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19/10/2016

SAINT-LEON-SUR-L'ISLE ET LE COLLECTIF STOP TAFTA S'ASSOCIENT POUR DIRE NON AUX TRAITES DE LIBRE ECHANGE

Le 15 octobre a eu lieu en France et en Espagne une journée d'actions contre les accords transatlantiques, le Tafta* et le Ceta**.
Alors que 5000 personnes ont défilé à Paris, une bonne centaine de personnes (plus de 200 selon la Dordogne Libre) se sont rassemblées à Saint-Léon-sur-l'Isle, une commune dont le conseil municipal a décidé le 24 novembre 2014 de la déclarer en zone hors grand marché transatlantique https://www.collectifstoptafta.org/IMG/pdf/saint_leon.pdf. Le maire, Jean-Luc Laforce, membre du PCF, qui a ouvert le rassemblement, a expliqué les motifs de cette décision qui s'est matérialisée par la pose de panneaux "hors tafta" aux 4 entrées de la commune.

Ce traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe a "pour objet de créer le plus vaste marché du monde couvrant 50% du PIB mondial". Or, "les réunions préparatoires et les négociations sont dirigées quasi exclusivement par les multinationales". Et ce qu'elles veulent, c'est pouvoir faire du commerce sans entraves. Par conséquent, les règlementations sont leurs bêtes noires et elles souhaitent donc que les normes soient abaissées pour assurer leurs profits. Le maire a cité "les normes sanitaires pour l'alimentation et la sécurité", évoquant la possibilité de voir arriver sur notre territoire le "boeuf aux hormones" ou le "poulet chloré". L'industrie américaine voudrait que la labellisation OGM et les normes de traçabilité soient supprimées. Si le traité est appliqué, il aura aussi un impact sur les normes environnementales et la protection des données numériques personnelles. Les entreprises étrangères pourront avoir un accès aux marchés publics.
L'élu a fait référence aux "tribunaux arbitraux privés" qui donneront "le pouvoir aux multinationales d'attaquer les collectivités publiques pour ce qui, selon elles, pourra entraver leur activité". Il a conclu que les gagnants seraient "les grands groupes et la finance" et les perdants "la planète et les peuples".
Quant au Ceta, il est un cheval de Troie du Tafta, comme la petite représentation théâtrale qui a suivi les deux prises de parole, l'a mis en scène. Une fois le Ceta adopté, il permettra de faire revenir le Tafta par la fenêtre. En effet, ce traité concerne l'Europe et le Canada, pays où sont implantés 80% des sièges des multinationales américaines, comme l'a indiqué ensuite Maryse Maunoury pour le collectif Stop-Tafta.
Le maire de cette commune rurale de 2077 habitants a mis en lumière les risques que faisait courir ce traité sur l'agriculture notamment : il privilégiera une agriculture industrielle "en contraignant à réduire toujours plus les coûts de production et à affaiblir les normes sociales et environnementales" au détriment d'"une agriculture locale, rémunératrice et respectueuse de l'environnement".
Le maire a conclu son intervention sur une note d'espoir : des citoyens se mobilisaient. 3,2 millions d'Européens ont signé une pétition pour réclamer l'arrêt des négociations et de nombreuses collectivités se sont déclarées zone hors Tafta (une trentaine en Dordogne dont des communes, l'agglomération du Grand Périgueux, l'Agglomération de Bergerac, la chambre d'agriculture et le Conseil Départemental) contraignant la France à demander l'arrêt des négociations.
Il ne fallait "pas relâcher la pression et continuer à [se] mobiliser jusqu'à l'abandon définitive de celles-ci [ndlr les négociations]". Toutefois, la commission Affaires européennes à l'Assemblée Nationale a rejeté "une résolution présentée par les communistes et soutenue par les écologistes" (a rappelé Jean-Luc Laforce) appelant la France à s'opposer à l'application anticipée du Ceta. http://www.euractiv.fr/section/innovation-entreprises/news/les-deputes-renoncent-a-enterrer-le-ceta/ En effet, il est prévu de mettre en vigueur le traité sans attendre le vote des parlements nationaux. En aparté, l'élu a estimé que "la volonté de mettre en place le traité avant le vote, montr[ait] qu'une course de vitesse s'engage[ait] entre les opposants et les participants". Cependant, il  constatait qu'"une brèche" était "ouverte " avec le rejet du traité par le parlement de la Wallonie. Le gouvernement belge devrait en tenir compte. Sur un plan local, il se disait "satisfait de la mobilisation de la population", parlait d'"une réussite compte tenu du fait que beaucoup d'habitants avaient répondu présents". Cette manifestation autour de la pose des panneaux coïncidait avec cette journée anti-Tafta. Le collectif, plutôt que participer à une manifestation régionale, avait préféré s'associer à cette commune rurale, s'inscrire "dans le local", ce qui avait une portée "symbolique", comme l'a expliqué Maryse Maunoury, après son intervention.
 
