir en vrai". Depuis sa création à Bourrou, le 1er repaire datant du 26 septembre, on s'est notamment interrogé, en invitant un intervenant extérieur pour enrichir les discussions, sur des thèmes comme la dépendance ou l'autonomie de la culture vis-à-vis du politique en prenant l'exemple du théâtre dans les années Vichy ou une éventuelle 6è République.

Cette fois-ci, il était question d'éducation : "quelle école pour nos enfants? Comment redonner à l'éducation sa perspective émancipatrice?". La web TV Canal Pourpre était présente pour filmer le débat. https://www.youtube.com/user/canalbergerac

Christine Clamens, ancienne professeur documentaliste, à la retraite était chargée d'animer les débats. Elle était, comme elle l'a regretté, la seule représentante de l'Education Nationale (EN) après le désistement d'une enseignante retenue pour des raisons familiales et une autre pour des raisons médicales. 
Les autres intervenants était Evanie Echard (par ailleurs illustratrice http://evanieechard.ultra-book.com/)  dont l'enfant alterne école à la maison et école Montessori à Bergerac, Ludovic Nittel, qui commercialise le matériel Montessori et se trouve être l'époux de Bérangère Nittel, éducatrice Montessori pour les 3-6 ans, dans l'école qu'ils ont fondée à Bergerac http://www.montessori-bergerac.com/, Gersande Demma, enseignante dans la maternelle de la nouvelle Calendreta de Bergerac, et enfin Isabelle Chauffour qui prépare l'ouverture d'une école alternative chez elle à Lamonzie-Saint Martin à destination des enfants en difficulté scolaire.
de gauche à droite : 
Isabelle Chauffour, Gersande Demma, Christine Clamens, Ludovic Nittel, Evanie Echard

