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22/07/2015

LES SOVIET SUPREM AU FESTIVAL DES GUITARES VERTES

Le festival itinérant Les Guitares vertes existent depuis 2004. Chaque année, un thème autour de la guitare est choisi. En 2015, c'est le thème de la liberté qui a été retenu "pour rappeler", comme l'a indiqué le présentateur de la soirée, "que la chanson a toujours été un vecteur de liberté". Les organisateurs expliquent que la guitare "est le chemin par lequel ils ont choisi d'inviter à la rencontre de l'autre".
http://www.guitaresvertes.fr/index.php?option=com_content&view=featured&Itemid=435

Au fur et à mesure des années, la fréquentation augmente et pour le concert du 13 juillet, il y avait foule. 621 entrées ont été enregistrées, un chiffre proche de la plus belle fréquentation de 2015, celle pour le concert des Hurlements d'Léo qui chantaient Mano Solo avec 650 entrées.
Le festival bénéficie du soutien du département, de la région et de la communauté de communes de Jumilhac, ce qui permet de proposer des places à un coût modique (10 euros plein tarif) alors que ce prix ne représente que 30% du coût total de chaque place!

Le concert du 13 juillet se déroulait sur la place de Saint Jory de Chalais. En première partie, était invité David Carroll, un musicien-chanteur né en Irlande en 1972 d'un père américain venu vivre en Europe pour échapper au recrutement pour la guerre du Vietnam et d'une mère dont les parents étaient tchèques et juifs. Il a grandi dans la banlieue est de Paris et vit aujourd'hui à Bordeaux. Après une formation classique (trompette), il écrit ses premières chansons à l'adolescence puis fait de la musique électronique avant de sortir un premier album folk-rock dont il a composé les chansons The Guest. https://www.facebook.com/Davidcarrollmusic/info?tab=page_info En 2014, il a sorti son 2è album Songs of love and protest.
Son art est influencé par la Protest Song américaine (entre autres Bob Dylan et le père spirituel de celui-ci, Woody Guthrie, dont il a chanté l'une des chansons, All You facists are bound to lose, et qui paraîtra sur le prochain disque à l'automne 2015), la musique traditionnelle irlandaise mais aussi par sa culture techno, house et hip hop (il prend des accents à la fois country et rap quand il chante Lucy tiré de son premier album). Il intègre le tout sur du songwriting Folk Blues. Il jouait de la guitare, de l'harmonica, ce lundi 13 juillet, accompagné par Samuel Tardien à la contrebasse, avec lequel et d'autres encore, absents ce soir-là, il forme le groupe The Migrating Fellows
Pour lui, "il s'agit ni plus ni moins, de tenter de continuer, modestement,  l'entreprise de rénovation perpétuelle de la tradition folk en faisant vivre des musiques simples avec des sons de [s]on temps". Quant au contenu de ses chansons, il est engagé et son auteur n'a pas peur de le dire : "je tiens à entretenir l'engagement politique dans mon expression". On a ainsi entendu Wall Sreet is burning  http://davidcarroll.tumblr.com/lyrics#wall%20street%20is%20burning ou Free, issus de son dernier album. Il estime aussi avoir un rôle social en incitant les gens à les faire sortir de chez eux : "on est là pour créer quelque chose de collectif et que chacun le ramène chez lui et fasse son bout de chemin personnel avec". Il explique d'ailleurs que ce rôle social est bien plus développé dans les pays où il existe "un vrai ancrage de musique traditionnelle populaire" (Irlande, pays d'Afrique).

Après cette belle découverte, le groupe phare de la soirée Soviet Suprem faisait son entrée de façon tonitruante. Si le groupe précédent puisait une part de ses sources dans la musique traditionnelle, folk et country, il laissait place à un groupe très déjanté pour une musique explosive essentiellement axée sur du rock, hip hop et électro avec les décibels montées au maximum! 
Plus de 20 ans après la chute du Mur de Berlin, en 2013, les parisiens R-Wan du groupe Java 
et Toma Feterman du groupe La caravane passe participent à des soirées de musiques balkaniques. 





