Cette dernière a souligné la similitude des deux traités et le mensonge qui les entouraient. La "démocratie" était "bafouée". Le fait de vouloir mettre en application le Ceta sans le faire ratifier par les parlements était un "abus de pouvoir". Or, les ministres européens du commerce se réunissaient le 18 octobre au Luxembourg pour décider de sa signature et il serait difficile de revenir dessus une fois signé, même sans l'accord des parlements. La France y était très favorable avec un porte-parole zélé en la personne du secrétaire d'Etat au commerce, Matthias Fekl (auparavant député socialiste du Lot-et-Garonne), à qui tous les citoyens étaient invités à s'adresser par l'intermédiaire d'une lettre ouverte. Des documents étaient d'ailleurs à disposition pour sensibiliser les manifestants, les inciter à signer des pétitions et interpeller le secrétaire d'Etat.
 
Pour donner un côté festif au rassemblement que l'on pouvait observer depuis la nationale 89 en bordure de laquelle il était organisé, les membres du collectif Stop Tafta avaient ressorti leurs habits de scène découverts lors de la manifestation festive du 18 avril 2015 http://artpericite.blogspot.fr/2015/04/manifestation-festive-du-collectif-stop.html
Une petite pièce intitulée "Ceta, le cheval de Troie du Tafta" mettait en scène l'Europe et le Canada, protagonistes du Ceta
mais aussi Jean-Claude Junker, président de la commission européenne.
 
Un personnage symbolisait le poids des multinationales et soulignait avec contentement la possibilité qu'avait permis l'Alena, le traité entre les Etats-Unis et le Mexique, déjà mis en place il y a 20 ans, d'écouler tous les produits bas de gamme (poulets à l'eau de javel, porcs à la ractopamine...) produits aux Etats-Unis.
Les animaux et le diable se réjouissaient de ce que le Ceta et le Tafta allaient réaliser en Europe : privatisation croissante des services publics, suppression des protections sociales et environnementales...
 
Etait abordée (quoiqu'un peu rapidement) la question de la coopération réglementaire qui permettrait  aux multinationales de co-écrire les lois avec le législateur. Ainsi, si l'Europe voulait interdire les perturbateurs endocriniens dans les biberons, elle devrait le faire avec les multinationales fabriquant ces mêmes molécules qui évidemment le refuseraient. L'intérêt de la mise en scène était d'insister sur la manoeuvre politique consistant à faire croire que le Tafta était mort alors que le Ceta était le moyen de le faire entrer en Europe. Enfin, les spectateurs étaient mis à contribution pour dire non aux deux traités.
La douceur voire la chaleur du soleil automnal incitaient les membres du collectif et les citoyens à prolonger le rassemblement.
Ils se retrouveront sûrement pour une nouvelle action le 20 octobre à Périgueux, cette fois pour dire oui à une initiative originale, celle du tout jeune mouvement inter-générationnel#les jours heureux qui, depuis le 7 octobre, marche depuis Oloron en direction de la capitale qu'il rejoindra le 5 novembre. Il souhaite actualiser le programme "Les jours heureux" du Conseil National de la Résistance aux enjeux d'aujourd'hui, grâce à une grande consultation citoyenne. Il publiera le 2 novembre un livre Et nous vivrons des jours heureux, fruit de la collaboration de 100 auteurs afin de soumettre 120 propositions aux candidats de l'élection présidentielle.
Il fait étape chaque jour dans une ville. A Périgueux, au Centre départemental de la communication, il est prévu dès 19h un repas du type auberge espagnole puis à partir de 20h30 la projection d'une vidéo, la présentation du projet et un échange avec le public avant un départ le lendemain à 8h30 devant l'ancienne mairie de Périgueux en direction de La Chapelle Faucher.
https://www.facebook.com/events/1784515261818028/
http://lesjoursheureuxlepacte.fr/marche

L'actualité du collectif Stop Tafta est à retrouver sur le site :  http://local.attac.org/attac24/

*Trans Atlantic Free Trade Agreement
**Comprehensive Economic Trade Agreement

Texte et photos : Laura Sansot

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