Sans qu'elles aient souhaité être présentes à la table, les deux intervenantes du Village des Enfants de Bourrou ont participé aux échanges : Dominique Proy, enseignante de l'EN en disponibilité (à droite sur la photo), et Magalie Cottron, directrice de l'école (à gauche).
Le tour de table a commencé par Evanie Echard. Pour elle, le choix de l'école à la maison est le "reflet d'un manque de possibilité". "Ce que propose le système public ne nous convient pas". Si l'école Montessori de Bergerac ne s'était pas ouverte, elle aurait continué dans cette voie car elle reproche à l'EN sa façon de s'adresser aux enfants. Elle qui faisait partie, quand elle était élève, de ceux qui voulaient réussir estime que cela n'est "peut-être pas un atout de vouloir à tout prix être le premier" qui fait mal vivre, de ce fait, la place de deuxième! "La pression n'est pas forcément agréable", dit-elle. Elle évoque le côté humain, l'importance accordée au relationnel dans les écoles alternatives, déplore le programme à tenir dans l'Ecole publique, évoque l'anecdote d'un enfant (rencontré lors d'interventions dans l'EN) qui s'était fait pipi dessus car il n'était pas l'heure d'aller aux toilettes et se demandant où se trouvait l'humain. L'animatrice du débat a toutefois tempéré proposant de ne pas généraliser, Evanie Echard reconnaissant qu'elle n'avait que quelques expériences dans l'EN. Elle a ajouté que l'école au domicile était aussi l'occasion de pouvoir profiter de son enfant davantage que les autres parents.
Une personne du public a évoqué son expérience de mère d'élève à Sourzac et sa satisfaction vis-à-vis de la pédagogie mais a reconnu qu'avec 28 enfants dans la classe, on ne faisait pas la même chose. Malgré la volonté des enseignantes de développer l'autonomie des enfants, il pouvait y avoir des "clashs". Evanie a renchérit sur le nombre trop important d'enfants, sur le programme strict à tenir. Ludovic Nittel est alors intervenu pour expliquer que les "objectifs" entre l'EN et les écoles alternatives étaient "les mêmes" mais les "moyens complètement différents". Pour lui, "l'EN souffre d'un problème structurel (...), les bonnes volontés sont assez découragées". Il se réfère aux programmes qui changent, considère que le nombre de personnels administratifs en comparaison du nombre d'élèves relève d'un déséquilibre : 12 à 13 millions d'élèves et 1,3 millions de personnels, "ratio qui doit faire peur" a dit-il déclaré. On objectera (même si personne dans le public ne l'a fait) que les personnels toutes professions confondues sont 1,03 millions (dont 839 700 enseignants) sachant que les personnels administratifs de l'administration académique et centrale ne sont que 23 500! http://www.education.gouv.fr/cid57111/l-education-nationale-en-chiffres.html Pour Ludovic Nittel, il y a "une réelle nécessité d'avoir des écoles alternatives (...). Le lobby de l'EN est très fort, celle-ci est "très difficile à réformer". En revanche, il a fait allusion à des pays comme l'Italie, l'Espagne où l'on a encouragé le développement de ces écoles. "On a besoin de liberté pédagogique". Christine Clamens a alors abordé la question du coût de la scolarité qui, pour l'intervenant, est un "faux débat". "Ce n'est pas les plus aisés que l'on voit même si pour d'autres, c'est un réel problème", a-t-il répondu. L'animatrice a poursuivi ses questions :  "Pourquoi y a-t-il ces écoles sous contrat et d'autres non?". Dans les écoles sous contrat, Ludovic Nittel explique que les enseignants sont "payés par l'Etat mais ils perdent la liberté pédagogique", ce qui a fait réagir Christine Clamens considérant qu'elle en avait une en enseignant dans l'EN. Pour Ludovic Nittel, les élèves sont confrontés à différentes méthodes d'une année à l'autre, sont obligés de suivre ce qu'on leur impose. Pour Christine Clamens, c'est surtout une question de personne, évoquant une enseignante de ses propres enfants lorsque ceux-ci étaient en âge d'être scolarisés qui faisait un travail formidable dans l'Ecole Publique. L'intervenant considère que dans l'EN, "le postulat de départ est mal posé". En revanche, dans une école alternative, "l'enfant est au centre du débat". Revenant sur des considérations financières, Christine Clamens s'est demandé quel était le nombre minimal d'enfants pour qu'une école alternative soit viable : "une éducatrice et une assistante payées un peu plus qu'au SMIC doivent accueillir une quinzaine d'enfants mais cela dépend du poids du loyer, de la demande", s'est-elle vu répondre. En effet, Maria Montessori pouvait accueillir jusqu'à 35 élèves par classe. "Quelle différence avec l'EN alors?", s'est demandé un homme du public se souvenant de la critique du nombre précédemment évoquée. Ludovic Nittel a rappelé que, dans les école alternatives, on ne distinguait pas les enfants par section et qu'il n'y avait pas de pression pour tenir le programme, qu'ils se "développ[aient] à leur rythme". "On ne peut pas imposer qu'à tel âge, on puisse faire telle chose".  
Christine Clamens a sollicité l'avis des intervenants sur ce problème dont on entend souvent parler, celui de ces 30% d'élèves qui entreraient au collège sans savoir lire.  