Forts de leur succès, ils décident de former un groupe Soviet Suprem qui mélange musique de l'Est de l'Europe et Hip-Hop mais avec pour objectif de "soviétiser le dance-floor" et détourner au quinzième degré toute l'imagerie et les clichés de l'URSS.
"Alors que la capitale ne jure plus que par l’ouest, biberonnant sa jeunesse à la culture « yankee »" et que "la musique mondialisée n'est plus qu'une soupe insipide qui martèle nos esgourdes à base de boom boom et de slogans bling-bling" http://www.sovietsuprem.com/politburo/, les deux deux musiciens-chanteurs, se présentant comme John Lénine (Toma Feterman) et Sylvester Staline (R-Wan) accompagnés de DJ Croute Chef, ont décidé de prendre la tangente et de et de partir à la conquête de l’est pour vivre leur « balkanican dream ». 
Ils ont sorti en septembre 2014 un album, après un EP de 4 titres en janvier, sous un titre évocateur L'Internationale avec la volonté de "créer le grand désordre mondial". "Unissons-nous", a-t-on entendu dire pendant le concert, "pour envahir l'Amérique (...) Camarades, l'heure est grave, le fascisme est à nos portes, le capital nous gangrène, chaque jour, nous avançons vers le chaos et vous restez-là les bras ballants?", s'est interrogé l'un des artistes d'un air faussement dictatorial.
 
Si, durant le concert, le show et la musique à la sauce bolchevique ont semblé prendre le pas sur les textes des chansons, à y regarder de près, on est emballé par la manière dont les mots se répondent comme dans Ruiné comme Athènes https://www.youtube.com/watch?v=EWyQgoYRe2Q&list=PLF6-3KZ9qc5z0LOOj2xZ6q9zhHiRO8I3S, Bolchoï, Eastern Western  ou cette chanson au titre énigmatique Rongrakatikatong que les auteurs s'amusent à traduire par "je t'aime au rythme de mon coeur qui bat" ou "je vais t'arracher le coeur avec les dents". C'est un hymne aux femmes sachant dire non aux hommes qui les dominent, occasion, en guise d'introduction à la chanson, de saluer les femmens. On a souri aussi en apprenant que le 1/4 heure américain pouvait être remplacé par un Slow slavic.
Certes, il y a cet humour et ce coté très festif et très gai, à l'image de la chanson Soviet Suprem party dont on appréciera, au passage, le clip https://www.youtube.com/watch?v=BHBaKevPYnM, qui a fait danser le public plutôt jeune et alternatif, le 13 juillet, 
invité (sous peine de goulag!) à bouger de gauche à gauche (il va sans dire) et à donner la main à son camarade pour pogotter, 
les musiciens étant prêt à tout pour créer de l'ambiance, comme à se jeter dans la foule. 
Au son du Raspoutine Orchestre Tsar, ils ont même fait monter deux jeunes gens du public affublés du titre de pionniers et rebaptisés de prénoms slaves, Natacha et Igor, vivement incités à partager une petit verre cul sec,
mais aussi tout un groupe de filles pour participer au spectacle directement sur scène, visiblement à leur grand bonheur.
 
 
Mais il y a aussi le souhait de susciter la réflexion et sortir du manichéisme entre un système soviétique présenté comme mauvais et un système libéral présenté comme bon. "Le but n'est pas de faire l'apologie du système soviétique mais d'ouvrir un débat. Aujourd'hui, il n'y a plus de débat d'idées mais un débat d'émotions" confiaient les artistes au journal La Provence en 2014.
Pour clôturer le concert, nos joyeux drilles sentant que l'heure de partager un verre autour du "stand de propagande" n'était pas loin, ont entonné, sponsorisés par "Air Marx" la chanson Rideau de fer (qui résonnait avec une autre chanson à boire du concert  Sexe, accordéon et vodka) avant un clin d'oeil à une collaboration introductive, celle du 3è album de La Caravane passe "Ahora in Da Future" pour un titre Zinzin Moretto et une salutation finale.
Leurs prochaines dates sont à retrouver sur ce lien : http://www.sovietsuprem.com/koncerts/

Texte et photos : Laura Sansot

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