Pour la directrice du Village des enfants, Magalie Cottron, "pour apprendre à lire, il faut avoir envie". Elle ajoute : "on parle de compétence, de pédagogie mais il faut surtout que l'enfant puisse être bien, bien avec son entourage". Elle a alors parlé de son expérience à Bourrou dans l'école ouverte en septembre 2014 qui accueille 10 élèves de 4 à 8 ans. C'est une école privée hors contrat qui coûte 200 euros par mois sur 12 mois. Un très petit salaire est dégagé pour l'enseignante et tous les parents fonctionnent sur du bénévolat. Cette création est le fruit d'une rencontre entre 2 personnes et des parents qui faisaient l'école à la maison. Pour elle, il y a autant d'école qu'il y a d'individus, de parents. La "'grande mission des adultes", comme l'approuve l'enseignante de cette école, Dominique Proy, c'est de "lâcher ses attentes" du point de vue des adultes, "ne pas vouloir pour l'enfant", ce qui fait dire à Ludovic Nittel : il faut "mettre l'enfant au centre". Un débat s'est engagé sur l'importance de la cohérence de l'adulte avec lui-même pour que l'enfant l'ait aussi. Cette considération n'avait rien avoir avec le débat concernant le public et le privé, a souligné Christine Clamens, même si Evanie Echard a donné l'exemple d'une enseignante du public au comportement "hystérique" qu'elle avait rencontrée. Elle estimait que les personnels enseignants devaient travailler sur eux-mêmes car ce comportement ne pouvait se produire au quotidien. L'animatrice s'est alors permise d'exprimer son sentiment sur les débats en estimant que "tout cela était très individualiste, pas très politique". Elle s'est demandé si l'on ne devait pas changer l'école pour tout le monde. "J'ai peur que l'on fasse quelque chose dans son coin" et a revendiqué "un peu de collectif". Une personne du public a confié que pour lui, "l'objectif [était] le même car qu'avait-on envie de transmettre? Lire écrire, compter". Pour Ludovic Nittel, l'acquisition d'un socle de connaissances passe par l'estime de soi qu'a construit l'enfant. Cela lui permet ensuite de développer une très grande autonomie.
Christine Clamens a ensuite passé la parole à Gersande Demma s'interrogeant sur le fait que l'on veuille apprendre à des enfants une langue que plus beaucoup de personnes parlent aujourd'hui.
Pour elle, "défendre cette langue, c'est défendre ses origines, c'est un patrimoine immatériel qui est inestimable". Elle insiste : "pour être bien, il faut connaître ses racines, ainsi, l'arbre peut s'ouvrir". Sinon, cela "donne un individu flottant". Elle rappelle l'oppression qu'ont subie cette langue et ses locuteurs. Aujourd'hui, on a la chance de pouvoir la retrouver car "derrière cette langue, il y a qui l'on est, il y a une histoire, la compréhension de nos régions, des noms de famille..." Aujourd'hui, la Calendreta de Bergerac compte 11 enfants contre 5 à la rentrée 2014. Tous les enfants ne viennent pas de familles bilingues mais quand elles le sont, cela crée un lien familial supplémentaire notamment avec les grands ou arrière-grands-parents. Les valeurs familiales sont ainsi développées. Christine Clamens a interrogé Gersande sur sa connaissance de la langue, celle-ci reconnaissant qu'elle l'avait apprise récemment au contact d'un Ariégeois. Elle qui a longtemps vécu à l'étranger (son parcours passionnant est retracé sur ce lien : http://escolabrageirac.canalblog.com/archives/2014/10/06/30718420.html ) ne s'est pas sentie très bien en France mais les choses ont changé quand elle a appris la langue occitane découvrant la société traditionnelle qu'elle véhiculait. A Toulouse où elle l'a connue, elle y est très vivante.
En Aquitaine, 536 enfants sont scolarisés dans les calendretas. http://www.calandreta.org/Nouvelle-traduction-20-Objectif.html Souvent, ces écoles offrent une pédagogie alternative. Grâce à des petits effectifs, les suivis sont individualisés. Pour de ce qui est de la calendreta de Bergerac, elle est associative et peu onéreuse : une cotisation de 5 euros par an et 15 euros par mois. Gersande est payée par l'EN puisque l'école est sous contrat, tout en étant chapeautée par la Fédération de ces écoles qui est indépendante de l'EN. L'association de Philippe Manet ("Los amics de la lenga d'òc") a émis la volonté d'ouvrir une école à Bergerac qui fonctionnera avec le centre de Béziers (Aprene http://www.aprene.org/fr) et non avec une ESPE locale (Ecole Supérieure du professorat et de l'Education). C'est là où l'enseignante pourra obtenir le diplôme. En sortant de la formation, elle deviendra titulaire comme tous les professeurs des écoles de l'EN.
Ludovic Nittel considère que les parents sont doublements pénalisés quand ils mettent leur enfant dans une école alternative car ils paient l'école et paient des impôts qui financent l'EN. Or, explique-t-il, dans beaucoup de pays qui soutiennent les écoles alternatives, il existe des chèques éducation qui permettent aux parents de faire le choix de leur école. Toutefois, ces chèques éducation ont été, rappelons-le même si cela n'a pas été dit dans le débat, largement défendu par Milton Friedman, un des ardents défenseurs du libéralisme, dans Capitalisme et liberté (1962).
Revenant sur les écoles occitanes, Gersande poursuit sa présentation de leur fonctionnement. En maternelle, les enfants sont en totale immersion, sauf l'assistante maternelle qui parle en français. A partir du CP, on introduit le français puisqu'il s'agit à la fin du primaire d'être parfaitement bilingue. Il est prévu qu'une classe de CP ouvre l'année prochaine puis le CE1 l'année suivante et ainsi de suite jusqu'au CM2. L'intérêt du bilinguisme est l'habitude prise par les enfants d'une gymnastique d'esprit dont on observe les très bonnes retombées notamment en mathématiques.
 Calandreta
Christine Clamens passe ensuite la parole à Isabelle Chauffour, assise à la droite de Gersande Demma. Cette femme qui, entre autres, a fait de la formation, a travaillé dans le social, souhaite monter, chez elle à Lamonzie Saint Martin, une "école" (elle ne sait pas encore si le terme sera employé) pour enfants de niveau primaire en difficulté scolaire mais pas bilingue, contrairement à ce qui a été écrit dans un article paru récemment dans le Démocrate Indépendant (Bergerac), a-t-elle rectifié. http://www.ledemocratedebergerac.fr/2015/04/27/lamonzie-saint-martin-une-nouvelle-ecole-des-la-rentree/
Elle évoque une structure très souple (cours particuliers, cours collectifs, stages....) où il n'y aura pas d'étiquettes données aux enfants, comme il arrive souvent dans le système classique, et où durant une année, ils pourront retrouver leurs fondamentaux. Elle envisage même d'accueillir des enseignants en souffrance qui se sentent seuls dans leur pratique.
Face aux interrogations de Christine Clamens sur la faisabilité du projet, Isabelle Chauffour considère qu'elle a une maison suffisamment grande pour l'accueillir et que le travail se concentrera surtout sur la confiance perdue de ces enfants. Il s'agira, en lien avec les parents, de les aider à faire ce travail sur eux. "Qu'ils se sentent bien", "regonflés", telle est son ambition, faisant dire à l'animatrice qu'il s'agirait, en quelque sorte, d'une "école thérapeutique" ou de "la seconde chance". Toutefois, quand un membre du public s'est demandé qui pouvait déterminer que tel enfant était en souffrance, Isabelle Chauffour a estimé que la parole des parents, les comportements des enfants et le parcours chez les différents professionnels (psychologues, neuropsychiatres...) seraient suffisants pour le dire. Tous les enfants accueillis ne seraient pas nécessairement déscolarisés, certains pouvant venir pendant les vacances scolaires.
Une question de la salle est revenue sur le thème du financement, Ludovic Nittel insistant sur le fait que les écoles publiques sont payantes car elles coûtent à la société. Souvent, on fait culpabiliser les écoles alternatives alors que les écoles privées ne sont pas gratuites. Ce point a conduit à s'interroger sur la mixité sociale dans ces écoles. Il a été défendue l'idée d'un choix militant, évoqué même (et étonnement) des parents aux RSA. Même si Ludovic Nittel a mis face à face les chiffres du coût de la scolarité dans une école privée (350 euros) et dans une école publique (550 euros), une femme du public s'est, malgré tout, indignée de ce positionnement en faveur du privé. Elle se référait à son expérience personnelle quand ses enfants étaient scolarisés en ZEP et défendait plutôt l'idée d'être partie prenante de l'école publique et de la transformer de l'intérieur plutôt qu'agir de façon individuelle, dans un "chacun pour soi" très marqué. Ludovic Nittel a repris la parole présentant les écoles alternatives comme un droit et un besoin en ayant pour preuve les nombreux parents qui enlevaient leurs enfants de l'école publique. Cet argument a été contesté par une personne de l'assistance constatant que les enfants des milieux les plus défavorisés étaient probablement ceux qui avaient le plus besoin de ces pédagogies différentes et n'y avaient pas accès. Que faisait-on pour eux? Un des tenants des écoles alternatives a expliqué que le discours différent devait effectivement être relayé à la maison, sinon les enfants pouvaient se sentir écartelés entre les univers scolaire et familial et que cela commençait par un travail sur soi des parents. Une personne du public a déploré la non prise en compte par des autorités des l'EN d'une méthode de travail d'une enseignante du public ayant produit des résultats époustouflants dans une maternelle (dont elle n'a pas cité l'implantation), expérimentation qui, en revanche, aurait été valorisée dans les écoles alternatives. Il faudrait alors se donner les moyens d'un grand changement dans l'école, a lancé Christine Clamens, pour qui tout est allé mal quand les parents sont entrés dans l'école. Une personne du public estime que l'"on ne peut pas mettre des enfants dans des bulles". Une autre remarque que les parents sont de moins en moins impliqués au fur et à mesure que les enfants avancent dans leur scolarité. L'implication des parents est difficile. Il y a comme un renoncement. En même temps, l'EN prend en charge ce qui devrait être assumé par les familles. Une femme témoigne de la mauvaise expérience vécue à l'école publique par son enfant souvent puni sur "le banc des vilains". Devant le refus d'une école alternative d'accueillir son enfant dont on ne saura pas les causes exactes, elle a choisi de faire l'école à la maison, même si elle reconnaît qu'il est difficile d'être avec son enfant 24h sur 24h, celui-ci réclamant d'ailleurs une école alternative. Isabelle Chauffour s'est insurgée contre la stigmatisation de cet élève et contre une EN qui voudrait avoir uniquement des enfants qui fonctionnent bien. Le débat s'est orienté vers la prise en charge des enfants autistes que la directrice et l'enseignante de l'école de Bourrou ne peuvent assumer faute d'assistante de vie scolaire (AVS). Pour Isabelle Chauffour, une pédagogie alternative est suffisante pour cela, ce qui n'a pas manqué de susciter quelques remous chez des intervenants et l'animatrice mais aussi dans le public. 
Maria Montessori  


photo extraite de : http://jardindescapucines.com/jardindescapucines-mariamontessori-ecole-essonne-maria.html
Evanie Ecchard  est revenue sur son expérience et s'est dite passionnée par la pédagogie Montessori allant rencontrer plusieurs fois les enseignants avant de se décider à mettre son enfant dans cette école. Pour elle, dans les écoles publiques, on dépose les enfants et l'on intervient plus, il y a une frontière opaque. Dans l'école de son enfant, il y a une connaissance de l'adulte à qui elle le confie, un aspect humain plus fort. Christine Clamens, en revanche, se rappelant de la scolarité de ses enfants, a défendu l'importance que les enfants aient leur vie à eux qu'ils étaient libres ou non de raconter le soir en rentrant. "On a l'impression que, pour vous,  l'école est un monstre épouvantable. Vous protégez beaucoup vos enfants", s'est-elle inquiétée. Un père dont l'enfant est scolarisé à la maison a reconnu vouloir ainsi en effet protéger son enfant. Une femme explique qu'elle ne s'est pas sentie "la capacité relationnelle" de pouvoir assumer cette éducation au domicile et a cité l'exemple d'un ami dont l'enfant réclamait d'intégrer l'école, demande qui pour ces enfants semble émerger au fur et à mesure que la scolarité avance, en collège ou lycée. 
Gersande Demma a soutenu l'importance de construire un lien fort entre parents et enseignants pour que l'enfant se sente bien. La question de la personnalité reste toutefois primordiale. Christine Clamens se souvient ne s'être jamais interdit de parler directement aux enseignants. Ce sont les fédérations de parents qui ont fait du mal à l'école, selon elle. Pour une personne du public, la force des fédérations réside dans les valeurs partagées qui créent de la cohérence. Une autre revient sur le fait que tout dépend de la personne qui enseigne, se rappelant d'une enseignante très ferme avec les élèves mais qui obtenait de très bons résultats, tout en reconnaissant que l'on ne choisit pas les enseignants dans le public. 
Pour clôturer le débat, la parole est allée à Philippe Manet reprenant le nom d'un village évoqué pendant l'échange, celui de Lembras qui serait issu d'un nom occitan tandis que la calendreta aurait le double sens de petite alouette (qui fait le printemps de la langue) mais aussi d'apprenti.

L'absence des deux représentantes de l'EN en activité invitées s'est fait réellement sentir lors de ce café repaire. Elles auraient pu aborder notamment l'évolution actuelle de l'EN vers une dimension utilitariste (efficacité productive au détriment d'une dimension émancipatrice et égalitaire) et sa marche vers la privatisation, éléments politiques (parmi d'autres) de compréhension des dysfonctionnements vécus par certains parents et enseignants devenus promoteurs des écoles alternatives mais restés, semble-t-il, à une analyse trop personnelle, individualiste voire anecdotique de la situation. 

Après ce débat qui a suscité quelques échanges et  incité quelques membres du public à consulter la table de livres à vendre proposés sur le thème de la soirée,
le café lib' proposait à ses adhérents le partage de plats que chacun avait amenés. 
Vidéo de Canal Poupre sur le Café repaire











  


Texte et photos : Laura Sansot

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